Le maire de Paris Bertrand Delanoë annonce ce lundi l’octroi d’une «subvention exceptionnelle» au Samu social de Paris afin de permettre l'hébergement d'une «centaine de familles» qui, faute de mieux, ont trouvé refuge dans les services d'urgence des hôpitaux parisiens, «pour tenter d’endiguer cette crise humanitaire».
«La situation des sans abri à Paris et en Ile-de-France est aujourd’hui insupportable», écrit Bertrand Delanoë dans un communiqué diffusé sur le site Internet de la Ville.
Le maire rappelle que l’Etat a «l’obligation légale d’accueillir inconditionnellement toute personne sans solution d’hébergement» et estime que le gouvernement «s’est rendu responsable de cette crise en réduisant considérablement le budget du Samu Social et en décidant la suppression de 5000 nuitées hôtelières par jour dédiées aux familles sans abri en Ile-de-France», menant ainsi notamment à la fin de l’accueil des femmes à Paris.
C’est cette situation qui avait poussé Xavier Emmanuelli à annoncer sa démission de l’institution qu’il avait lui-même contribué à créer en 1993.
Ainsi, un grand nombre de familles, estimé entre 100 et 110, ont dû se réfugier dans les services d’urgence des hôpitaux parisiens «qui sont aujourd’hui saturés».
Selon Bertrand Delanoë, «le gouvernement […] refuse de rétablir les crédits nécessaires au bon fonctionnement du Samu Social» Le maire rappelle la proposition abracadabrantesque du secrétaire d’Etat en charge du logement, selon laquelle l’Etat n’offrirait des possibilités d’accueil qu’à la fin de l’année.
Devant «cette attitude irresponsable et cynique» qui «met en danger des femmes, des hommes et des enfants en situation de grande précarité avec le risque de reconstitution de campements indignes», il a «décidé d'allouer au Samu Social une subvention exceptionnelle permettant de financer la mise à l’abri humanitaire immédiate de la centaine de familles réfugiées dans les services d’urgence des hôpitaux.»
Le communiqué précise que ce dispositif exceptionnel s’étendra sur deux mois, «le temps que la solution pérenne annoncée par M. Apparu soit effectivement mise en œuvre», et que la Ville se montrera vigilante quant au respect de la promesse gouvernementale.
Si «la Ville de Paris ne devrait pas avoir à se substituer à l’Etat», Bertrand Delanoë considère qu’il «est du devoir de notre collectivité de répondre à ces situations humaines tragiques, et de venir en aide à ces familles abandonnées» et «demande une nouvelle fois, avec solennité, au gouvernement de rétablir immédiatement les crédits nécessaires au bon fonctionnement du Samu Social» parce que, insiste-t-il, «il y a urgence».
Le montant de cette subvention n'est toutefois pas encore connu, et la Ville s’engage à donner au Samu social «les moyens de poursuivre son action» en attendant qu’il présente la facture en septembre…
Le communiqué de Bertrand Delanoë ne fait pas état des étrangers, et notamment des migrants tunisiens arrivés ces derniers mois dans la Capitale. Face à la «catastrophe humanitaire qui nous pend au nez», le coordinateur des actions opérationnelles à la mission SDF de la Ville de Paris, M. Dominique Bordin, a fait la nuit dernière une visite surprise rue Botzaris, dans le 19e arrondissement de Paris.
Fabien Abitbol, photo: un camion du Samu social de Paris rue Botzaris, arrivant devant le bâtiment dont ont été délogés le 16 juin des migrants tunisiens. Cet immeuble est devenu depuis une «annexe» de l'Ambassade de Tunisie (capture d'écran, d'après un film de Hamza Abid, juillet 2011)
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