«C’est effroyable», a commenté ce jeudi matin sur Europe 1 Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre en charge du Logement, en réaction à l’incendie survenu quelques heures plus tôt, Cité du Labyrinthe, entre la rue des Panoyaux et la rue de Ménilmontant, où cinq personnes ont trouvé la mort et six ont nécessité d’être transférées à l’hôpital. Le feu a pris vers 2h30 dans un immeuble situé près de la rue de Ménilmontant, donc particulièrement difficile d’accès pour les véhicules des sauveteurs.
Après l’incendie-explosion de la rue Sorbier, fin mars, voici un deuxième incendie de grande ampleur dans le quartier de Ménilmontant. Cette fois dans l’une des rares voies privées de l’Est parisien où, épaulés par le conseil de quartier, les propriétaires cherchent depuis plusieurs années à faire municipaliser la voie, qui se dégrade au fil du temps, et où le tout-à-l’égout n’est pas partout installé. Cette voie, percée lors de la Commune de Paris, porte le nom de “Cité du Labyrinthe” par arrêté du 1er février 1877 et n'est qu'«ouverte à la circulation publique», selon un arrêté du 23 juin 1959. Selon la nomenclature de la Ville de Paris (code informatique 5132), elle mesure 217 mètres de long pour trois mètres de large, commence au 24 rue de Ménilmontant et finit au 35 rue des Panoyaux. Le n°37 de cette rue, d'ailleurs, a son entrée dans la Cité…
La Cité du Labyrinthe, c’est —caché derrière un ancien cinéma de quartier transformé en hard-discounter alimentaire— ce décor un peu décalé dans lequel avait été tourné le film Black Mic-Mac, avant la construction du supermarché Casino, du parking et de l’immeuble qui vont avec. Le reste de la Cité a peu changé… jusqu’en 2004, année, où furent inaugurés les nouveaux ateliers pour reloger par priorité les artistes des Ateliers de Ménilmontant qui avaient pris place dans le bas de la rue des Panoyaux.
C’est du reste par la rue des Panoyaux que les pompiers de Paris ont dû non seulement faire leur entrée, mais aussi pomper l’eau. Ils se sont en effet branchés devant le Centre d‘aide par le travail (angle des rues Duris et du 40, rue des Panoyaux), à près de 300 mètres des lieux du sinistre, comme en témoigne la photo ci-contre.
Environ trois cents sapeurs-pompiers d’une trentaine de casernes sont intervenus peu après trois heures du matin, moins de dix minutes après avoir été avisés qu’un incendie se propageait dans une cage d’escalier en bois d’un immeuble privé. Le «plan rouge» avait été déclenché, ont indiqué les pompiers.
L’incendie a fait cinq morts et plus de quarante blessés, selon le bilan de ce matin donné par la préfecture de police. Sur les cinq morts, quatre au moins se sont défenestrés. A dix heures ce matin, l’une des victimes n’était pas formellement identifiée, les autres étant trois femmes et un homme.
Parmi les blessés légers de cet immeuble de cinq étages, on compte six enfants.
Six personnes ont dû être hospitalisées, dont un sapeur-pompier qui est tombé d'une échelle, d'une hauteur de deux étages, après avoir semble-t-il reçu une décharge électrique. Heureusement pour lui, sa chute a été amortie par un matelas jeté au sol.
Un gymnase a été ouvert pour regrouper les sinistrés. La mairie a annoncé qu’un bilan social et un bilan de relogement seraient entrepris.
Le préfet de police Michel Gaudin s'est rendu sur les lieux tôt ce matin, selon une photo diffusée par le bureau de communication des pompiers de Paris. Le 2e district de police judiciaire, compétent sur l'Est parisien et le 18e, a été saisi de l'enquête.
Une enquête qui «va commencer», disait ce matin sur Europe 1 la ministre en charge du Logement Nathalie Kosciusko-Morizet, car «il faut qu’on sache exactement ce qui s’est passé».
«Selon les éléments qui m'ont été présentés sur place, l'immeuble, modeste, ne présentait pas de signes d'insalubrité. Il appartiendra à l'enquête judiciaire de déterminer l'origine de l'incendie», a déclaré Bertrand Delanoë. Le maire de Paris, sur place à 5 heures du matin, a adressé ses «très sincères condoléances aux familles des victimes».
Fabien Abitbol, photos Frédéric Bouhon, une vidéo de BFM-TV est à voir ici
[La suite a été publiée ici le lundi 18 avril]
• Citation dans la synthèse du Parisien.fr
Repris dans la revue du Web de Mediapart le 14 avril
Quelle tristesse :(
Rédigé par : Al-Kanz | 14/04/2011 à 12h07
j'imagine que les victimes sont "issues de l'immigration", j'imagine que de gentilles associations s'occupaient de dénoncer leurs mauvaises conditions de vie (comme la gentille municipalité faisait de son mieux), j'imagine... Ca m'ennuie de voir qu'une catastrophe comme ça, des morts, de la détresse, ça fait du buzz... ça donne de l'importance aux "associations" (dans le XXe, elles sont très présentes : que font-elles vraiment, à part se faire valoir elles-mêmes et justifier le salaire, et/ou les subventions qui leur sont versées ? je me le demande de plus en plus)
La gauche est en crise. Sur des sujets comme celui-ci (la misère de l'immigration, de la pauvreté, de l'insalubrité : et tous les profiteurs - souvent de gauche !- qui ont su se greffer sur le créneau) il faudrait commencer à clairement réfléchir.
Rédigé par : lucia mel | 14/04/2011 à 17h41
@lucia mel,
Il y a un peu de tout dans la Cité du Labyrinthe, de nombreux artistes, dont certains «issus de l'immigration» (un Danois ou Norvégien, je ne sais plus, vit au-dessus de l'auteur des photos), dont un adjoint à la maire d'arrondissement, médecin de santé publique de son état, dont des retraités (une instit que j'aimais bien vient de partir en retraite dans son Sud-Est natal), un imprimeur, etc…
C'est là aussi que s'était créé, au lendemain du 21 Avril 2002, le groupe Le XXe en colère.
C'est un passage de grande mixité, avec —outre les nouveaux ateliers d'artistes— un seul immeuble à caractère social.
Les conditions de vie ne sont pas plus mauvaises à cet endroit qu'ailleurs, la partie insalubre ayant été détruite dans la deuxième moitié des années quatre-vingt.
En tant que conseiller de quartier —du reste doyen d'ancienneté du conseil— je tente, depuis bien avant la réélection de Bertrand Delanoë, d'aider les propriétaires à céder (gratuitement) leurs parcelles à la Ville, afin qu'elle prenne en charge la voirie. La chose avait été refusée sous la première mandature, malgré l'aval de la mairie d'arrondissement. Mais a été relancée en 2009.
Un compte-rendu avait été publié en février 2009 ici:
http://le75020.fr/ (présentement en maintenance).
Je viens de m'entretenir avec une représentante du PS au conseil de quartier, et il nous semble évident de réagir, et de rappeler aux élus que ce dossier traîne de trop longue date.
Rédigé par : Ménilmuche | 14/04/2011 à 19h00
Je n'habite pas très loin du lieu de l'incendie, sur le boulevard de Belleville, côté XXè. Même si on a construit pas mal de nouveaux logements à Belleville et Ménilmontant dans les années 80 et 90, il reste encore des immeubles plus ou moins à risque du côté de la rue de Tourtille et de la rue Ramponneau. Ce serait bien que la mairie d'arrondissement et la mairie de Paris s'y intéressent, et retrouvent les proprios pour une rénovation.
Pardon pour le hors-sujet Fabien, mais il y a un an ou deux, il y avait des affiches dans le quartier qui réclamait la réhabilitation de l'immeuble qui abritait le restaurant Dar Djerba sur le boulevard de Belleville. Vous savez quelle association soutien ce projet ?
Rédigé par : Pullo | 14/04/2011 à 21h42
Beaucoup de pensées pour les victimes et leurs familles, cette tragédie fait du mal à tout le quartier parce qu'on se croisait tous les jours.
Et pitié Lucia, pas d'histoires sur leur mémoire alors que leurs tombes ne sont même pas refermées :(
Rédigé par : Aliocha | 14/04/2011 à 22h16
@Pullo,
Je ne suis pas le dossier Dar Jerba depuis le projet de 2003. Je ne sais pas précisément où cela en est.
Rédigé par : Ménilmuche | 14/04/2011 à 23h12
Beaucoup de tristesse devant cette tragédie dont j’ai été témoin. Ce que je peux ajouter aux nombreux articles, c’est que sept ou huit personnes ont pu s'échapper par les toits vers un immeuble voisin. Les pompiers les ont évacués par une grande échelle installée rue Victor Letalle. Compte tenu de la violence de l’incendie, c’est seulement au bout de 2h d’intervention que l’énorme panache de fumée noire surmontant la cour intérieure a commencé à se dissiper.
En dehors de la piste probable d’une installation électrique défectueuse, j’aimerais signaler que dans mon immeuble proche, on trouve de temps en temps des mégots écrasés dans l’escalier en bois. Dans le quartier, les fêtards en quête d’une cage d’escalier tranquille ne manquent pas.
Rédigé par : Pierrot | 15/04/2011 à 15h28
en écoutant certains reportages, on a l'impression d'être devant un nouveau drame des "marchands de sommeil" ou bien c'est à cause de la surpopulation... j'ai passé un sujet sur Facebook pour rétablir la réalité sur cet incendie comme le fait que c'est une voie privée, qu'il n'y a pas de tout-à-l'égout, pas de bouche à incendie, que la rue est étroite et en cul-de-sac... donc un bilan tragique !
Rédigé par : bisounette | 15/04/2011 à 22h27
J'ai vu cela dans la presse locale de chez moi. J'étais allée voir ce quartier l'année dernière. Il me paraissait sympa et pas "misérable" du tout. C'est un vrai drame, comme tous ceux du même type (nous avons à Rouen aussi des incendies dans des immeubles vétustes du centre-ville).
Ta réponse Bisounette, me confirme bien que cet incendie et ses causes n'ont rien à voir avec l'incendie du passage Brady.
J'espère de tout coeur que les victimes ne seront pas utilisées à des fins politiques...
Rédigé par : Miss A | 16/04/2011 à 13h27
@bisounette et MissA,
l'extérieur de cet immeuble a été refait récemment. de mémoire il y a maxi quatre ans.
l'intérieur, c'était moyen, selon un contrôle de 2009. mais le feu n'a apparemment pas pris dans l'appartement qui avait déjà été incendié l'an dernier et qui est désormais le plus marqué.
au total, depuis que j'habite le quartier, je crois qu'on arrive à cinq feux de plus ou moins grande gravité dans cet immeuble, sans que l'imprimerie du rez-de-chaussée, elle, n'ait jamais provoqué de dégâts (là, je ne sais si elle en a subi, pas eu le temps vendredi d'aller voir).
Rédigé par : Ménilmuche | 16/04/2011 à 13h40
Les victimes étaient des étudiantes pour deux entre elles ( Et la 3em dans un état grave!!! ... c'est la aussi que les politiciens devraient se bouger les fesses pour les logements d'étudiants..
Rédigé par : alex | 16/04/2011 à 14h12
c'est moche tout ça
Rédigé par : Miss A | 16/04/2011 à 21h30
Incendie d'origine criminelle ?
@ lucia : Quelle vision populiste et décalée de la réalité, croyez vous que les associations roulent sur l'or ? Il y a de nombreuses associations et c'est très bien, ce sont elles qui font vivre les quartiers comme Ménilmontant, qui créent ou recréent les conditions favorables au tissage du lien social, à la convivialité et permettent de favoriser des dynamiques d'entraide et de solidarité. Les associations ne fonctionnent le plus souvent que grâce aux nombreux bénévoles qui donnent de leur temps pour leur quartier sans regarder si les personnes avec qui elles travaillent ou partagent des choses sont issues ou non de l'immigration comme cela semble vous préoccuper... Paris est métissé et c'est ce uqi fait sa force et sa richesse, ne tombons pas dans le panneau de la haine gratuite et de la désignation du bouc émissaire, trop facile et inutile.
Montrons une autre voie à nos politiques et aux médias, montrons que dans le microcosme des choses se passent et elles sont beaucoup plus intéressantes que celles que l'on voit au journal TV.
Bon courage à toutes-s, ceci est un message de paix.
Rédigé par : guillaume | 18/04/2011 à 10h17
"mais le feu n'a apparemment pas pris dans l'appartement qui avait déjà été incendié l'an dernier et qui est désormais le plus marqué."
et pour cause : l’appartement qui avait été touché se situait à droite de l'entrée de l’immeuble et non à gauche là ou le feu a été le plus meurtrier cette foi.
Je suis arrivée il y a 3 ans dans l'immeuble, juste après le précédent incendie.
Depuis mon arrivée, l'immeuble était en constante amélioration, quand ce n’étais pas les parties communes qui était en rénovation c’était un appartement qui était refait à neuf. Faut pas rêver on ne rénove pas un immeuble entier d'un coup de baguette magique, à moins de raser tout et de faire du neuf.
Arrêtons de sur enchérir et de raconter des bêtises. Les faits sont suffisamment horrible pour pas qu'on en rajoute.
Par contre je compte bien être présente le jour ou l'on jugera celui qui nous a causé autant de pertes.
Rédigé par : Margotton.wordpress.com | 18/04/2011 à 20h32
@Margotton,
justement. en quoi en ai-je rajouté? je ne cherche pas à polémiquer, et dans le titre de la suite:
http://menilmontant.typepad.fr/mon_weblog/2011/04/incendie-de-menilmontant-de-lessence-de-voiture.html
j'ai même atténué le titre du Parisien.
Rédigé par : Ménilmuche | 18/04/2011 à 22h07