Le président (et fondateur) du Samu social disparu, le secrétaire d’Etat en charge du Logement est… Apparu, pour une proposition abracadabrantesque: sucrer 4500 places d’hébergement d’urgence pour les remplacer —au mieux dans le milieu de l’hiver— par des logements dans le parc privé.
L’heure est grave. Les femmes parisiennes à la rue ne pouvant déjà plus être hébergées en urgence depuis le 30 juin dans la capitale, les crédits du GIP Samu social étant baissés de l’ordre de 24%, le docteur Emmanuelli a annoncé dans Charlie-Hebdo qu’il allait quitter la présidence du Samu social de Paris. Son départ, qui sonne comme un cri d’alarme, a été regretté par tous, y compris par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui s’est fendu d’un communiqué dans lequel il dit apprendre «avec gravité» cette démission d’un proche de son illustre prédécesseur Jacques Chirac.
Présenté comme un “accueil inconditionnel”, l’hébergement d’urgence ne devrait laisser personne à la rue (F. A.)
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Pour Bertrand Delanoë, «cette démission intervient dans un contexte difficile pour le Samu Social, alors que le gouvernement a considérablement réduit les moyens dévolus à l'hébergement d'urgence, et décidé la suppression de 5000 nuitées hôtelières par jour dédiées aux familles sans abri en Île-de-France (-3500 sur Paris).»
Car le Samu Social représente —du moins s’il a les crédits pour le faire— la garantie d’un accueil inconditionnel pour chaque personne sans solution d’hébergement, dès lors qu’elle le souhaite. Souvent après deux, trois, voire quatre appels au 115 dans la journée, du reste. Et pour obtenir une nuit, comme à “La Boulangerie”, ce dortoir de 400 lits du boulevard Ney, dans le 18e arrondissement, en bordure du périphérique, entre la Porte de La Chapelle et la Porte de Clignancourt.
«Quand le gouvernement va-t-il enfin décider de rétablir les crédits nécessaires au bon fonctionnement du Samu Social?», s’interroge Bertrand Delanoë ? Car pour lui, «la Ville de Paris a une responsabilité, au titre de la protection de l’enfance, pour l’hébergement des familles avec enfant de moins de 3 ans.»
1200 familles sont ainsi hébergées par la Ville pour une dépense annuelle de 25M€, soit une augmentation de +76% en cinq ans. Paris concentre 60% de l’offre d’hébergement de l’Île-de-France, et, sous les deux mandatures Delanoë, 3000 places auront été ouvertes, indique la Ville. «L’obligation légale est d’une place pour 1000 habitants, à Paris nous sommes à quatre pour 1000», commente le maire…
C’est dans ce contexte que le secrétaire d’Etat au Logement Benoît Apparu, qui a participé début juillet, comme il l’indique sur son site Internet, à l’inauguration d’un nouveau centre d’hébergement de la Ville dans le 15e arrondissement de Paris, était hier soir mercredi 20 juillet l’invité du jité de France2.
Sa principale annonce: «on va diminuer de 4.500 le nombre de places d'hôtel et on va les substituer par des places de logements».
Ah… Et comment compte-t-il faire ce tour de passe-passe? «On va loger ces personnes-là dans du logement privé, en louant via des associations ces logements privés». D’une part le secrétaire d’Etat semble oublier que dans le terme d’“hébergement d’urgence” il y a le qualificatif d’“urgence”, ce qui sied mal à une location, d’autre part la méfiance des propriétaires à l’endroit des locataires précaires, même cautionnées par des associations, ne pourra jamais pallier l’urgence. Une telle idée, si elle était venue d’un parti de gauche quel qu’il soit, aurait été vivement critiquée, et l’on aurait certainement ouï le gouvernement crier à la promesse électorale.
La promesse de M. Apparu est que tout cela sera fait «d'ici la fin de l'année» et que les associations seront reçues en septembre par le Premier ministre François Fillon, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet et lui-même, pour «faire un point» et «regarder quels sont les besoins financiers, humains, sociaux».
Car, c’est bien connu, les sans toit peuvent attendre.
Fabien Abitbol
Un membre de plus de ce gouvernement qui joue à yakafokon...
Rédigé par : twitter.com/undessinparjour | 21/07/2011 à 17h34
Je fais l'avocat du diable mais ce sont les associations qui vont louer les appartement, elles ne sont simplement caution.
Toujours est-il que ça fait encore de l'argent public qui va dans le privé, engraisser la spéculation immobilière...
Rédigé par : Nicolas | 21/07/2011 à 18h19
Oui, Nicolas, les assoces… Mais il faudra bien que les proprios sachent à qui ces logements sont destinés, et cela ne leur plaira pas, mais alors pas du tout.
La spéculation immobilière est, je le pense, assez haute ainsi.
L'avenir le dira, si le yakafokon se poursuit dans cette voie.
Rédigé par : Ménilmuche | 22/07/2011 à 02h24
"Les promesses rendent les couillons heureux." (J-M Tjibaou)
Rédigé par : Anne-Marie | 22/07/2011 à 13h17