Ménilmontant, mais oui madame...

Rama Yade devance Bertrand Delanoë et Bernard Kouchner

L’exécutif au plus bas

La cote de popularité de Nicolas Sarkozy se dégrade fortement par rapport au mois de janvier. Selon la dernière vague du Baromètre politique Ipsos/Le Point, réalisée après l’intervention télévisée du président de la République le jeudi 5 février, la proportion de Français qui portent un jugement favorable sur son action est en baisse de 9 points, pour se situer désormais à 36 %.

Il s’agit du plus faible score mesuré pour Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l’Elysée. Une large majorité de Français (61 %) se montre à l’inverse critique à son égard. Dans un contexte marqué par l’aggravation de la situation économique et sociale, les Français ne semblent ainsi pas convaincus de l’efficacité des mesures déjà mises en place (aides octroyées aux banques, au secteur automobile…) ni de la capacité du président à trouver des solutions urgentes et concrètes pour contrer la crise et ses conséquences.

Dans le détail, la popularité de Nicolas Sarkozy se dégrade une nouvelle fois chez les catégories les plus exposées (ouvriers, faibles revenus…). Fait nouveau, l’insatisfaction s’étend ce mois-ci aux classes moyennes : seulement 27% des employés (en baisse de 15 points en un mois) et 30 % des revenus moyens-inférieurs (- 11 points) soutiennent désormais l’action du président. En réalité, la popularité du Président est « soutenue » par le score des retraités, seule catégorie socio-professionnelle à approuver largement son action (54 %, -2 points). En termes politiques, l’action du Président n’est jugée favorablement que par 11 % des sympathisants de gauche. Plus significatif, les soutiens se dégradent fortement chez les sympathisants du Modem (35 %, soit une baisse de 28 points) et on observe même quelques hésitations chez les proches de l’UMP. Si chez ces derniers les avis favorables restent très majoritaires (80%), on observe en effet une baisse de 9 points par rapport au mois dernier.

Dans une moindre mesure, la cote de popularité du Premier ministre est également orientée à la baisse. Avec 42 % de jugements favorables, François Fillon perd 4 points et se situe lui aussi à son plus bas niveau depuis son arrivée à Matignon. Soulignons cependant que la baisse mesurée pour le Premier ministre est plus limitée que celle observée pour Nicolas Sarkozy, ce qui tend à confirmer l’impact négatif de l’intervention télévisée sur l’image du Président.

Quant aux autres personnalités testées dans ce baromètre, on notera que Rama Yade progresse une nouvelle fois et devient la personnalité politique préférée des Français avec 60 % d’avis favorables (+2 points). La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme est suivie de près par Bertrand Delanoë (59 %, stable, contre 31 % d’avis critiques). Le Maire de Paris reste quant à lui en tête du classement établi par les sympathisants socialistes (75 %, +5 points) devant la première secrétaire du PS, Martine Aubry (70 %, + 4 points). Relégué à la troisième place du classement général avec 59 % de bonnes opinions (en baisse d’1 point), Bernard Kouchner ne semble pas particulièrement affaibli par la polémique autour du livre l’accusant de conflit d'intérêts. Soulignons tout de même que le Ministre des Affaires étrangères avait perdu 8 points d’image le mois dernier, la baisse cumulée sur deux mois étant donc de 9 points.

Enfin, parmi les baisses les plus significatives du mois de février, on notera celle observée pour Ségolène Royal. Avec seulement 29 % de jugements favorables (-5 points) et 68 % d’avis critiques (+ 8 points), la présidente de Poitou-Charentes bat une nouvelle fois son record d’impopularité depuis son entrée dans ce baromètre en avril 2004. Si elle progresse de 4 points chez les sympathisants socialistes (56 %), sa cote s’effondre chez les sympathisants UMP (5 % de jugements favorables, en baisse de 11 points pour occuper désormais la dernière place de ce classement derrière Jean-Marie Le Pen) après la publication de son livre dans lequel elle se montre particulièrement critique à l’égard du président de la République.

Federico Vacas, directeur d'études, Ipsos Public Affairs

⇒ Le palmarès des leaders politiques (camemberts et tableaux)
⇒ La popularité de l’exécutif

Débrayage annoncé à Libération

Les salariés de Libération ont voté jeudi en assemblée générale un débrayage pour ce lundi, de 14 à 17 heures, afin de demander l'arrêt immédiat de tout « départ contraint » du journal après la réception par une secrétaire de rédaction d’une lettre de licenciement, une semaine plus tôt.

L'assemblée générale (une centaine de personnes) était réunie à l'appel de l'intersyndicale CGT-SNJ-Sud et « a voté à l'unanimité, moins une voix contre et deux abstentions, une motion exigeant l'arrêt immédiat de tout licenciement contraint », indique le texte, qui précise que le débrayage aura lieu « au cas où son appel ne serait pas pris en compte ».

Huit ou neuf suppressions de postes en 2009 seraient prévues par le biais de départs négociés, selon François Wenz-Dumas, du SNJ.

Cet après-midi, un conseil de surveillance doit avoir lieu au sein de l’entreprise, fragilisée par le décès du deuxième actionnaire, l’italien Carlo Caracciolo. Selon le site Internet de Challenges, la présidente du conseil, Agnès Touraine, devrait annoncer sa volonté de quitter ses fonctions.

Pour en savoir davantage, cliquer ici.

Christophe Caresche à l’Outre-mer

Le député de la 18e circonscription de Paris, Christophe Caresche, qui, à l’aube de l’an 2000, avait ses habitudes auprès de Martine Aubry, a été nommé secrétaire national du Parti Socialiste à l'Outre-mer, indique Profession politique.

Il devrait « prochainement » prendre ses fonctions. Le poste de secrétaire national à l’Outre-mer avait été laissé vacant lors de l’attribution des différentes responsabilités et chacun, dans l’Outre-mer, revendiquait la place, occupée de 2005 à 2008 par le député de la Guadeloupe (4e circonscription) Victorin Lurel, l’un des porte-parole de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007. C’est finalement un hexagonal et non issu de L’Espoir à gauche (l’association de soutien à Ségolène Royal) qui devra faire consensus.

Ancien adjoint au maire de Paris (chargé de l'organisation du Conseil de Paris, de la sécurité et de la prévention, de 2001 à 2008), Christophe Caresche, au Congrès de Reims, était sur la motion Mon Pôle écologique. Il est député depuis 1997, suite à la dissolution du 21 avril de l’Assemblée nationale.

F. A., photo : AN

Christine Lagarde craint des « troubles sociaux »

S’exprimant depuis Davos, en Suisse, devant le Forum économique mondial, la ministre l'Economie Christine Lagarde a estimé que la crise économique mondiale risquait de provoquer « des troubles sociaux ».

« La situation actuelle comporte deux risques majeurs : des troubles sociaux et le protectionnisme », a déclaré la conseillère de Paris (12e arrondissement), qui y représente la France avec Anne-Marie Idrac, la Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur.

Pour Mme Lagarde, ces risques sont alimentés par « la chute de la croissance économique et par le fait que les Etats doivent engager l'argent des contribuables » dans les plans de relance et de sauvetage. Elle a ajouté que les mesures qui seront prises devront être « vendables en termes politiques » aux opinions publiques, être « techniquement solides » et « applicables ».

La ministre a également parlé d’autres échéances. Pour lire la dépêche d'agence dans son intégralité, cliquer ici.

Nouvelle sortie anti Sarkozy de Mamère

Après « La Tyrannie de l’émotion » (septembre 2008), l’éditeur Jean-Claude Gawsewitch s’apprête à publier, le 12 février prochain, un nouvel opus du député de la troisième circonscription de la Gironde Noël Mamère (ancien journaliste et présentateur de JT, avocat et membre de la commission des lois) et de Patrick Farbiaz, l’un de ses collaborateurs à l’Assemblée nationale, auteur de « Comment manipuler les médias ? 101 recettes subversives » (Denoël, 1999) et fondateur des Pieds dans le PAF.

Sarkozy est-il le « parrain » d’un clan, d’une sorte de mafia de l’audiovisuel ? Oui, répondent sans ambages les auteurs. En juin, déjà, Noël Mamère (au sujet du départ un peu poussé de Poivre de TF1) avait dit du président de la République qu’il avait une stratégie « à la Berlusconi ».

« Des années 80 au dîner du Fouquet’s, les Bouygues, Lagardère, Bolloré and co. ont tissé leur toile et scellé un pacte d’acier qui en fait aujourd’hui les maîtres du Paysage Audiovisuel Français, au détriment de la télévision publique, victime d’un véritable hold-up et soumise à la botte du pouvoir. Ce livre-feuilleton restitue dans le détail les étapes de cette machination, revient, en “live”, sur la bataille parlementaire qui a tenté de retenir la main des exécuteurs au service d’une clique et de son chef. Et pose une question : devons-nous les laisser brader une certaine idée de la démocratie ? », résume l’éditeur.

En dix épisodes, Petits arrangements entre amis : le nouveau parrain des médias s’attache à démontrer comment un petit groupe d’hommes, dont Nicolas Sarkozy serait le “Capo”, trustent les positions clefs de l’armement, de l’audiovisuel, du BTP, de l’industrie du luxe et du divertissement.

Petits arrangements entre amis : le nouveau parrain des médias
A paraître le 12 février 2009 chez Jean-Claude Gawsewitch
Collection : Coup de gueule
96 pages, ISBN : 2350131491
Prix France TTC : 16,90 €

⇒ En principe pour deux mois et demi, Noël Mamère devrait être écarté de la vie politique française, pour raisons de santé.

Martine Aubry reporte ses vœux

La première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry a dû reporter ses voeux à la presse, ce matin à 11h00, « en raison d'un problème oculaire » a annoncé son entourage. Elle devait les prononcer à La Bellevilloise, rue Boyer, dans le 20e arrondissement.

« Martine Aubry s'excuse et reporte ses voeux à la presse initialement prévus à 11h00 en raison d'un problème oculaire », a annoncé son entourage en début de matinée. Ses vœux doivent être présentés « la semaine prochaine », sans que la date ne soit pour l’instant précisée.

Hier soir déjà, indique-t-on de bonne source, Martine Aubry n'a pas présidé le bureau national du Parti socialiste. Peu avant le début de la réunion, elle avait un œil totalement fermé, suite, semble-t-il, à « un choc ». L’ancienne ministre s'est rendue au Val-de-Grâce.

Le site Internet du Point indique entre autres que son problème « devrait se résoudre dans les 72 heures ». Elle devrait donc être bon pied bon œil pour le 20 janvier, jour de l'investiture de Barack Obama choisi par le PS pour présenter les propositions économiques du parti socialiste.

Depuis la campagne pour la présidentielle de 2007 (et dans un premier temps dans le camp Fabius), La Bellevilloise est redevenue l’un des lieux de rassemblements du PS. C’est dans cette ancienne coopérative ouvrière des hauteurs de Ménilmontant, fondée en 1877, que Jean Jaurès et François Mitterrand avaient, en leur temps, prononcé des discours marquants.

⇒ Aubry-Royal : les yeux dans les yeux

Gaza : dérapages à la Nation

Près de 200 interpellations, une douzaine de policiers blessés

Malgré un imposant dispositif policier (environ 4 000 personnes) et un trajet modifié vers l’Est parisien afin d’éviter, en période de soldes, la répétition des débordements qui avaient eu lieu la semaine dernière à proximité des Champs-Elysées (trois voitures brûlées, dont une de police), des dérives ont encore eu lieu ce samedi à la Nation en marge de la manifestation en soutien aux Palestiniens de Gaza.

Selon des témoins, « de jeunes protestataires » ont lancé des projectiles en direction des forces de l'ordre, ainsi que sur divers commerces (dont une pharmacie, qui a vu sa devanture cassée). Selon la Préfecture de Police (PP), qui avait déployé 3 800 policiers et gendarmes pour l’occasion, 30 000 personnes ont manifesté de République à Nation, contre 100 000 selon les organisateurs. La semaine dernière, la PP indiquait 21 000 manifestants, sur un cortège beaucoup plus long et avec des conditions météo moins défavorables.

De « Israël assassin » à « Halte au massacre » ou « Des sanctions contre Israël » pour les slogans courts, le cortège s’est ébranlé vers 15h (le départ était prévu à partir de 13h30 par la PP, 15h par les organisateurs) pour arriver vers 17h. On retiendra également le classique « Nous sommes tous des Palestiniens, nous sommes tous des enfants de Gaza ».

Mais la dispersion du cortège n’a eu lieu que vers 19h30, après que des incidents ont éclaté, donnant lieu, selon la PP à « environ 180 interpellations ». Douze policiers ont été blessés, a indiqué la PP, qui avait bloqué les huit artères menant à la place de la Nation depuis 18h30. La police a précisé que neuf commerces avaient été dégradés et quatre scooters incendiés sur le parcours de la manifestation.

Des vitres d'abribus et de cabines téléphoniques ont également été cassées sur le parcours et à son arrivée, et les forces de l'ordre ont chargé, lançant des gaz lacrymogènes et faisant usage de matraques.

La manifestation du 3 janvier, de République à Saint-Augustin, n’avait été encadrée que par 650 policiers ; pillages, actes de vandalismes et incendies de voitures avaient eu lieu entre le quartier de l'Opéra et celui des Champs-Elysées.

L'offensive israélienne dénommée « Plomb durci » par l’Etat hébreu (comme le jeu pour enfants), qui a dépassé les 850 morts à Gaza (dont plus de 25 % d’enfants…) est entrée ce samedi dans sa troisième semaine. Israël menace d’intensifier ses attaques.

⇒ La guerre à Gaza secoue Paris (2 min. 35)

⇒ 80 rassemblements en France

Fabien Abitbol, avec agences, photo Gaël Cornier (Le Parisien)

Rachida Dati assistera au conseil des ministres mercredi

La garde des Sceaux, qui a accouché vendredi d'une petite Zohra, enchaînera quatre rendez-vous

A peine remise de son accouchement, Rachida Dati assistera au conseil des ministres de mercredi, comme l'avait révélé Challenges un peu plus tôt dans la journée de mardi 6 janvier. Une présence qui restait conditionnée au feu vert des médecins. Rachida Dati, 43 ans, a donné naissance vendredi à une petite Zohra.

La ministre de la Justice avait assuré qu'elle ne s'arrêterait que quelques jours. Or, ce week-end, son porte-parole Guillaume Didier a fait savoir que l'accouchement « s'est bien déroulé » et que Rachida Dati « continue de suivre l'activité du ministère ». « Il n'y a pas de vacance de pouvoir à la Chancellerie », a-t-il insisté. Pour preuve, avait ajouté son porte-parole, la garde des Sceaux pourrait reprendre le travail « dès le milieu de la semaine prochaine », et être présente mercredi à l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation.

Suppression du juge d'instruction

Au final, la ministre enchaîne quatre rendez-vous : le conseil des ministres à 11 heures, suivi des vœux du président de la République aux parlementaires et aux élus de Paris à midi, en sa qualité de maire du 7e arrondissement de la capitale. Rachida Dati doit ensuite prononcer un discours à l'ambassade d'Espagne lors de la remise de décorations espagnoles à des magistrats français par son homologue espagnol Mariano Fernandez Bermejo, pour ensuite se rendre à 15 heures à la rentrée solennelle de la Cour de cassation où le président de la République devrait annoncer la suppression du juge d'instruction, une réforme qui n'est pas à l'étude à la Chancellerie.

Jeudi, la ministre continue ses activités avec les questions d'actualité au Sénat.

L'identité du père de l'enfant n'a toujours pas été dévoilée. Laissant la part belle aux rumeurs, jusque-là toujours démenties.

Source : Challenges

⇒ Depuis le 17 décembre 2008, le Syndicat de la magistrature invite ses membres à ne pas se rendre à l’audience solennelle de rentrée.

Siné hebdo se met au courrier des lecteurs

A la Une du Siné hebdo n° 18 (déjà) en kiosques demain mercredi 7 janvier, un morbide drapeau dessin représentant à sa façon le drapeau de l’Etat d’Israël.

L’hebdomadaire revient sur le dossier des « Crimes israéliens et responsabilité internationale », avec :
• Michel Warchawski, le correspondant permanent de Siné hebdo en Israël, qui demande que la responsabilité internationale des dirigeants israéliens soit engagée.
• Michel Onfray et Siné, qui s’insurgent contre la violence qui s’abat sur la bande de Gaza.
• Les dessinateurs Carali, Jiho, Aurel, Faujour, Brouck, Mykaïa et De Cressac, qui reviennent sur les lendemains de réveillons à Gaza.

Egalement au sommaire, un dossier sur la désobéissance civile, qui « gagne l’éducation nationale et se répand dans la société »…

Et encore un nouveau changement, le journal crée une large rubrique de courrier des lecteurs : révoltés, enthousiastes ou intelligents (parfois les trois).

Parmi les rubriques habituelles, celle de la très féministe Isabelle Alonso, qui souhaite la bienvenue à la petite Zohra, et celles de Christophe Alévêque, Dédé la science, Rémi Malingrey, Dror, Benoit Delépine et Diego Aranega, …

Pour celles et ceux qui n’ont pas encore visionné, quelques vidéos ici, de Stéphane Mercurio. On y retrouve, en quatre parties, une rencontre avec l’équipe du film Louise Michel, ou le choix de sa tombe par Siné lui-même (c’était bien avant son anniversaire : il a eu quatre-vingt balais le 31 décembre).

Jean-Paul Ney en prison : un anniversaire dans d’étranges circonstances

Notre voisin du 20e arrondissement, le journaliste controversé par certains, Jean-Paul Ney, est toujours emprisonné en Côte d’Ivoire, a indiqué le 30 décembre dernier la radio RTL, un an après son arrestation, le 27 décembre 2007. Un pays qui laisse, comme dit Etienne Huver sur RTL, « de terribles souvenirs aux familles de deux journalistes français », parlant de Jean Hélène (RFI, assassiné par un policier le 21 octobre 2003) et de Guy-André Kieffer, un autre voisin du 20e arrondissement, disparu à Abidjan le 16 avril 2004, en plein jour, alors qu’il avait un rendez-vous avec un proche de la présidence, et dont la thèse de l’assassinat est officiellement explorée depuis août 2007.

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Construite en 1982 pour 1 500 prisonniers, la MACA est surpeuplée. Les chiffres de 4 000 à 5 000 prisonniers sont couramment évoqués
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« C'est le bordel là bas ! ». C’est ainsi que le comité de soutien à Jean-Paul Ney a appris, peu avant la mi-décembre, qu’une émeute s’était déclenchée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). En milieu de journée du 13, le comité indiquait sur son site une quinzaine de blessés et « 6 victimes », le tout au conditionnel, « suite aux tirs des forces de sécurités gouvernementales ».

Le quotidien ivoirien Le Temps, qui ne fait état que de blessés en relatant la mutinerie dans son édition du 16 décembre, indique pour sa part : « Selon des informations de sources crédibles, Jean-Paul Ney a été aperçu camera et micro en main en train de filmer la mutinerie. Il a fait son reportage bien qu'étant encore dans les liens de la détention. » Et en remet une couche dans son édition du 19 décembre, via un sujet diffusé par « Connection ivoirienne » et dont les commentaires laissent pantois.

Si l’on s’en tient à cette brève publiée le 16 par Afrik.com, le film a été fait ; mais cette brève s’appuie sur le sujet du Temps du 16. Pourtant, la même source avait titré en janvier dernier sur des « arrestations sommaires », en parlant des deux Français et huit Africains écroués pour « attentat, complot contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité nationale, participation à une bande armée, atteinte à l’ordre publique et non dénonciation d’actes de nature à nuire à la défense nationale ».

La MACA, récemment construite (1982) est prévue pour 1500 prisonniers, et accueillerait présentement plusieurs milliers, certaines sources avançant 4000, lorsque ce l’est pas 5000. Dans l’édition du 14 décembre du Midi-Libre Perpignan, on apprend par son père qu’un contact a eu lieu avec le Quai d’Orsay (ce qui est également dit par RTL le 30 décembre, un an et trois jours après l’arrestation). Voici trois mois, France 3 Languedoc-Roussillon avait diffusé un sujet dans son 19/20.

Sarkozy pour préfacier, ça n'aide pas forcément

Alors que les grands médias sont plutôt calmes, c’est le moins que l’on puisse dire, sur la Côte d’Ivoire (à part ce sujet du Monde expliquant à sa façon les « vertus » du cacao), la France cherche à normaliser ses relations avec ce pays.

Le dernier ouvrage de Jean-Paul Ney, publié en août 2007, était préfacé par Nicolas Sarkozy. Il portait sur le Service de protection des hautes personnalités (SPHP, ancien service des « Voyages officiels », qui changea de dénomination de par son appellation jugée trop « Club Med ») et était sorti chez l’éditeur très spécialisé Mission Spéciale Productions. Un temps soutenu par Reporters sans frontières, Jean-Paul Ney n’a jamais officiellement reçu de soutien de la présidence française, alors qu’il s’était fendu d’un communiqué de félicitations à l’élection de Nicolas Sarkozy. Dans son discours du 6 mai 2007, à peine élu, il avait dit que la France n'abandonnerait jamais Ingrid Betancourt ou les infirmières bulgares. Pour les « opprimés du monde », c'est autre chose.

Fabien Abitbol