Le cacao est un antidépresseur, et sous toutes ses formes. Dégustez-le noir et amer : il tonifie l'esprit et chasse le mauvais cholestérol, paraît-il.
Achetez-le à la tonne sur le marché de Londres, vous ferez un bon placement : depuis le 1er janvier de cette année calamiteuse, son cours y a progressé de quelque 75 %, et il a battu un record vieux de vingt-trois ans en se hissant à 1 820 livres la tonne, mardi 23 décembre, pour consolider à 1 783 livres, le lendemain.
En ces temps d'apocalypse boursière, où les étoiles explosent en vol les unes après les autres, il est apparemment la seule matière première à poursuivre imperturbablement son ascension.
Qu'on ne s'imagine pas les Chinois drogués à la poudre issue de la cabosse, fruit du cacaoyer, comme ils ont pu l'être avec le minerai de fer brésilien. La consommation de chocolat viennois crémeux n'a pas franchement augmenté non plus.
La raison de cette anomalie s'appelle la Côte d'Ivoire. Champion du monde des exportations de cacao (40 % du marché mondial), ce pays voit en effet sa production baisser dangereusement. Les volumes de fèves livrés dans les ports d'Abidjan et de San Pedro ont baissé, en novembre, de 30 % par rapport à novembre 2007. Certains accusent la maladie « de la cosse noire » ; d'autres, le mauvais état des cacaoyères ivoiriennes après des années de guerre civile.
Il existe des raisons politiques. Le cacao a été longtemps une source occulte et considérable de revenus pour les pouvoirs en place à Abidjan. Les institutions internationales se sont émues des financements d'armements au nez et à la barbe des observateurs.
Le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer qui enquêtait sur les malversations dans la filière cacao a disparu en 2004 et a été assassiné selon toute vraisemblance. Depuis le mois de juin, mais sans lien avec cette disparition, la quasi-totalité des anciens dirigeants du secteur croupissent en prison pour fraude.
Reste de ce lourd passé une fiscalité délirante, qui laisse au planteur ivoirien « moins de 40 % du prix de vente, quand le Ghanéen en perçoit 70 % et le Nigérian 90 % », selon Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale à Abidjan. Il demande au gouvernement ivoirien une fiscalité « plus acceptable ». En attendant une hypothétique réforme fiscale, les planteurs se tournent vers l'hévéa. Le cacao ivoirien n'a donc pas fini de se raréfier, poussant ses cours mondiaux au firmament.
Alain Faujas, pour Le Monde daté du 28 décembre
⇒ Un nouvel organe de régulation a été créé fin octobre⇒ Dans le cadre de l'enquête sur la disparition de notre voisin Guy-André Kieffer, le juge d’instruction Patrick Ramaël souhaitait la déclassification d’un document rédigé le 28 avril 2004, soit moins de deux semaines après la disparition de GAK à Abidjan, par la Direction de la surveillance du territoire (DST, aujourd’hui fondue dans la DCRI). Cette déclassification a été refusée par ce décret du 4 décembre, publié au Journal officiel du 19 décembre. Depuis la création en juin 2008 du « FBI à la française », comme l’indique l’article 5 de ce décret, « Tout agent public est tenu de garder le secret sur les activités et l’organisation de la direction centrale du renseignement intérieur ». Le juge Ramaël avait déposé sa requête en août…
Quelqu'un peut-il me dire à quel titre la DST a-t-elle écrit une note en avril 2004 sur la disparition en Côte d'Ivoire de mon frère, Guy-André Kieffer ? A quel titre et pourquoi la DST (qui s'occupe de surveillance du territoire, sauf erreur de ma part) trouve-t-elle matière à s'intéresser à l'enlèvement d'un journaliste survenu à plusieurs milliers de kms de Paris ? Pourquoi ce mélange des genres ?
Bernard Kieffer, frère de Guy-André
Rédigé par : Bernard Kieffer | 27/12/2008 à 20h39
J'avoue ma méconnaissance, Bernard.
Je sais bien que la DST (aujourd'hui DCRI, direction centrale du renseignement INTERIEUR avec les renseignements généraux -sauf ceux de Paris) travaille sur la France et que Abidjan n'est pas en France depuis les années soixante (je ne sais d'ailleurs pas si les colonies dépendaient du SDECE ou de la DST) mais le Journal Officiel est formel.
Je n'ai pas recopié le JO, j'ai mis un lien vers le JO. Je ne sais pas si la DST a compétence extra-territoriale pour des voyages comme ceux de Mme Nathalie Delapalme et M. Bruno Joubert.
Si je ne m'abuse, le juge Ramaël a effectué un déplacement de justice fin juillet à l'Elysée. Or sa demande est du mois d'août.
La DST, devenue DCRI fin juin, a vu subitement ses agents soumis au secret-défense.
C'est peut-être une piste ?
Rédigé par : Fabien | 27/12/2008 à 20h48