La famille d'une femme de quatre-vingt-cinq ans, décédée hier au groupement hospitalier de la Pitié-Salpêtrière (Pôle Est de l’AP-HP) après s'être étouffée en prenant son repas, a dénoncé ce samedi à l'AFP des dysfonctionnements dans sa prise en charge et annoncé son intention de porter plainte pour « homicide involontaire ». Cet accident intervient après le décès d’un enfant de trois ans à l’unité pédiatrique de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, le soir de Noël.
La direction de l'hôpital, qui a reçu hier la famille de l’octogénaire décédée, a indiqué qu'une enquête interne était ouverte et qu'il était encore trop pour se prononcer sur d'éventuels problèmes survenus au sein du service du docteur Isabelle Arnulf, neurologue spécialisée dans les troubles du sommeil. Atteinte de ce genre de troubles (ronflements et apnée du sommeil), Mme Emilie Chalom, 85 ans, avait été admise pour des examens le 23 décembre au soir à la Pitié, dans le service du docteur Isabelle Arnulf, neurologue réputée dans les pathologies du sommeil.
Tout semblait bien se passer jusqu’à ce que, trois jours après, elle ne décède au service « réanimation pneumologie » de l’établissement, où elle avait été transportée après s'être étouffée en se sustentant et avoir fait un arrêt cardiaque.
Selon la fille aînée de la défunte, qui l'accompagnait à l'hôpital, les dysfonctionnements consisteraient notamment en une absence de médecin de garde dans le service, un matériel de réanimation rendu inaccessible car rangé dans un placard fermé à clef et l'intervention tardive d'un médecin réanimateur après l'arrêt cardiaque. Elle dénonce également des horaires qui, selon elle, auraient été modifiés par des infirmières pour mieux corroborer le rapport médical d'intervention, et annonce avoir confié à un avocat le soin de porter plainte, au nom de tous les enfants de la victime, pour « homicide involontaire » et « faux et usage de faux ».
Ce décès intervient au lendemain de la mise en examen par la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy (responsable du pôle santé publique au Tribunal de Grande Instance de Paris), à l’issue d’une longue garde à vue, d'une infirmière soupçonnée d'avoir causé la mort d'un enfant de trois ans, à la suite d'une erreur de perfusion, à Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement, un autre hôpital de l’APHP. Agée de 35 ans et forte d’une expérience de onze ans (dont quatre dans cet établissement), cette infirmière ne peut présentement pas exercer, ni se rendre sur son lieu de travail, ni rencontrer ses collègues.
Jeudi, la garde à vue de l'infirmière avait été jugée « disproportionnée » par plusieurs syndicats hospitaliers qui ont dénoncé une dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux du fait d'un manque d'effectifs. Vendredi, la ministre de la Santé a réagi sur Europe 1 en regrettant « la récupération d'un drame aussi épouvantable », suite à la demande de sa démission par le Dr Patrick Pelloux (président de l’Amuf, qui suit au jour le jour la situation des hôpitaux en France et Outre-mer). Quant au maire de Paris, il a jugé que « cette tragédie (confirmait) la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l'hôpital public ». Hier matin, chacun demandait la fin de sa garde à vue. Et aujourd’hui, comme pour en ajouter dans la douleur des familles, M. Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes secrétaire national de l'UMP et chef de service des urgences à Beaujon (GHU Nord), a déclaré : « l’hôpital ne manque pas de moyens, mais d’organisation ».
Dans le cas de la mort du petit Yliès, l’étiquetage des produits est pointé du doigt. Et cette circulaire du 19 décembre 2008 n’a pas encore été diffusée. Elle « constitue la deuxième vague du plan d’harmonisation des étiquetages qui a débuté courant 2007 » et donne l’adresse courriel pour signaler les erreurs médicamenteuses… L’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) ne l’a mise en ligne que le 23 décembre. Le personnel médical ne peut raisonnablement pas être vigilant à ce point. D’autant que la fermeture de Saint-Vincent-de-Paul était prévue.
F. A.
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