Au magazine « Sept à Huit » de ce dimanche, entre un entretien « exclusif » avec Jérôme Kerviel, un sujet sur la prostitution de luxe dans les beaux quartiers de Paris (tarifée de 2 000 à 10 000 €, selon le site Internet de la chaîne) et un autre sur le Bengladesh (« un pays qui disparaît »), TF1 annonce un reportage sur Jean-Pascal Couraud, dit JPK, ancien journaliste, disparu dans le Pacifique en décembre 1997, alors qu'il enquêtait sur des transferts de fonds entre Tahiti et le Japon. Pour Alex W. du Prel, directeur du mensuel Tahiti Pacifique, qui épouse entre autres la thèse de la famille, JPK a été assassiné. La diffusion de ce documentaire par TF1 intervient alors que le gouvernement de Tahiti vient de donner sa démission ; une « motion de défiance » devait être votée mercredi… et ce précédent crée un vide juridique.
Présentation par la chaîne (texte tel, avec ses approximations) :
Mystère dans le Pacifique
En Polynésie, il y a 12 ans, Jean-Pascal Couraud a subitement disparu sans laisser de trace. Il était reporter, journaliste d'investigation. Sa famille est persuadée que ses enquêtes sont à l'origine de sa disparition et même qu'il a été assassiné. En septembre dernier, un nouvel élément est venu relancer l'enquête et épaissir le mystère. Lors d'une perquisition au domicile de Gaston Flosse, sénateur, ancien président de ce territoire français d'outre mer, les enquêteurs ont découvert dans un tiroir de son bureau, une lettre. Un courrier non daté et non signé qui raconte le déroulement de ce qui aurait été « l'assassinat » de Jean-Pascal Couraud par des membres du Groupement d'Intervention de la Polynésie (GIP), un service de sécurité civile qualifié par les adversaires de Gaston Flosse de « police parallèle ». Il laisse aussi entendre que le sénateur aurait été au courant de cette opération. Le document, en cours d'analyse par la justice, est présenté comme « un faux » par Gaston Flosse. Alors, Jean-Pascal Couraud a-t-il été tué ? S'est-il suicidé ? Mathilde Pasinetti et David Goeffrion se sont rendus en Polynésie et y ont notamment rencontré Gaston Flosse et la famille du journaliste disparu.
Les informations ont été mises en ligne par TF1 au moment où la première dépêche AFP sur la démission collective était diffusée, mais de nombreux éléments, depuis plus de vingt-quatre heures (au moins vendredi soir, heure de Paris), laissaient présager une crise institutionnelle.
Instabilité politique, malgré la loi organique de 2007
Un référé visant à suspendre l’exécution de la motion de défiance du 4 février doit être déposé ce lundi en Conseil d’Etat au motif de « nullité pour inexistence ». La « motion de défiance » est une spécificité locale introduite par la Loi organique 2007-1719, dite « Loi Estrosi », tendant à « renforcer la stabilité des institutions et la trensparence de la vie politique en Polynésie française » (sic !). En fait de « stabilité », voici, grossièrement résumé, en espérant que les Polynésiens ne m’en voudront pas si j’ai négligé deux voire trois étapes, ce qui a pu se passer… en cinq jours à peine, à 18 000 kilomètres de Paris, et onze heures de décalage horaire. Pour ne pas ajouter dans la confusion des esprits non initiés à la politique locale, c'est volontairement qu'il n'est pas fait mention d'un prête-nom (à particule) dont la presse locale a fait état dans une sorte de feuilleton rocambolesque.
Le 2 février, déjà, la crise couvait et le sénateur Gaston Flosse (divers droite, réélu malgré la présentation d’un candidat UMP officiel, aboubé par l'Elysée, Gaston Tong Sang), ami de longue date de Jacques Chirac, estimait « antidémocratique » de voter pour Oscar Temaru. Le 5 février, Gaston Tong Sang laissait entendre qu’il n’allait pas démissionner. Le 6, c’était au tour de M. Temaru de s’en prendre à M. Tong Sang, déclarant que Gaston Flosse avait « toute [sa] confiance »… Dans la foulée, trois ministres démissionnaient (certaines sources parlant de cinq démissions lors du conseil des ministres extraordinaire). Et samedi matin peu avant 9h (20 heures, heure de Paris), le gouvernement tout entier tombait. La presse locale « note que cette situation est inédite et qu'elle va poser un vide juridique. La question se pose en effet de savoir comment voter une motion de défiance contre un ex-président qui n'est plus en fonction », souligne l’Agence France-Presse, qui indique dans cette autre dépêche contenant une déclaration depuis la Guadeloupe du secrétariat d’Etat à l’Outre-mer, que le prochain gouvernement sera « le septième en 5 ans ».
C’est donc sur ce fond de crise institutionnelle que TF1 diffuse le documentaire sur la disparition de JPK. Mais aussi alors que Dominique de Villepin, en sa qualité de secrétaire général de l’Elysée de 1995 à 2002, a été entendu jeudi à Paris par le juge de Papeete chargé d’enquêter sur la disparition de l’ancien journaliste.
Interrogé sur son audition, M. Villepin a affirmé vendredi sur TV5 que Jacques Chirac « n'a jamais eu de compte au Japon ». Un compte supposé sur lequel JPK enquêtait lors de sa disparition, et qui était mystérieusement approvisionné depuis… la Polynésie française. Depuis la mi-janvier, Le Monde avait annoncé la venue à Paris du juge Redonnet pour février. Des documents, saisis en juin 2008 dans le 20e arrondissement de Paris, ont vu leur classification « secret défense » levée et ont été transmis au juge d’instruction en fin d’année.
F. A.
Sept à Huit
TF1, 18h45, durée 65 min.
Rediffusions annoncées dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 février, sur TF 1, à 04h05 et dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 février à 03h25 (horaires donnés en heure de Paris).
A lire :
⇒ Tahiti today
⇒ Tahiti Herald tribune
⇒ Le dossier JPK sur Tahiti Pacifique
⇒ Le site de soutien à l’ancien journaliste disparu
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