Après son arrivée au ministère de l’Intérieur (sa première, en 2002), Nicolas Sarkozy a entamé une série de lois répressives, dont les effets pervers, peu à peu, ont été mis à jour. Certains décrets d’applications n’étaient même pas parus (notamment en matière de droit des étrangers) qu’une nouvelle loi arrivait. Enquête dans le 12e arrondissement, 135 000 habitants (86 760 électeurs inscrits), 500 policiers, une population socio-économique mélangée, des quartiers très diversifiés, du Bois de Vincennes à la Bastille, où la prostitution côtoie les délits existant dans les autres endroits de la capitale.
Commissariat du 12e arrondissement. Les opérations de terrain se succèdent. Objectif : répondre aux… objectifs chiffrés du ministère de l’Intérieur. Car du chiffre, il en faut. Et si possible constater des infractions. Interpeller un fumeur de joints ou une prostituée « au travail » permet de traiter un délit. C’est plus « rentable » que le fait de simplement constater un cambriolage, sans en connaître les auteurs… Ainsi, les policiers de police alternent les coups de filet dans les squares pour de surprendre des fumeurs de cannabis, les opérations commandos au Bois de Vincennes et les descentes dans les bistrots à la recherche des sans-papiers.
Dès 2002, celui qui allait devenir cinq ans plus tard le président de la République a imposé son style : la culture du résultat et l’outil statistique comme instruments de mesure de la délinquance. Il a donné à chaque commissariat des objectifs chiffrés. Et notamment en matière d’élucidation des affaires : il faut augmenter la proportion d’affaires résolues par rapport au nombre de délits constatés. Mais cette politique entraîne des effets pervers : les policiers ont tendance à se focaliser sur les délits mineurs, dont on trouve facilement les coupables, en négligeant les délits générateurs d’insécurité qui empoisonnent la vie des riverains, comme les vols à la tire, les incivilités et les agressions… C’est ce que tente de démontrer, dans ce numéro de « Spécial investigation » (pour Canal+ et Doc en Stock), la journaliste de Libération Patricia Tourancheau, qui a suivi pendant deux semaines le travail quotidien des policiers du 12e.
A lire : L’interview de Patricia Tourancheau par Olivier Bailly, sur Agoravox
⇒ 3,113 millions de personnes étaient fichées au 31 janvier 2009 au Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED), qui en comptait 2,998 millions au 1er octobre 2008.
Cannabis, prostitution, sans-papiers : la politique du chiffre
« Spécial investigation », 20 février
Canal +, 22h25
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