Surprise des militants venus célébrer les 90 ans du Congrès de Tours, le 12 décembre dernier, aux Diaconesses, dans le 12e arrondissement de Paris: deux policiers en tenue contrôlaient l’identité des participants. Une pratique dénoncée par un communiqué publié sur le site du PRCF. Et une question écrite est posée à Brice Hortefeux, publiée le 21 décembre au Journal officiel, sur l’attitude des forces de l’ordre.
L’événement avait été annoncé entre autres ici depuis novembre: les différentes composantes de ce qui fut le Parti communiste allaient tenir meeting, le 12 décembre, rue du Sergent-Bauchat, près de la Nation, à l’occasion des 90 ans du Congrès de Tours, où fut créée la SFIC, futur Parti communiste français. L’appel était lancé par le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF, site Internet ICI) et l’Union des Révolutionnaires-Communistes de France (URCF, site Internet ICI).
Ces deux organisations ont notamment pour points communs leur création en 2004, leur attachement aux valeurs du communisme, la défense des revendications sociales, mais aussi des divergences avec la nouvelle ligne du PCF.
En théorie, ce 90e anniversaire n’aurait dû intéresser —hormis les quelque 200 participants revendiqués dans ce compte-rendu— que quelques invités, dûment accrédités.
En pratique, à en lire cette note du 20 décembre, deux policiers en tenue se sont présentés à l’entrée du meeting «courtoisement, mais en manifestant une gêne certaine» afin de relever des identité et demander des renseignements sur la réunion. Le PRCF relate aussi que Pierre Pranchère, ancien résistant, ancien député (d’avant 1958 et d’après 1973) puis par deux fois député européen, allant à son tour aux renseignements, «n’a eu pour toute réponse que l’ordre de présenter (…) sa carte d’identité qui, elle aussi, a été soigneusement recopiée».
«Au delà des communistes», écrit le PRCF, «nous espérons que les organisations démocratiques, ouvrières et antifascistes se joindront à notre protestation contre cette pratique intimidatrice bien dans la ligne d’un pouvoir dangereux, amateur de fichage, de criminalisation du communisme et du mouvement syndical de lutte, et d’espionnage de l’opposition politique.»
Dans sa question écrite, à lire ici, le député Gauche démocrate et républicaine (Nord) Jean-Jacques Candelier (qui a succédé en 2007 à Georges Hage) demande au ministre de l’Intérieur «comment il est possible qu'aient cours des méthodes d'intimidation et de fichage de l'opposition communiste […] si tous les meetings partisans font l'objet de telles opérations de surveillance, l'impression étant que, concernant les partis soutenant le Gouvernement, les forces de l'ordre se voient confier des missions de sécurité et non d'espionnage politique». Le député communiste remarque que «ce meeting était organisé de manière transparente par deux organisations légales» et note la présence sur les lieux de son prédécesseur Georges Hage, ancien doyen de l'Assemblée nationale, de Henri Alleg, écrivain et journaliste, de Jean Sanitas, héros de la Résistance, et de Léon Landini, officier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance, ancien combattant des FTP-MOI, grand mutilé de guerre.
F.A., ill. : poème attribué au pasteur Niemöller
Reprise dans LaVigie de Rue89 le 24 déc. A 17h46
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