Des manifestations sont prévues demain
Julien Coupat, trente-quatre ans, considéré par la police antiterroriste comme le principal suspect des « sabotages » de lignes de TGV, a été maintenu en détention par la chambre de l'instruction (anciennement « chambre d’accusation ») de la cour d'appel de Paris, a indiqué ce vendredi le parquet général près la Cour d’appel de Paris.
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Dans sa précipitation, le parquet de Paris a déjà réussi à placer Bordeaux en… Seine-et-Marne
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Les magistrats de la chambre ont rejeté la nouvelle demande de remise en liberté que son avocate, Me Irène Terrel, avait déposée et qui devait être examinée à partir de 14 heures. Ecroué depuis le 15 novembre, après une vague d’interpellations le 11 novembre, Julien Coupat reste l’unique détenu de cette affaire d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », après la remise en liberté sous contrôle judiciaire, le vendredi 16 janvier, de sa compagne Yldune Lévy, (domiciliée dans le 20e arrondissement) suite à deux jours d’attente, le parquet ayant fait appel.
Ce dossier — dans lequel le terme d’« ultra-gauche » a souvent été employé par les enquêteurs et la ministre de l’Intérieur — est basé essentiellement sur ce livre anonyme, dont la police estime qu’il a été écrit par Julien Coupat (publié en mars 2007 chez un éditeur bellevillois, il en avait été question ici le mois précédent sa sortie, alors que Nicolas Sarkozy était encore à l’Intérieur), et sur le « sabotage » d’une ligne de TGV, dans la nuit du 7 au 8 novembre (ainsi qu'un autre du même type en octobre). Dans les deux cas, des sortes de crochets bricolés avec des fers à béton avaient été placés sur des caténaires, endommagés au passage des trains. L’un des incidents de la SNCF s’est produit dans l’Est de la France, à 70 kilomètres du domicile de la mère de l’une des mises en cause dans le dossier.
Julien Coupat est présenté par la police, dans son rapport daté du 15 novembre 2008, comme « le chef » d’un « groupe anarcho-autonome » (sic !), donc le responsable présumé des saboteurs. Une thèse que le parquet et la parquet général semblent suivre. Pour l’instant. Par une fois, le 19 décembre, il avait été remis en liberté par un juge des libertés et de la détention, mais le parquet avait obtenu l'infirmation de cette décision. Dans leur précipitation, les magistrats avaient même situé Bordeaux en… Seine-et-Marne.
Le dossier de police fait état d’une revendication postée le 9 novembre en Allemagne et parvenue le 10 à un journal berlinois. Ce courrier n’est apparu dans la presse que mi-décembre n’indiquant pas que la police française en avait connaissance avant les interpellations.
Sur la vingtaine de personnes interpellées le 11 novembre en France (essentiellement dans le Limousin, en Normandie, en Moselle et dans le 20e arrondissement), neuf ont été déférées au parquet et mises en examen. Il s’agit de cinq femmes et quatre hommes, âgés de 22 à 34 ans. Tous sont mis en examen notamment pour « association de malfaiteurs, destructions en relation avec une entreprise terroriste ». Certains ont des griefs supplémentaires ; Julien Coupat en fait partie.
Presque tous ont été remis en liberté début décembre, le 2. Puis ce fut au tour de Yldune. Julien reste le seul emprisonné de cette mystérieuse « association ». Une autre demande de mse en liberté avait aussi été rejetée le 16 janvier, date à laquelle ces deux personnes interpellées dans le 19e arrondissement avaient été remises en liberté. Dans le couple, la femme travaillait dans un cabinet d’avocats lié au dossier, l’homme avait milité en faveur de la libération de l’ensemble des emprisonnés.
Demain samedi, plusieurs manifestations sont prévues, dont une à Paris, indique le site de soutien. Elle concerneront aussi les personnes mises en examen pour d’autres actes (tentative d’incendies de véhicules, émeutes de Villiers-le-Bel, incendie du Centre de rétention de Vincennes…) pour lesquels une centaine de personnes ont été interpellées le samedi 24 janvier.
Fabien Abitbol
⇒ La fabrique du terrorisme
Une rencontre-débat organisée par le collectif de solidarité Tarnac de Lyon avec Eric Hazan, contre la frénésie sécuritaire et l’ordre nouveau, aura lieu le mercredi 4 février 2009 à 18 heures 30, amphi Jean-Baptiste Say, Universite Lyon II quais, 16 quai Claude-Bernard, 69003 Lyon (rez-de-chaussée).
⇒ Pas de preuve contre les militants de l’ultra-gauche (Le Point, novembre 2008)
⇒ Julien Coupat, l’homme invisible, par Eric Pelletier et Anne Vidalie (L’express en ligne, 29 janvier)
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