Les franc-maçonnes sortent de l’ombre
Créée en 1945, la Grande Loge féminine de France n’avait jamais laissé entrer les « profanes ». Elle ouvre exceptionnellement ses temples parisiens aujourd’hui.
Le silence aura duré plus d’un demi-siècle. Pour la première fois depuis sa création le 21 octobre 1945*, la Grande Loge féminine de France (GLFF) ouvre aujourd’hui au public les portes de ses temples parisiens, cité du Couvent dans le quartier Charonne (11e ).
Une initiative rarissime dans un pays où la franc-maçonnerie cultive l’art du secret comme nulle part ailleurs.
Et fait l’objet de tous les fantasmes.
Avec 12 000 sœurs réparties dans 410 loges sur tout le pays (2 000 à Paris divisées en 65 loges), la GLFF est la plus grande « obédience » du monde réservée aux femmes.
Les temples en accès libre
Principale attraction de cette journée : les six temples du site, dans lesquels chaque loge (composée d’une trentaine de sœurs) se réunit deux fois par mois. Ambiance ésotérique garantie : autel, mini-colonnes romaines, sol en damier noir et blanc… Ici se tiennent les « tenues », réunions de trois heures qui constituent le cœur de l’activité des franc-maçonnes : à tour de rôle, chaque sœur y effectue un exposé sur des sujets aussi variés que les symboles maçonniques (l’équerre, le compas…), des thèmes philosophiques (la mort, la spiritualité) ou sociétaux (la laïcité, la vieillesse…). Trois regrets : aucune photo ne sera autorisée, les sœurs vous accueilleront en tenue civile, et aucun détail sur le rituel maçonnique ne sera dévoilé.
Séances questions/réponses
Pour montrer aux « profanes » les sujets sur lesquels les franc-maçonnes planchent au fil de l’année, la journée de samedi sera rythmée par 10 conférences de deux heures : « Spiritualité laïque », « L’orgueil d’être différent », « Le libre-arbitre féminin… » Puis le public pourra interroger les sœurs sur tous les sujets, même ceux qui fâchent : l’affairisme, le culte du secret, etc.
« Gagner en visibilité »
« Nous avons décidé de gagner en visibilité, explique Marie-Françoise Blanchet, ex-colonel de l’armée de terre et ancienne grande maîtresse (le grade le plus élevé) de la GLFF. Il s’agit avant tout de mettre à mal certaines idées reçues. » Pourquoi alors ne pas avoir joué la transparence jusqu’au bout ? « Parce que certaines choses doivent se vivre de l’intérieur pour être comprises. » Chassez le naturel…
Thibault Raisse, pour Le Parisien (édition Paris)
* Jour du premier vote des femmes en France.
• Journée spéciale Temples ouverts aujourd’hui de 10 heures à 12h30 et de 14 heures à 17 heures, 4, cité du Couvent (11e), M° Charonne (ligne 2). Ouvert à tout public, entrée libre.
⇒ « Je cherchais un sens à ma vie », Ginette Berber, 68 ans, retraitée, franc-maçonne depuis 14 ans
⇒ « Un lieu d’échange extraordinaire », Nathalie Naudin, 40 ans, sans emploi, franc-maçonne depuis 6 ans
⇒ Une journée à la Grande loge féminine (vidéo, 1min 58)
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