Une petite maison d’édition au cœur du 19e
Proche entre autres de République ! , passionné de Paris et des « quartiers rouges », Eric Hazan, docteur en médecine, est un éditeur pas comme les autres… Auteur de L’Invention de Paris (un essai sur le Paris populaire et révolutionnaire, paru au Seuil en 2002), il a monté en 1998 une maison d’édition indépendante dans le 19e, La Fabrique , pour lutter contre la concentration dans l’édition (il avait dû revendre la maison d’édition de son père au groupe Hachette). Demain à Lyon pour y présenter son dernier ouvrage portant sur l’occupation par l’Etat d’Israël, il sera le 10 mars à 16h à la Librairie des Orgues (87, av de Flandre, 19e), pour présenter sa maison d’édition et en débattre.
En voyant paraître successivement Maintenant, il faut des armes et L’insurrection qui vient, certains pourraient penser que la Fabrique s’est constituée en base arrière de la lutte armée à Paris, rue Rébeval. L’endroit ne serait d’ailleurs pas mal choisi puisque Rébeval fut l’un des officiers qui commandaient l’armée de grognards, de Polonais, de civils et d’élèves des grandes écoles qui défendit Paris lors de la mémorable bataille du 30 mars 1814, et que dans la rue qui porte son nom, on se battit jusqu’au bout sur l’une des dernières barricades de la Semaine sanglante, en mai 1871.
Je ne soutiendrai pas que la sortie de ces titres en ce moment précis soit liée au hasard. Ceux qui refusent de se passionner pour l’une des plus insignifiantes d’entre ces « luttes » électorales auxquelles le capitalo-parlementarisme nous a habitués, ceux-là voient bien quelle manœuvre de durcissement mènent à présent les forces de la domination. Il ne s’agit pas seulement des rafles en pleine rue, des contrôles au faciès et des arrestations d’enfants dans les écoles, comme aux bons vieux temps. Il s’agit aussi de la haine qui s’exprime, chaque jour plus vive, contre ces basanés qui n’aiment pas la France, contre ces jeunes d’outre-périphérique qui complotent dans les halls d’immeubles, contre les pauvres qui ne veulent plus travailler, contre les mauvais élèves et leurs parents, et contre tous ceux qui osent prendre ouvertement parti pour ces détestables éléments. Ceux qui propagent cette haine - politiciens, journalistes asservis et intellectuels du maintien de l’ordre - avancent masqués. Ils s’abritent derrière des valeurs, dont les unes sont boursières et les autres non : république, laïcité, culture, liberté, État de droit.Si une petite maison d’édition comme la Fabrique a un rôle, c’est celui de travailler au démontage de ces bobards. Tous nos livres, qu’ils traitent de la démocratie, de l’immigration, de la Palestine ou de l’insurrection qui vient, ont le même but : montrer où passe la véritable ligne de front. Et si nous publions Robespierre ou Blanqui, c’est parce qu’ils avaient précisément ce souci-là. De son cachot de Belle-Île, Blanqui écrit en juin 1852 : « Ils proscrivent les termes prolétaires et bourgeois. Ceux-là ont un sens clair et net ; ils disent catégoriquement les choses. C’est ce qui déplaît. On les repousse comme provocateurs de la guerre civile. Cette raison ne suffit-elle pas pour vous ouvrir les yeux ? Qu’est-ce donc que nous sommes contraints de faire depuis si longtemps, sinon la guerre civile ? ». Quand la Fabrique a publié, il y a trois ans, Chronique de la guerre civile, des amis m’ont demandé ce qui m’avait pris et de quelle guerre il pouvait bien s’agir. Gageons que la situation actuelle leur aura apporté la réponse.
Eric Hazan
Pour les ouvrages déjà parus, cliquer ici.
A paraître :
• L’insurrection qui vient, Comité invisible (128 pages, 9 €, ISBN : 2-913372-62-7, en librairie le 22 mars 2007)
• Exil et souveraineté. Judaïsme, sionisme et pensée binationale, Amnon Raz-Krakotzkin, Préface par Carlo Ginzburg, Traduit de l’hébreu par Catherine Neuve-Église (250 pages, 18 €, ISBN : 2-913372-56-2, en librairie le 22 mars 2007)
• 40 textes israéliens contre 40 ans d’occupation. Textes choisis et présentés par Michel Warschawski (250 pages, 17 €, ISBN : 2-913372-64-3, en librairie le 19 avril 2007).
• La décadence sécuritaire, de Gilles Sainati & Ulrich Schalchli (180 pages, 14 €, ISBN : 2-913372-65-1, en librairie le 26 avril 2007, juste entre les deux tours de l’élection présidentielle).
Pour être tenu informé des ouvrages à paraître :
La Fabrique
64, rue Rébeval (19e)
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Il semble que le sort en est jeté et que, sauf retournement improbable, on n'échappera pas au pire. La gauche et l'extrême gauche sont en trop mauvais état (sans parler des écologistes). Le réveil sera très dur avec un Sarkozy dont l'idéologie est plus cohérente et effrayante qu'on ne dit (rejet de la sociologie au profit du déterminisme génétique, glorification des forts, élimination des perdants). Il va falloir prendre le maquis, entrer en clandestinité, préparer l'insurrection. "Aux armes citoyens" ! Ils ne croient pas si bien dire, sauf qu'il ne faut pas faire parler les armes ( les seules armes démocratiques étant le cocktail molotov et les pavés ) mais il faudra bien former des bataillons pour se battre, oui, et durement ! La résistance sera longue sans doute mais il semble qu'on ne peut se passer de ce durcissement pour revenir au principe de réalité, crever l'abcès et dépasser nos guerres picrocholines.
Quoi, mais on n'a même pas encore voté, la démocratie ne sert-elle à rien ? En effet, l'enjeu de cette élection, c'est peut-être de montrer le danger d'une démocratie majoritaire, son caractère fascisant par construction et auquel il faudra opposer une démocratie des minorités qui refusent de se laisser écraser par la démagogie médiatique et la bêtise triomphante, mais tout cela est bien compliqué...tout autant que le dialogue , ou l’amour .
Rien de moins probable qu’une insurrection spontanée, mais rien de plus nécessaire . mais là encore il ne s’agit pas de faire n’importe quoi mais d’affirmer des institutions nouvelles , dont le revenu garanti , les institutions de la relocalisation de l’économie et du développement du travail autonome et de la construction de notre intelligence collective ( si difficile question de la démocratie et de la science depuis Socrate ) . on ne se rebelle pas par extrêmisme mais bien au non de notre intelligence et de notre humanité .
Le sacre de l’homme est un acte manqué et rien ne manque au triomphe de la civilisation , ni la terreur politique , ni la misère affective , ni la stérilité universelle . le désert ne peut plus croître mais il peut encore s’approfondir . devant l’évidence du désastre il ne convient plus de geindre ou de dénoncer mais de s’organiser pour vaincre . la situation socio économique était déjà révolutionnaire , l’élection d’ un SARKOZY et peut être une incitation au crime , en tout cas il ne faut pas que le sentiment d’injustice et de persécution se cantonne à la sphère privé mais que la colère se reconnaisse au beau milieu de la place publique comme la réalité de base d’un éruption qui ne saurait attendre était donné l’écart démentiel entre misère du présent et richesse du possible .
A propos du livre du comité invisible : l’insurrection qui vient . édition la fabrique mars 2007-
la partie critique du livre est interessante , bien que parfois trop systèmatique et trop complaisante . et quelle erreur de cracher sur les potentialité revolutionnaire de se nouveaux travail et du revenu garanti à l'ère de l'information .
surtout quand c'est pour se réfugier dans l'illégalisme le plus intenable . si cela peut être une solution pour certain , elle n'est jamais durable et ça fini toujours mal, il ne faudrait pas croire que ce sera une solution générationnelle .
la révolte des banlieues à été intéressante , dans la mesure où elle confirmait un retour des révoltés qui n'est pas près de s'arraité . mais de façon générale il n'y avait que de la rage , et la composante politique faisait défaut .
il n'y a cependant pas besoin d'amener les gens dans une impasse pour sucité une insurrection . et se prendre pour debord 40 ans après est une triste farce , l'histoire ne se répète qu'en ridicule . le sacre de sarkozy aurait bien plus de vertu pour colérer le peuple , face à l'inflation illimité du contrôle qui répond sans espoir à l'éffondrement du système , que la lesture de cette centaine de page
les seules armes démocratique étant le cocktail molotov et les pavés , il ne faut surtout pas faire parler les armes , on serait perdant à coup sur .
voilà dons un drôle de petit ouvrage , qui constitue en soi une excellente litterature , mais une impasse politique majeur , et cet absolutisation de la communauté n'inaugure rien de bon , discours de secte ordinaire avec ses arrières mondes et sa réalité invisible . le julien qui à écrit ces pages aurait mieux fait de s'abstenir en fin de compte , lui qui ne vit pas d'illegalisme , mais peu tout bonnement comter sur sa famille . un gros bébé qui refuse de grandir et se croit encore à lépoque des indiens métropolitains.
Rédigé par : sable | 15/04/2007 à 22h44
Ce genre de commentaire, malgré sa pertinence, n'a rien à faire sur ce sujet précis.
Cependant, si vous voulez faire un billet d'humeur, c'est avec plaisir qu'il sera publié.
Revenez quand vous voulez et, par précaution, allez d'abord sur la page "A propos de l'auteur", afin d'envoyer à deux adresses courriel différentes un message, afin d'être certain qu'il arrive.
Rédigé par : Le ouaibemaître | 15/04/2007 à 23h06
rien ne manque à ce petit ouvrage qui ajoute à la pertinence du propos l'exigence du style.
si, il lui manque quelque chose. une critique de la pensée d'hakim bey, une remise en perspective du concept des TAZ.
Rédigé par : alain | 21/02/2008 à 16h08
Merci pour ce petit commentaire… même un an après la publication de la note (de l'utilité de ne pas fermer les commentaires au bout d'une semaine ou d'un mois…).
Bien cordialement et revenez quand vous voulez, Alain !
Rédigé par : Le ouaibemaître | 21/02/2008 à 19h36
une pertinente critique des TAZ d'Hakim Bey à déjà été rédigé, à partir d'une même position, dans l'article "L'hypothèse cybernétique" paru dans le n°2 de la revue Tiqqun -organe de liaison du Parti Imaginaire - dont le CI constitue une fraction déterminée, son pôle révolutionnaire.
Rédigé par : untorelli | 26/06/2008 à 15h35
Voilà un sujet qui revient à l'actualité avec les sabotages à la SNCF et la mise en accusation à vitesse TGV d'un groupe dit d'ultra-gauche.
La police fera-t-elle chou blanc ?
Pour l'instant, elle n'a aucune preuve contre les personnes interpellées :
http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Faute-de-preuves-la-police-reste-prudente-dans-l-enquete-sur-le-sabotage-SNCF-_-745005--BKN_actu.Htm
Rédigé par : cath | 12/11/2008 à 22h33