La police interpelle dix personnes dans « la mouvance anarcho-autonome »
Tôt, mardi 11 novembre, la police a interpellé et placé en garde à vue dix personnes soupçonnées d'avoir commis des actes de malveillance contre la SNCF.
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Samedi, tout laissait penser qu’un « sabotage organisé » ne pouvait être organisé que par des gens connaissant la SNCF et le Réseau ferré de France
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Pour au moins deux d'entre elles, les enquêteurs ont acquis la certitude qu'elles se trouvaient à proximité des voies à 4 heures au moment des incidents. Mais le groupe était « suivi » par la police depuis des mois, en raison de son appartenance à l'ultra-gauche et « à la mouvance anarcho-autonome ». « Ils tiennent des discours très radicaux et ont des liens avec des groupes étrangers », précise l'entourage de la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, notamment en Allemagne et en Grande-Bretagne. Leur présence aurait également été signalée en marge d'une réunion du G8 en Pologne. Pour autant, ce groupe n'a jamais publié la moindre revendication.
Le leader, âgé de 34 ans, Julien, vit dans une ferme à Tarnac en Corrèze, où il a été arrêté. D'autres personnes, des jeunes nés entre 1978 et 1985, ont été interpellées à Rouen, dans le 20e arrondissement de Paris, et dans la Meuse. Aucun d'entre eux n'est cheminot. Ce groupe, qui ne porte pas de nom, faisait l'objet d'une surveillance de la sous-direction de la lutte antiterroriste de la police judiciaire depuis plusieurs mois, sur instructions de Mme Alliot-Marie. Une enquête préliminaire pour des dégradations avait même été ouverte par le parquet de Paris en avril. C'est dans ce cadre que les interpellations ont eu lieu mais l'enquête devait être requalifiée « en association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », puisqu'il s'agit cette fois « d'action concertée ».
Quatre actes de « sabotage » s'étaient produits samedi 8 novembre, entraînant d'importants retards sur 160 TGV, dans l'Oise dans les deux sens de la ligne Paris-Lille, dans l'Yonne, et en Seine-et-Marne. Le lien avec un cinquième « sabotage » avait été établi, le 26 octobre, à Vigny, près de Metz. Les auteurs de ces actes ont agi en utilisant des tiges de fer à béton, employés sur les chantiers de construction, et transformés en crochets de sorte qu'ils ne puissent plus être retirés après leur pose. Ces opérations, menées toujours de nuit, se sont toutes déroulées à proximité de ponts routiers, sans doute pour pouvoir quitter les lieux rapidement mais aussi pour des raisons techniques : parvenir à placer à 7 mètres de hauteur ces fers à béton « mousquetonnés », selon l'expression d'un gendarme. Le moment était soigneusement choisi : le premier train « ouvreur », en passant sur la voie, heurtait fatalement le crochet avec son pentographe, arrachant ainsi la caténaire avec la vitesse plusieurs dizaines de mètres.
Dès 8 heures, mardi, la ministre de l'intérieur Mme Alliot-Marie, annonçait elle-même la nouvelle des interpellations de suspects et félicitait la police et la gendarmerie de leur « diligence ». Elle ajoutait que cette opération avait été rendue possible grâce « au travail de renseignement effectué depuis des mois sur cette mouvance par la direction centrale du renseignement intérieur, et aux investigations conduites sur ce groupe par la SDAT ». Mme Alliot-Marie a souvent évoqué cette mouvance sans jamais apporter de précision quant à son profil.
Isabelle Mandraud, pour Le Monde daté du 12 novembre
⇒ Sabotages sur le réseau ferré : dix personnes en garde à vue (AFP du 10 novembre -sic !-, actualisé le 11 à 15h54).
⇒ Le sujet sur le site d’Europe 1, avec ses diverses mises à jour.
⇒ Besancenot : les actes de sabotage ne « sont pas et ne seront jamais » ceux de la LCR (AFP)
⇒ Des véritables dangers de l’extrême gauche et de l’ultra-gauche en France, par Roland Granier, professeur émérite et doyen honoraire de la Faculté d'économie appliquée à l'Université d'Aix-Marseille (janvier 2004).
Ouest-France annonce ce jour à 15h39 que les policiers ne disposent pour l'instant d'aucune preuve matérielle :
http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Faute-de-preuves-la-police-reste-prudente-dans-l-enquete-sur-le-sabotage-SNCF-_-745005--BKN_actu.Htm
Rédigé par : cath | 12/11/2008 à 16h40