Les deux bâtiments sont évacués, le retenu décédé hier était malade
Les bâtiments 1 et 2 du Centre de rétention administratif (CRA) de Vincennes (12 arrondissement), où un ressortissant tunisien a trouvé la mort hier ont commencé à être incendiés par leurs occupants en début d’après-midi, ont indiqué à l’AFP un responsable du syndicat général FO police et un autre de la préfecture de police (PP). Les bâtiments du plus grand CRA de France ont été évacués.
Selon un membre du « réseau No Vox », qui participait depuis 15h00 à un rassemblement devant le centre, « deux bâtiments étaient en feu » et « la toiture de l’un était en flammes ». Un retenu, joint par téléphone, a confirmé que les deux bâtiments étaient en feu. Une centaine de personnes « souffrent d’asphyxie » et « on va nous évacuer », a-t-il eu le temps de dire.
Julie Chancel, du Cimade (conseil d’entraide œcuménique), seule organisation habilitée à entrer dans les centres de rétention, a fait état « de cris » provenant de l’intérieur du CRA, « perceptibles par les personnes situées à l’extérieur ». Selon elle, « la Cimade n’a eu de cesse d’alerter au plus haut niveau des risques considérables d’explosion qui peuvent intervenir à tout moment dans un centre de 280 personnes non conforme à la réglementation ».
« Les deux bâtiments sont entièrement détruits et les personnes ont été évacuées dans le gymnase de l'école de police », situé dans l'enceinte du CRA, a indiqué Luc Poignant, le représentant de FO, confirmant des informations données par des membres du Réseau Education sans frontières (RESF) présents sur les lieux. La préfecture de police de Paris (PP) a confirmé à l'AFP que les retenus avaient été évacués et regroupés dans le gymnase de l'école de police.
Deux incendies se sont déclarés simultanément vers 15H45 dans les bâtiments 1 et 2 du CRA de Vincennes, d'après la PP. Les sapeurs pompiers ont mis en œuvre tous les moyens de lutte dont ils disposaient pour éteindre l'incendie et porter assistance aux retenus et aux policiers incommodés par les fortes fumées, a-t-on précisé de même source. Le centre de rétention de Vincennes compte officiellement 280 places, réparties en deux bâtiments de 140 places chacun, ce qui en fait le plus grand CRA de France.
Pour le Mrap (Mouvement contre la racisme et pour l’amitié entre les peuples), le décès d’hier est une « mort de trop est à mettre au funeste crédit de cette obsessionnelle politique cruelle, brutale et inhumaine qui criminalise l’immigration ».
Selon des renseignements recueillis auprès de RESF, deux chambres auraient été incendiées dans le courant de la nuit, dans le bâtiment n°2. Ce dimanche, vers 13h, les retenus se seraient réunis pour décider d’une action « village mort » et d’une éventuelle grève de la faim, alors que leurs camarades de galère du bâtiment 1 attendaient leur décision pour éventuellement la suivre. La même source indique que le retenu décédé hier avait demandé à la personne avec qui il partageait sa cellule de le réveiller à 15h, afin de se rendre à l’infirmerie prendre ses médicaments… mais était déjà apparemment mort à 15h.
Apparemment, car les « secours » auraient mis 30 à 45 minutes pour se rendre à la chambre. Quant au Samu, il est arrivé sur les lieux à 16h, et est resté jusqu’à 21h. En vain.
Les retenus de l’un des bâtiments, eux, auraient été obligés de demeurer dans la cour jusqu’à trois heures du matin, sous la surveillance des forces de l’ordre. Le consul de Tunisie et le préfet de police se sont rendus sur les lieux dans la soirée.
F. A., avec agences, infographie Reuters, photo M6
⇒ Evolution de la délinquance en 2007 à Paris (on trouve, à l’avant-dernière ligne de chaque arrondissement, les chiffres des « délits à la police des étrangers »)
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Mise à jour de 20 heures :
⇒ L'incendie a été maîtrisé vers 18h30, a indiqué la source qui, sur les lieux, m'avait prévenu des débuts.
⇒ Au moins 14 blessés, selon le député Brard (AFP, 19h19)
⇒ CRA de Vincennes : incendie « volontaire », pas de blessé grave (préfecture police)
L’ 'incendie dimanche au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes était « volontaire » et n'a pas fait de « blessé grave », a annoncé la préfecture de police de Paris, précisant toutefois que 20 personnes « incommodées par les fumées » avaient été hospitalisées.
« Plusieurs foyers d'incendie volontaire ont été détectés », a expliqué la préfecture dans un communiqué.
« Aucun blessé grave n'est à déplorer à cette heure », selon ce communiqué diffusé en début de soirée. « Cependant, vingt personnes incommodées par les fumées ont été transférées à l'hôpital ».
Les deux bâtiments du centre de Vincennes, le plus grand de France avec une capacité d'accueil de 280 personnes, ont été détruits dimanche après-midi dans cet incendie et les retenus évacués dans le gymnase de l'école de police, situé dans l'enceinte du CRA.
AFP, 19h31
⇒ Le centre de rétention de Vincennes ravagé par un incendie (AP, 19h41)
⇒ Bakchich.Info fait état de l’usage de flashball, en sus des gaz lacrymogènes (par la police, bien entendu…)
⇒ Mort d'un tunisien au CRA de Vincennes : l'autopsie n'a rien révélé d'anormal
L’autopsie, comme les premières constatations médicales réalisées après la mort d'un retenu tunisien de 41 ans samedi au Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, n'ont rien révélé d'anormal, a indiqué dimanche la Préfecture de police de Paris (PP).
Ce retenu tunisien est décédé samedi en fin d'après-midi au CRA de Vincennes « d'une crise cardiaque », avait affirmé samedi soir une source proche de l'enquête.
Une autopsie a été pratiquée dimanche.
« Tant les premières constatations médicales que l'autopsie, réalisée dans le cadre de l'enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales » laissant penser qu'il ne s'agit pas d'une mort naturelle, écrit la PP dans un communiqué.
L'homme « se trouvait seul dans sa chambre au moment du décès », précise-t-elle.
« Cette personne était retenue en application d'une interdiction définitive du territoire français prise par la Cour d'appel de Paris. En effet, elle était connue pour des faits de délinquance graves et réitérés, sous de multiples identités, notamment en matière de trafic de stupéfiants, de violence et de viol », ajoute la PP dans son communiqué.
AFP, 19h45
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Notes du ouaibemaître :
1/ Comment la PP peut-elle affirmer que l'homme « se trouvait seul dans sa chambre au moment du décès » ? La surpopulation des CRA est patente et, même si certaines sources indiquent que Vincennes n'avait « que » 273 retenus, c'est en totale contradiction avec le fait que le retenu aurait demandé à être réveillé pour prendre ses médicaments.
2/ comment se fait-il que « Cette personne était retenue en application d'une interdiction définitive du territoire français » ? Le ministre de l'Intérieur, M. Nicolas Sarkozy, n'avait-il pas aboli le système dit de la double peine par la loi du 26 novembre 2003 ? Il s'agissait en réalité d'un effet d'annonce, comme expliqué ici dès 2005. Un marché de dupes, dénoncé entre autres par la LDH, mais que les Villiéristes n'avaient toujours pas compris en mars 2007.
3/ Lorsque la PP dit que le corps ne comporte pas de « traces anormales », s'agit-il d'une absence de médicaments ou d'une absence de coups ? Dans le premier cas, il serait bon de se justifier. Dans le second cas, cette précision était superfétatoire ! La police française a-t-elle pour habitude de maltraiter les étrangers, notamment en rétention ?
je vais me faire l'avocat du diable mais :
- l'homme se trouvait peut être seul au moment de sa mort… le « voisin » n'est peut être venu qu'à 15h et il serait mort avant… et pourquoi croire une personne plus qu'une autre ?
- la double peine s'appliquerait si il était en situation régulière avec un casier chargé… mais ce sont deux choses différentes.
- votre ironie est border line… la conclusion de l'autopsie est normale, si rien n'est suspect. le toubib ne va pas préciser : "pas de traces de coups portés par des policiers" ! même si à 41 ans, il est rare de mourir de mort naturelle (sauf si il avait une pathologie cardiaque et dans ce cas, le fameux médicament indiquerait si c'était connu ou pas)… un stress excessif pourrait aussi expliquer cela.
bref, tout ceci est dramatique..."ce n'est pas une révolte, sire, c'est une révolution !"
Rédigé par : l'affreuse UMP au webmaitre | 23/06/2008 à 03h22
Quelle tristesse.
Inégalité, déni de justice, brutalités.
Rédigé par : raannemari | 23/06/2008 à 09h28
Et en plus un porte-parole de l'UMP s'en prend à RESF !
A quand des centres de rétention pour les défenseurs des sans-papiers.
La France a de plus en plus une odeur nauséabonde.
Et les effluves commencent à se répandre chez nous où ils séduisent certains aussi.
Rédigé par : raannemari | 23/06/2008 à 12h15
En cliquant sur le lien "maltraiter les étrangers", vous comprendrez pourquoi.
Par ailleurs, après l'évacuation, hier, le responsable du groupe des Tunisiens a expliqué que tout le monde savait que cette personne était malade et nécessitait des soins réguliers et permanents.
Rédigé par : Le ouaibemaître | 23/06/2008 à 17h06
"sauf si il avait une pathologie cardiaque", dites-vous avec raison, alors dans ce cas cette personne n'avait pas sa place dans un centre de rétention et puis, merde à la fin, sous quel régime sommes nous ?
réveillons nous !
Rédigé par : André974 | 23/06/2008 à 17h15
André, nous sommes dans un état de droite, je crois, du moins officiellement.
Rédigé par : Fabien | 23/06/2008 à 17h20
Le député en question, Anne-Marie, est l'ancien attaché parlementaire du député Sarkozy. Celui dont l'amendement sur la régularisation sur le travail est passé à l'unanimité en octobre 2007.
Je l'avais souligné ici :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2007/10/le-parlement-ou.html
à l'époque.
Rédigé par : Fabien | 23/06/2008 à 17h24