Ménilmontant, mais oui madame...

Belzec

Il n’y a pas que Sarko ce soir…

Il est possible, ce soir, tout en restant sur le service public, de passer une intéressante soirée, mi-divertissante, mi-sérieuse, sans voir la soirée consacrée à la crise, qui commence (entre autres) sur France 2 à 20h15 par une page de communication présidentielle de 90 minutes pour continuer avec un débat de 60 minutes. Sur France 4, Good Morning Vietnam commence à 20h35 pour finir à 22h30. Restera environ un quart d’heure d’attente, le temps que France 2 en finisse avec son débat animé par Yves Calvi, pour regarder, à 22h45, un film documentaire fort peu diffusé, en novembre 2005, lors de sa sortie en salles : Belzec.

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Au camp de Belzec, des prisonniers, membres des Sonderkommados
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Belzec, ce camp où 400 000 à 600 000 personnes furent déportées, ne doit pas son choix géographique au hasard. C’est aussi une trace indiquant que, au-delà de la barbarie de la « solution finale » (les « douches » y ont commencé dès la mi-mars 1942), il fallait dès la fin 1943 faire disparaître toute trace, puis replanter des pins, comme si de rien n'était. A partir de juin 1943, les convois de l’Opération Reinhard partaient pour Sobibor. Parmi les camps d’extermination, Belzec, l’un des plus méconnus, détient un triste record : celui du rendement. Il ne faisait que 257m sur 263 et a fonctionné pendant trois trimestres « seulement ». Peut-être 200 000 morts par trimestre, au moins 50 000 morts par mois. « Il ne restera pas grand chose des juifs. Globalement, on peut dire qu’environ 60 pour cent d’entre eux devront être liquidés alors que 40 pour cent peuvent être utilisés pour le travail forcé. », écrivait Goebbels le 27 mars 1942.

Sorti discrètement en salles le 23 novembre 2005, diffusé pour la première fois sur Canal + le 27 novembre 2006 à… 4h10 (!), ce film de Guillaume Moscovitz a reçu, en 2007, un prix de la société civile des auteurs multimédia (SCAM).

Belzec
Guillaume Moscovitz
France 2, 22h45, 100 minutes
DVD 2 zones ici, trois vidéos par là.

⇒ Sarko : ce soir on éteint la télé ?

L'ancien criminel nazi Aribert Heim serait mort en 1992

Le criminel de guerre nazi Aribert Heim, considéré encore l’été dernier comme toujours en vie, serait mort au Caire (Egypte) à l’issue des Jeux Olympiques d’été de Barcelone, le 10 août 1992, après s'être converti à l'islam, explique le site de la ZDF. La télévision publique allemande doit diffuser ce jeudi à 21h un documentaire sur le criminel autrichien qui se faisait appeler Tarek Farid Hussein.

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Le documentaire réalisé par la ZDF en partenariat avec le New York Times sera diffusé ce jeudi à 21h00 sur la chaîne allemande
photo : ZDF
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La ZDF a enquêté avec le New York Times. Elle explique sur son site avoir découvert que Heim, le « docteur la mort », avait passé près de trente ans au Caire et qu’il s’était converti à l’islam dans les années 1980, sous le nom de Tarek Farid Hussein.

Accusé d'avoir tué des centaines de prisonniers du camp de Mauthausen (Autriche) en leur injectant des toxines dans le cœur, Aribert Heim était introuvable depuis sa disparition d'Allemagne de l'Ouest en 1962, alors qu'il devait être poursuivi en justice. Il avait notamment pratiqué la vivisection sur des victimes et conservé le crâne d'un homme qu'il avait décapité.

S’appuyant sur le témoignage de son fils Rüdiger Heim, qui explique s’être occupé de lui au Caire après une intervention chirurgicale en 1990, la ZDF déclare qu'il est mort d'un cancer le 10 août 1992, à l'âge de 78 ans. L'enquête a permis la découverte de plusieurs centaines de documents conservés par Heim dans sa chambre d'hôtel du Caire. Il vivait de sommes d'argent transférées à intervalles irréguliers par sa sœur, précise la télévision, argent provenant d'une propriété berlinoise en location et lui appartenant. Car Heim possédait un immeuble d'habitation à Berlin, dont il tirait toujours des revenus au moins à la fin des années 70, collectés par Herta (sa sœur), qui s’occupait de le faire vivre. Récemment, en 2007, il percevait encore sa retraite, sur le compte d’une filiale de la caisse d’épargne de Berlin (Berliner Sparkasse, compte numéro 0063282107, doté pendant un temps de plus d’un million de dollars). Personne ne l’avait déclaré mort.

Les détails de l'enquête doivent être publiés dans l'édition de jeudi du New York Times et dans un documentaire diffusé à 21h par la ZDF.

Ancien membre de la Waffen SS, Aribert Heim avait longtemps été en deuxième position sur la liste des criminels nazis les plus recherchés au monde, après Aloïs Brunner, comme l'un des principaux artisans de la « solution finale ». Une fois Brunner présumé mort à Damas (Syrie), voici une dizaine d'années, il prit la place de numéro 1… alors qu’il était peut-être déjà décédé. Il était recherché par l'Allemagne, l'Autriche et l'Espagne, et une prime totale de 315 000 € était promise pour des informations conduisant à son arrestation.

A. L.

⇒ L’avis de recherche de Aloïs Brunner et Aribert Heim diffusé en 2007 par la justice autrichienne, bien que Aloïs Brunner, né en Hongrie en 1912 et condamné par la France en 2001 à la réclusion perpétuelle, soit vraisemblablement décédé à la fin des années 90.

Questions au centre Simon Wiesenthal

Le chasseur de nazis Efraim Zuroff, directeur du centre Simon Wiesenthal, a dit ne pas avoir encore vu les documents cités par la ZDF. Même s'il semble qu'il y ait « tout à fait une forte possibilité » qu'ils indiquent qu'Aribert Heim soit mort au Caire il y a 16 ans, ils doivent encore être examinés par des experts, a-t-il prévenu.

Si l'information devait être confirmée, « la police allemande aura une très importante enquête sur les bras pour poursuivre les personnes qui ont aidé Aribert Heim à échapper à la justice », a-t-il ajouté.

Restant prudent, Efraim Zuroff a noté que le fils du Dr Heim avait auparavant assuré que le seul contact qu'il ait eu après la fuite de son père en 1962 était deux messages apparus dans la boîte aux lettres familiale et qu'il ignorait absolument s'il était mort ou vivant. « Soit il ment maintenant, soit il a menti avant, et il a beaucoup d'intérêt dans tout ça donc tout ce qu'il dit doit être pris avec un certaine dose de scepticisme et de suspicion », a-t-il déclaré dans un entretien à l'Associated Press depuis Jérusalem. « Et le plus important manque : le cadavre. Il n'y a pas de tombe, il n'y a pas de corps, il n'y a pas de tests ADN », a-t-il souligné.

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Mise à jour du 5 février à midi
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⇒ La cellule spéciale d’enquête de la police allemande va rechercher les restes du cadavre. Aribert Heim ne peut pas être déclaré officiellement mort. Si la police a refusé de confirmer ce décès, elle a indiqué que le reportage de la ZDF « recoupait les informations les plus récentes des autorités » allemandes.

Sarkozy s’offre trois chaînes (et une radio)

Selon Europe 1, Nicolas Sarkozy doit intervenir jeudi à la télévision, interrogé par des journalistes de trois chaînes : Laurence Ferrari (TF1), David Pujadas (France 2) et Guy Lagache (M6). Depuis le 29 au soir, il était annoncé sur TF1 et France 2. Mais il sera aussi sur RTL…

L’intervention, indique la radio du groupe de Arnaud Lagardère, a été « décidée après la journée de mobilisation de jeudi dernier qui a rassemblé un à deux millions de manifestants ».

L’émission, qui devrait débuter à 20h15 et durer 70 à 90 minutes, ne tournera que sur des thèmes économiques, selon les souhaits du président, qui semble avoir choisi d’y adjoindre un journaliste de radio en la personne de Alain Duhamel (RTL).

Samedi, le principe d’une intervention était largement relayé, toujours en indiquant TF1 et France 2 uniquement, et sans confirmer la date. Maintenant que la date est confirmée, le président Sarkozy a de plus grandes vues.

La crise financière, ses causes et ses solutions seront au menu de ce « Face à la crise ». En s’invitant sur M6, Nicolas Sarkozy montre son intérêt pour « le seul secteur qui ne soit pas aidé en France », selon Nicolas de Tavernost, le patron de M6.

Pour sa première intervention télévisée depuis la suppression de la publicité sur le service public dans la tranche 20h-6h00, le président a choisi de bousculer, sur France 2, une émission bien ancrée : Envoyé Spécial…

Dati, Joly, et les autres…

A l’occasion de la Journée internationale de la Femme (qui aura lieu le dimanche 8 mars), ARTE propose une programmation spéciale sur les femmes et leur place dans la société, du 3 au 8 mars 2009.  Au menu, indique un communiqué, deux soirées THEMA (le mardi et le dimanche), un documentaire sur Eva Joly et un autre sur Sonia Wieder-Atherton. L’occasion aussi pour la chaîne franco-allemande de faire un curieux télescopage, avec un portrait de Rachida Dati et un autre de Eva Joly, les deux devant être candidates (en 2e position) en région Ile-de-France pour les prochaines européennes. Eva Joly sera moins exposée, puisqu’elle passe uniquement sur la TNT, le câble et le satellite.

⇒ Mardi 3 mars :
THEMA « Les femmes sont-elles des hommes politiques comme les autres ? »
20h45 : Dati l’ambitieuse
Documentaire de Taly Jaoui et Antoine Vitkine (2009, 40mn)
Coproduction : ARTE France, Doc en Stock
Née de parents immigrés dans une banlieue pauvre, devenue ministre de la Justice, Rachida Dati est-elle un symbole d’intégration ou un cas particulier ?
21h30 : Elles veulent changer le monde…
Documentaire de Marissa Cattini, Fabrice Gardel et Cathy Mespoulède (2009, 40mn)
Coproduction : ARTE France, Doc en Stock
La femme est-elle l’avenir de la politique ? Entre débats enthousiastes et éclats de rire, rencontre avec les participantes du Women’s Forum qui s’est tenu à Deauville en octobre dernier.

⇒ Samedi 7 mars
17h15 : « Biographie »
Eva Joly : une justice malgré tout
Film de Hege Dehli (2008, 43mn)
Coproduction ARTE France – L’Envol Productions - Mechanix
Un portrait étonnant de l’intrépide magistrate franco-norvégienne.

⇒ Dimanche 8 mars
19h00 : « Maestro »
A l’Est avec Sonia Wieder-Atherton
Réalisation : Chantal Akerman (2008, 43mn)
Coproduction : ARTE France, AMIP-RCP, Chemah I.S., Cléa Productions
Sonia Wieder-Atherton est aujourd’hui l’une des rares femmes violoncellistes et l’une des plus puissantes personnalités musicales actuelles. Ce concert reflète la richesse de son répertoire et l'intensité de son investigation musicale.

⇒ Dimanche 8 mars
THEMA « Etre femme »
20h45 :  « Une affaire de femmes » de Claude Chabrol (1988, 103mn), avec Isabelle Huppert, François Cluzet et Marie Trintignant.
22h30 : La lune en elles, un secret trop bien gardé
Documentaire de Diana Fabianova (2008, 80mn)
Coproduction : ARTE G.E.I.E., Avenue B, UBAK
Diana, jeune trentenaire slovaque, s’interroge sur ses règles. Débute ainsi une quête opiniâtre aux racines mêmes de la féminité, un questionnement sur la place de la femme dans nos sociétés. Avec l’intervention d’universitaires, médecins, philosophes et anthropologues.
23h50 : « La Lucarne »
Pour l’amour de Sandeep (Searching 4 Sandeep)
Documentaire de Poppy Stockell (Australie, 2007, 55mn)
Production : Galloping Films
En Australie, Poppy, 28 ans, la réalisatrice, se sent seule. Sur un site Internet gay, elle rencontre Sandeep, une jeune femme de 31 ans.

Little Wenzhou : un effet… bœuf

Alors que viennent de débuter, dans le monde entier, les cérémonies du Nouvel An chinois (2009, année du bœuf…, dont les festivités franciliennes sont détaillées ici), France 3 diffuse ce soir une fiction atypique mettant en scène une « minorité visible » que l’on ne voit quasiment jamais à la télé… Little Wenzhou, le téléfilm inédit de Sarah Lévy, n’est peut-être pas la fiction du siècle, elle contient sans doute quelques invraisemblances (faute de moyens, elle n’a pas été tournée à Paris et est censée se dérouler chez les Ch'tis) mais elle a au moins le mérite d’exister, et de soulever certaines questions. Cette fiction a obtenu le Prix de la Découverte au 10e festival de la Fiction TV de La Rochelle 2008.

L’histoire :
Comme des milliers d'autres avant elle, la jeune Xiu Yan a quitté sa Chine natale pour venir travailler en France. Elle arrive dans un petit quartier chinois de la région lilloise, dénommé Little Wenzhou (comme la métropole du même nom d’où sont originaires beaucoup d’habitants de Belleville, Ménilmontant et du 13e arrondissement), avec un objectif en tête : rembourser la dette contractée par ses parents pour payer son passage en France. Elle et se fait engager dans l’institut de beauté que dirige d’une main de fer Madame Deng, véritable tyran, qui va jouer sur son « statut » de sans-papiers, entre autres. Ne serait-ce que pour lui « proposer » un salaire de cinq euros de l'heure… Xiu Yan travaille beaucoup et découvre avec curiosité son nouvel entourage, sur lequel elle ne tarde pas à imposer sa personnalité et son charme, au sein de la petite communauté.

Peu à peu vont se révéler des conflits entre les « enfants bananes » (les Français d'origine chinoise « jaunes à l'extérieur et blancs à l'intérieur », partagés entre la culture de leurs parents et leur mode de vie à l'occidentale), et les Chinois immigrés, profondément ancrés, eux, dans leur culture. Peu importe que le chat soit blanc ou gris, du moment qu'il croque la souris, dit le sage.

A travers l’histoire d’une jeune fille venue de Chine pour travailler en France dans un quartier chinois de la région lilloise, Little Wenzhou révèle, promet-on, « avec humour et dérision, la confrontation entre les émigrés de la Chine ancestrale et éternelle et ceux de la nouvelle génération, influencés par la civilisation occidentale et qui s’adaptent aux mœurs de leur pays d’adoption. » Pour la réalisatrice, Sarah Lévy, loin de l’exotisme de pacotille, Little Wenzhou est une histoire universelle, une comédie sentimentale dont l’action se déroule dans un quartier imaginaire. « J’espère que ce film permettra de connaître un peu mieux ces Français que nous côtoyons tous les jours et dont les ancêtres n’étaient pas plus gaulois que ceux de la majorité d’entre nous ». L’interprète principale, Yin Hang, qui était au cours Florent à Pékin de 2005 à 2006, puis au même cours Florent à Paris en 2007 et 2008, semble avoir une carrière prometteuse. Les amateurs de Plus Belle la vie reconnaîtront en elle Daravanh, un personnage apparu en 2008. Passionnée de cyclisme, de roller et de natation, elle a aussi été présentatrice pour la télévision chinoise BTV6.

Little Wenzhou, lors de sa projection voici deux semaines à la SACD, a été le coup de cœur de la Commission télévision.

F. A., photo : France 3

Little Wenzhou
Téléfilm inédit – 93 min.
Réalisé par Sarah Lévy d’après une idée originale de Cheng Xiao-Xing et Sarah Lévy
France 3, 29 janvier, 20h35
Avec : Yin Hang (Xiu Yan), Hélène Patarot (Madame Deng), Marisa Commandeur (Lei, la fille cadette de Madame Deng), Boramy Tioulong (Monsieur Deng), Elodie Yung (Su),…

Autres diffusions : samedi 31 janvier 2009 sur TÉLÉ NOUVELLE-CALÉDONIE (22h05), mercredi 4 février sur TÉLÉ GUYANE (20h00), mercredi 4 février sur TÉLÉ MARTINIQUE (20h05) et mercredi 4 février sur TÉLÉ GUADELOUPE (21h10)

Julien Kouchner embauché chez Hervé Chabalier

Hervé Chabalier et Bernard "Gridaine" Kouchner faisaient Médecins de nuit

Julien Kouchner, fils aîné du ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner et de Mme Evelyne Pisier (professeur de droit à l’Université de Paris 1), a été nommé directeur général délégué du groupe de production audiovisuelle CAPA, indique dans cette brève la lettre CB News, dirigée par Christian Blachas.

Né en 1970, Julien Kouchner s’était essayé au cinéma dans Le Bal du gouverneur, de Marie-France Pisier, comme son père qui, au travers de la mythique série télévisée Médecins de nuit travailla avec… Hervé Chabalier, le nouvel employeur de Julien Kouchner, qui, à 38 ans révolus, se voit confier par le fondateur de CAPA la mission d'adapter le groupe aux « nouveaux enjeux de l'industrie audiovisuelle », par une « diversification des activités », et de réfléchir à « l'évolution capitalistique » de l'entreprise, actuellement détenue à 67 % par Hervé Chabalier, qui en est toujours le P-D-g.

Ingénieur des travaux publics, diplômé de l'école spéciale des travaux publics (ESTP) et de l'université du Texas, le fils du ministre est président de la commission Marketing et Stratégie du GESTE (Groupement des éditeurs de services électroniques).

Il était Directeur d’activités Internet au groupe de presse Le Moniteur et y a développé une importante activité Internet et numérique.

⇒ Médecins de nuit sur Wikipédia

⇒ Fils de politique, sur BakchichInfo (mai 2008)

⇒ Hervé Chabalier est l’auteur de Le Dernier pour la route (2004, sorti en décembre 2005 chez Pocket), où il raconte ses déboires avec l’alcool, dont la transposition au cinéma est en cours, après le retour en arrière de Christian Clavier.

CSA : Laborde, Kelly et Gabla

Deux femmes journalistes et un ingénieur pour « diversifier » le CSA

Alors que le loi sur la réforme de l’audiovisuel public, qui retire au moins le pouvoir de nomination des responsables des chaînes publiques au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) n’est pas encore votée (mais que la suppression de la publicité de 20h à 6h est entrée en vigueur le 5 janvier), trois nouvelles têtes ont été désignées hier et aujourd’hui pour y siéger. Le CSA remplace, depuis ce mois-ci vingt ans, la CNCL, qui a elle-même remplacé, trois ans durant, la Haute autorité de la communication et de l’audiovisuel (HaCA), présidée par Michèle Cotta.

Hier, Emmanuel Gabla, ingénieur des télécommunications, a été désigné par le président de l'Assemblée nationale (Bernard Accoyer, UMP), en remplacement de Christian Dutoit, en fin de mandat, qui s’occupait de l’international. Ce samedi, deux journalistes, toutes deux des femmes, ont été désignées. Françoise Laborde (France 2) a été nommée par le président Sarkozy en remplacement de Agnès Vincent-Deray (qui avait en charge la protection des mineurs) et Christine Kelly (LCI) a été désignée par le président du Sénat (Gérard Larcher, UMP), pour remplacer Elisabeth Flüry-Hérard, qui avait en charge l’économie, la concurrence et les affaires européennes (et un œil sur le chantier numérique).

Le CSA, qui se renouvelle par tiers tous les deux ans, traverse pour le vingtième anniversaire de sa troisième mouture (la Haute autorité de l’audiovisuel, présidée par Michèle Cotta, remonte, elle, à 1982) une période mouvementée. Il est composé de neuf membres.

La version finale du projet de loi de réforme de l'audiovisuel public doit passer à l'Assemblée début février, vraisemblablement le 3, et la nomination des présidents de France Télévisions et de Radio France reviendra alors directement au chef de l'Etat (après avis conforme du CSA et du Parlement), ainsi que leur révocation, qui jusqu’à présent n’existait pas. Le CSA est présidé par Michel Boyon, un énarque davantage au service de l’Etat que de la communication : il a été P-Dg de Radio-France de 1995 à 1998 et n’a connu l’AFP et France 2 que par leurs conseil d’administration, respectivement de 1994 à 1998 et de 1993 à 1996. Ce « proche du sérail », ancien collaborateur de François Léotard comme de Jean-Pierre Raffarin, n’aura vraisemblablement aucun mal avec la recrue de l’Assemblée nationale : il s’agit d’une personnalité connue du Club XXIe siècle, que l’Obs appelle « Le très sélect club des minorités », dont fait partie l’ancien Premier ministre.

Et les nouveaux sont…

Emmanuel Gabla, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est diplômé de l’école Polytechnique et de Télécom Paris ; il a été conseiller technique de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, puis directeur-adjoint du cabinet de Patrick Devedjian (ministre délégué à l'Industrie, 2005), avant de rejoindre la direction du service des technologies et de la société de l'information à la direction générale des entreprises (DGE), dont les statuts ont été modifiés du fait de l’arrivée de… Patrick Devdjian à la Relance, ce par un décret du 12 juillet 2009.

Agé de 40 ans, né en Alsace d’un père « d’origine togolaise » et d’une mère lorraine, il pourrait servir de jonction entre le CSA et l'autorité de régulation des télécoms (Arcep), dont il est question depuis fin 2006, même si, à la Haute assemblée, on ose critiquer cette orientation. Mais ce choix est, du moins officiellement, celui du président de l’Assemblée nationale.

Le choix du président de la République s’est porté sur une femme beaucoup plus médiatique, et que l’on ne voyait plus que le matin sur les écrans, depuis l’été dernier, sauf à « descendre » dans le Gers : il s’agit de Françoise Laborde. Agée de 55 ans, Françoise Laborde est un visage connu du paysage audiovisuel français (PAF), et a exercé à la télévision privée comme dans le service public. Presque chaque jour ouvré, elle présentait le matin « Les 4 vérités » (pour y recevoir surtout des invités politiques) dans Télématin, en alternance avec Catherine Ceylac qui, en fin de semaine, présente « Thé ou Café », une émission beaucoup plus longue (52 minutes). Elle a assuré (et assumé) le rôle de « joker » pour les jités de 13h00 et de 20h00 la deuxième chaîne, jusqu’avant l’été 2008. Fille de viticulteurs, elle a vécu quelque temps à Washington, puis à Bruxelles, où elle a collaboré (à partir de 1979) à la revue Europolitique, aujourd’hui disparue et transformée en brèves diffusées sur Internet et en informations sur abonnement. Parallèlement, elle a débuté sa carrière audiovisuelle pour RFI. Puis, rejoignant Paris, elle est allée à RMC, avant de passer à TF1 encore publique (1986), d’y rester lors de la privatisation (1987), puis de passer sur France 3 en 1993 et France 2 en 1995.

Elle est l’auteur d’une petite dizaine d’ouvrages, dont Pourquoi ma mère me rend folle (2002, Ramsay), où elle raconte la maladie d’Alzheimer de sa mère. Outre le fait d’avoir une sœur aînée, Catherine, qui présente la météo sur TF1, François Laborde, parisienne de la rive gauche, a également une « résidence secondaire » dans le Gers, à Saint-Mons (à peine plus de 300 âmes ; on y célèbre le vin en mars) : le château-monastère de Saint-Mons. Elle est, entre autres, officier du Mérite agricole.

Agée de 39 ans, Christine Kelly (Christine Tigiffon pour l’état civil antillais) est l'une des rares présentatrices noires du PAF. Sa nomination était attendue, bien que l’on ne sache pas sur quel « contingent » elle arriverait au CSA. Après avoir travaillé à Archipel 4 (télévision privée de l’homme d’affaire Jacques Fahed) et à RFO Guadeloupe (archipel où elle a grandi), comme animatrice et productrice, elle a migré vers RFO Martinique. Elle s’est ensuite rendue à Bordeaux, où elle a suivi des cours à l’IUT de journalisme (1996, année spéciale), et a décroché son diplôme en 1997 (au nom de Tigiffon). Sélectionnée pour le concours Francis Bouygues, elle officie à LCI depuis 2000. Son dernier poste, la présentation des informations matinales du week-end, aura duré le temps du clash, soit à peine plus que son mariage avec le patron d’une compagnie aérienne après qu’elle été hôtesse de l'air. Christine Kelly a également travaillé pour RFO Paris, pour le groupe Canal et pour France 3.

Parmi ses livres, un ouvrage sur François Fillon (…Le secret et l’ambition, éd. du Moment, 2007, pour lequel elle avait quitté l’antenne) lui a valu le prix de la biographie politique 2008. Christine Kelly a notamment reçu le prix des Black World Victories et le prix Africagora, pour sa contribution à l’intégration professionnelle des minorités ethniques. Christine Kelly est un visage moins connu du PAF, puisqu’elle a exercé pour des locales, pour RFO et pour une chaîne d’information câblée du groupe Bouygues, mais son « choix » était une figure imposée : elle figurait déjà parmi les favoris pour être le « joker » de Patrick Poivre d’Arvor sur TF1, mais ce fut Harry Roselmack qui fut choisi.

Avec Rachid Arhab, membre du CSA théoriquement jusqu’en 2013 et Emmanuel Gabla, qui y fait son entrée, le Conseil, amputé d’une partie de ses prérogatives, aura ainsi sur neuf membres trois représentants des « minorités visibles ». Deux sont journalistes, deux sont noirs (un d’Alsace, l’autre de Guadeloupe), une est femme, et un est né en Algérie… et une bordelaise, fille de vignerons, nommé par un homme qui ne boit jamais. Il y en a qui suivent ?

Fabien Abitbol, photo 7sur7.be

⇒ L’actuelle composition du CSA

⇒ Renouvellement d'un tiers des membres dans un contexte houleux

Elkabbach va quitter Public Sénat

Jean-Pierre Elkabbach ne briguera pas un quatrième mandat à la tête de la chaîne de la TNT gratuite Public Sénat, après « une décision personnelle prise l'été dernier à Tanger », a-t-il indiqué à l'AFP, confirmant une information de La correspondance de la presse.

Après l’annonce erronée du décès de Pascal Sevran, en avril 2008, Jean-Pierre Elkabbach -tout en continuant à diriger Public Sénat depuis 1999- avait quitté la direction d’Europe 1, où il poursuit toujours ses interviews. Il a été remplacé, à la tête de la radio, par Alexandre Bompard.

Pour en savoir plus, cliquer ici.

Ténors du barreau

Etrange hasard de l’actualité. A l’heure où le président Sarkozy sème le trouble dans le monde judiciaire et politique jusque dans son camp (y compris chez la garde des Sceaux qui a reconnu au Sénat que la réforme annoncée hier « a suscité beaucoup d'interrogations » et a promis « la plus grande concertation »), France 2 avait programmé en deuxième partie de soirée un documentaire inédit intitulé les ténors du barreau…

Dans ce documentaire de Olivier Pighetti, il n’y sera bien sûr pas question de la suppression du juge d’instruction ou de son remplacement par un « juge de l’instruction ». L’occasion de suivre, pendant des mois, Eric Dupond-Moretti (photo), Edouard Martial et Gilbert Collard. Ces trois « pointures » sont connues pour avoir plaidé des affaires fort médiatisées.

Le premier, un des grands pénalistes actuels, a fait récemment la une avec l’affaire d’Outreau ; le second s’est illustré dans l’affaire Alègre, le troisième, qui a quitté Marseille pour Vichy et s’est aussi lancé dans la politique, dans celle de l’Arche de Zoé (et il travaille officiellement aussi sur l’affaire Jean-Paul Ney, moins médiatisée).

Mes Collard et Martial sont co-auteurs de L'étrange Affaire Alègre (juin 2005, Rocher).

Pour lire la critique de Télérama, cliquer ici.

Ténors du barreau
France 2 – Jeudi 8 à 22h 40 (inédit, 90 min.)
Autres diffusions :
Samedi 10 janvier : France 2 : 04h35
Dimanche 11 janvier : TEMPO RÉUNION 21h45
Dimanche 11 janvier : TEMPO POLYNÉSIE 21h50
Dimanche 11 janvier : TEMPO NOUVELLE-CALÉDONIE 21h50
Dimanche 11 janvier : TEMPO GUADELOUPE 22h05

La nuit de la fausse pub

Initiée en France par Les Nuls (blogue non officiel ici), la parodie publicitaire est aujourd'hui devenue un classique de la plupart des humoristes. Afin de revivre les sketches les plus mythiques de Kad et Olivier, Manu Payet, Jonathan Lambert ou, bien sûr… des Nuls, La Nuit de la fausse pub propose une grande rétrospective des meilleurs détournements de publicités télévisées. C’est ce soir et sur TF6, la petite chaîne généraliste filiale de TF1 et M6, les deux chaînes qui vont le plus profiter, dès janvier, de la suppression… de la vraie publicité, le soir, sur le service public.

Le producteur n’est autre que Dominique Farrugia (un ex-Nul ne pouvait être plus approprié), via la société de production Good TV, récemment lancée avec un ancien de la société Endemol France.

On y trouvera aussi des bandes annonces de cinéma. Intervenant dans des sketches eux aussi parodiques, Anne-Gaëlle Riccio et Olivier Minne -les deux animateurs de Fort Boyard- testeront les « vérités » supposées des grands classiques de la pub.

Une sélection inégale, des lancements de la part des animateurs, qui tombent parfois à plat, mais on prend du plaisir à voir ou revoir ces parodies devenues, pour certaines, « cultes ».

La Nuit de la fausse pub
Lundi 29 décembre
TF6 – 20h45 – durée : 90 min.
TNT, câble, satellite