En février 2007, Nicolas Sarkozy souhaitait davantage de publicité à France Télé
Ainsi que le souhaitait le Livre blanc de TF1, l'Assemblée nationale a adopté hier en fin d'après-midi le projet de loi sur l'audiovisuel public, en procédure d’urgence, par seulement 293 voix pour et 242 contre. Le rôle de TF1 dans la décision du président Sarkozy avait été évoqué voici huit jours sur RTL par Nonce Paolini, le P-Dg de la première chaîne.
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Moins de vingt-quatre heures avant le vote de l'Assemblée, des élus de l'opposition parlementaire ont brandi des pancartes blanches sur lesquelles figurait en noir le logo de l'« ORTS », Office de radio et télédiffusion sarkozyste…
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Le texte doit maintenant passer au Sénat à compter du 7 janvier (après le trêve des confiseurs), soit deux jours après l’une des trois principales mesures de ce texte, la suppression progressive de la publicité sur le service public, décidée mardi par le Conseil d’administration de France Télévisions par 9 voix contre 2 (une abstention), qui entrera en vigueur le 5 janvier à 20 heures. Il ne retournera pas à l’Assemblée nationale, puisqu’il s’agit d’un texte adopté dans l’urgence.
Finalement, la ministre de la Culture n’a pas usé du décret, le Conseil d’administration de France Télé, suite à une missive de Christine Albanel à Patrick de Carolis, ayant « pris les devants », le couteau sous la gorge, bien que des voix se furent élevées, dans la maison comme à l’Assemblée.
Hier, l'UMP n’a pas a voté d’une seule voix, certains députés n’ayant pas participé au vote ; dix députés du Nouveau Centre (Charles-Amédée de Courson, Jean Dionis du Séjour, Raymond Durand, Philippe Folliot, Jean-Christophe Lagarde, Mme Colette Le Moal, MM. Jean-Luc Préel, François Rochebloine, François Sauvadet et Francis Vercamer) ont voté contre le texte, tout comme l'opposition, quatre se sont abstenus et trois n’ont pas pris part au vote, sur les vingt-trois députés que compte ce groupe allié à l’UMP, indique le décompte du scrutin ; ce qui signifie que seulement six ont voté pour. Une première pour le parti fondé par « Hervé Morin, traître », pâle copie d’une série télévisée adaptée de la littérature franco-belge de Béatrix Beck, prix Goncourt 1952, décédée le 30 novembre dernier dans la plus grande dicrétion.
Au Sénat, l'UMP n'a plus la majorité absolue depuis le dernier renouvellement… il devra donc composer. A l'UMP, parmi les députés qui ont dit non, MM. Gilles Bourdouleix, René Couanau, Lucien Degauchy, François Goulard, Hervé Mariton et Christian Vanneste ; François Baroin, Gilles Carrez, Jean-Pierre Grand, Jacques Le Guen, Franck Marlin, Etienne Pinte et Lionel Tardy se sont abstenus.
Outre la suppression progressive de la publicité (qui commence par la tranche 20h/06h00), les principales mesures du texte sont la nomination (et la révocation) du président de France Télé en conseil des ministre, et la possibilité pour les chaînes privées d’ajouter une deuxième coupure publicitaire par tranche de 30 minutes dans les œuvres de fiction (téléfilms ou films).
Hier, à l’appel de la CGT, une grève dans les rédactions locales a perturbé plusieurs journaux régionaux. Des explications sur les raisons de cette grève se trouvent ici.
Par ailleurs, pour le 5 janvier, premier jour sans publicité à compter de 20 heures, les sept autres syndicats appellent à la grève à France 3.
« Augmenter la redevance, sûrement pas. (…) En même temps, on ne peut pas être exigeant à l'égard de l'audiovisuel public et le laisser dans un état chronique de sous-financement. Je préfère qu'il y ait un peu plus de publicité sur les chaînes publiques plutôt que ces chaînes n'aient pas assez de moyens pour financer beaucoup de programmes de qualité. », déclarait Nicolas Sarkozy dans cet entretien croisé publié par l’Express en février 2007. Il était alors en pré-campagne électorale, et toujours ministre de l’Intérieur.
Moins d’un an plus tard, le 8 janvier 2008, après la parution du Livre blanc de TF1, il changeait d’avis en faveur, entre autres, de la chaîne dont le patron, Martin Bouygues, est le parrain de l’un de ses enfants (celui avec Cécilia). Il avait été élu démocratiquement président de la République.
Fabien Abitbol
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