Le renouvellement triennal du Sénat, ce dimanche 21 septembre, qui voyait cette année la création de nouveaux postes de sénateurs, a réservé une belle surprise à la gauche, qui a vraisemblablement gagné 23 sièges (contre les 15 à 20 espérés). Et ce n'est pas fini, car à l'heure où ces lignes étaient écrites, on ne connaissait pas les résultats de la Guyane, où un poste créé risque fort de n'être pas pris par les deux listes de l'UMP, même si l'une est menée par Léon Bertrand, l'ancien ministre du Tourisme (elle a recueilli moins de voix au premier tour). Ce qui ferait un gain total de 24 sièges pour la gauche (ou 25), et non 23 comme la plupart des calculs le disaient dimanche soir tard ; car en Polynésie, où les résultats ne sont pas non plus connus, peu de suspense : selon toute vraisemblance, M. Flosse n'étant pas investi par l'UMP, il devrait être réélu (il n'y siège que depuis dix ans), et le poste créé devrait pourrait donc fort revenir à un indépendantiste. Cela renverse pas le Sénat, bien entendu, la tendance droitière de la Haute Assemblée, dont le président - si ce n’est pas encore M. Poncelet qui était censé effectuer son dernier mandat en 2004 - devrait, selon toute vraisemblance, être M. Larcher ou M. Raffarin, qui disait voici peu jouir du soutien élyséen.
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La carte des sénateurs à renouveler et des sièges créés, notamment dans les Collectivités d'Outre-mer (COM), au bas de l'Hexagone
© Sénat/AFP
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Officiellement, François Hollande disait espérer gagner 10 à 15 sièges supplémentaires pour le PS. En réalité, rue de Solférino, on parlait de 15 à 20 sièges pour le PS et ses alliés. Les résultats des sénatoriales sont allés au-delà des espérances socialistes : le Parti socialiste et ses amis conquièrent 23 sièges, tandis que l'UMP en perd dix, du fait de la création de nouveaux sièges. Le charcutage redécoupage de l’Assemblée nationale qui s’annonce, lui, s’il crée quatorze députés (dont six pour l'Outre-mer), ne créera aucun siège nouveau, et par conséquent en fera disparaître par ailleurs.
Généralement défavorisée par un mode de scrutin sur-représentant les élus des communes rurales, la gauche a su cette année profiter de sa bonne implantation locale, renforcée en mars dernier aux élections municipales et cantonales. Et, mathématiquement, devrait faire mieux dans trois ans (pour le prochain renouvellement), si la donne politique ne changeait pas d’ici là. Sauf que, après les Européennes de 2009 auront lieu les Régionales de 2010…
L'UMP recule, mais tient bon : le « parti du président » perd dix sièges mais prend plusieurs des nouveaux sièges créés à l'occasion du redécoupage, notamment en Outre-Mer. C’est le cas à Saint-Barthélemy (8 500 habitants, 18 grands électeurs), où Michel Magras a été élu avec 100 % des voix (il était candidat unique…), et à Saint-Martin (70 000 habitants, en comptant les deux zones, 24 grands électeurs), où Louis-Constant Fleming a été élu avec moins de 71 % des voix. Le président du conseil territorial de Saint-Martin, il est vrai, revenait d'une année d'inéligibilité suite à quelque 18 000 € de comptes de campagne n'ayant pas transité par un compte bancaire spécifique à la campagne électorale. Marthe Ogoundélé-Tessi, qui l'avait contre toute attente remplacé pendant un an, est désormais remplacée à son tour par M. Frantz Gumbs, élu le 7 août dernier. A Saint-Martin, le nom des Fleming ne s'oublie pas si facilement…
Depuis 2007, Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont des COM, alors que les deux îles, auparavant dénommées « Iles du Nord », dépendaient administrativement de Basse-Terre (chef-lieu du DOM-ROM de l'archipel de la Guadeloupe). Mais que ne ferait-on pas pour tenter (avec réussite) de glaner quelques voix ? Voilà pour la partie la moins connue, mais peut-être la plus intéressante, car, faut-il le rappeler, des députés vont être créés…
Cependant, des figures de la droite sont battues. Dominique Paillé, ancien député et conseiller du président de la République, a été battu par la socialiste Claudine Lepage, de la section de Bruxelles, pour représenter les Français de l’Etranger, comme l’indique cette dépêche de l’Associated Press.
Dans l’Ain, deux UMP et un divers gauche ont été élu, faisant perdre Charles Millon, qui bénéficiait du soutien de l’UMP.
La droite conserve des bastions dans l'Eure, en Charente-Maritime, ou en Eure-et-Loir. Et prend à la gauche, divisée, en Haute-Garonne par exemple. Le groupe Union centriste, qui regroupe le MoDem et le Nouveau centre, sort à la fois affaibli et renforcé de ce scrutin : il perd un élu MoDem, et paie, dans plusieurs départements le prix de la division de la famille centriste. Mais il devient de plus en plus nécessaire pour le groupe UMP, tant pour faire voter les lois que pour élire le président du Sénat.
Les journées du patrimoine
Le MRC et le PCF s’en tirent plutôt bien. L’une des victoires les plus remarquées de ce dimanche a été celle de Jean-Pierre Chevènement (le nouveau président du MRC) dans le Territoire de Belfort, en sortant au second tour de scrutin le socialiste Yves Ackermann, le PS ayant refusé son soutien à Michel Dreyfus-Schmidt, finalement décédé deux semaines avant le scrutin (voir notes de bas de page). Le Che, ancien député, ancien ministre, retrouve ainsi un mandat national. « A Yves Ackermann et au PS qui a échoué à me faire battre, comme il y était parvenu [note du ouaibemaître : lors des élections législatives] en 2002 et 2007, je propose de tourner la page », a déclaré, grand seigneur, le patron du MRC depuis tout juste trois mois (en remplacement de l’ancien maire du 11e arrondissement de Paris et ancien ministre et parlementaire Georges Sarre, qui n’est désormais « plus que » le « monsieur sécurité » de la Ville de Paris. En retour, M. Ackermann a ironisé : « les électeurs belfortains ont confondu avec la journée du patrimoine et ont élu un monument historique ».
Dans l'Allier, le PCF prend un siège à l'UMP, et compense la perte d'un siège de sénateur des Français de l'étranger. Selon Nicole Borvo, sénateur de Paris et présidente du groupe communiste au Sénat, le groupe communiste devient le seul groupe parlementaire majoritairement féminin.
Sur le plan électoral, le parti présidentiel engrange sa troisième défaite, après les municipales et les cantonales de mars.
André Léger, avec agences
⇒ La situation spécifique du Territoire de Belfort après le décès de M. Michel Dreyfus-Schmidt.
⇒ Les sièges à pourvoir dimanche 21 septembre
⇒ Pour connaître la composition précise du Sénat (avant et avec le renouvellement du 21 septembre), cliquer ici.
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Mise à jour de 12h30 :
⇒ La gauche a remporté 26 sièges supplémentaires (Associated Press)
bonjour,
pas à transiger suppression du Sénat avec une économie annuelle de 380 millions d'euros nous pourrions relancer la petite manufacture créatrice d'emplois avec cet argent.
Quant aux bâtiments du sénat, j'attends vos idées pour la suite.
na
Rédigé par : ROCHE | 22/09/2008 à 09h08
Je ne crois pas que c'est en créant douze sièges supplémentaires effectifs (ce qui fait gagner 26 sièges à la gauche) que le président Sarkozy cherche à supprimer le sénat !
Dans ce cas, il conviendrait mieux d'appliquer un mode de scrutin moins discriminatoire (même si l'âge pour entrer a été abaissé de 35 à 30 ans, la moyenne d'âge tourne à plus de 60), ET d'augmenter le nombre de sièges à l'Assemblée nationale, car en en créant 14, il faudra bien les supprimer ailleurs.
Et que l'on ne parle pas de démographie puisqu'il n'y a même pas 10 000 habitants à Saint-Barthélemy, par exemple, alors que une rue du 20e arrondissement de Paris se trouve sur deux circonscriptions (en trois tronçons).
Rédigé par : Le ouaibemaître | 22/09/2008 à 14h22