En inaugurant hier soir lundi, peu après 18 heures, le tant attendu commissariat central de la rue des Gâtines, dans le 20e arrondissement, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a tenu un discours du même type que celui donné la semaine dernière par le président de la République sur la répression des bandes violentes.
«Que
les choses soient claires, je ne permettrai pas à des bandes de délinquants de
mettre en cause la sécurité et la tranquillité de nos concitoyens», a lancé la
ministre, ajoutant qu'elle ne tolèrerait «pas non plus que l'on s'en prenne aux
forces de l'ordre qui sont chargées de la protection des Français, comme nous
l'avons constaté au cours de ces dernières semaines».
Pour
MAM, l'urgence «aujourd'hui dans cet arrondissement, c'est la lutte contre les
violences aux personnes et le problème des bandes violentes qui existe ici
comme il existe dans Paris et dans un certain nombre de communes autour de
Paris». La ministre, dont on peut se demander si elle ne confondrait pas notre
20e arrondissement avec le 19e si proche, où un GLTD a été créé justement du fait de la violence entre bandes rivales, a
évoqué le principe de la création d'une «police d'agglomération»
qui comprendrait Paris et les départements de la petite couronne (92-93-94).
Cette police serait placée sous l'autorité du préfet de police de Paris, et aurait pur but de mieux coordonner les efforts
contre les phénomènes de bandes et de délinquance, dans
lesquels -estime la ministre- «les territoires départementaux ont de moins
en moins de sens». Une réflexion en ce sens avait déjà été engagée lorsque
Nicolas Sarkozy était à l’Intérieur… de 2002 à 2004 et avait notamment mené à
l’extension des pouvoirs des policiers du réseau de la RATP ainsi qu’à celui de
certains policiers parisiens (dont quelques-uns du 20e).
Pour
le Syndicat de la magistrature (SM) la question de la lutte
contre les bandes, dans sa mesure principale, vise à punir de trois ans de
prison «l'appartenance à une bande, en connaissance de cause, ayant des visées
agressives sur les biens ou les personnes». Pour le SM, le président «n'hésite (…) pas à créer un
délit préventif», «fidèle à la tradition
d'un pouvoir qui entend mobiliser le législateur à chaque fait divers».
«Peu
importe en effet que la répression d'infractions commises par plusieurs
personnes ou que les intrusions dans des établissements scolaires soient déjà
amplement prévues par le Code pénal, remarque le Syndicat qui dénonce une « vision populiste », « il s'agit, si l'on en croit le
discours du président de la République, de juger et punir en l'absence de commission
d'un fait précis». Le SM estime «plus
préoccupant encore au regard de la situation sociale de la France, cette
initiative du chef de l'Etat (stigmatisant) une fois de plus les quartiers
populaires par l'importation totalement fictive et décalée de la notion de gang
à l'américaine».
F.
A.
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