Contre son gré et non sans rechigner, Bertrand Delanoë devra faire appliquer à Paris le service minimum dans les écoles. Opposé à cette mesure désormais passée dans la loi, le maire de Paris annoncera lundi que les élèves parisiens seront gardés en cas de grève. Un premier test est attendu le 7 octobre prochain à l'occasion du mouvement de grève annoncé dans l'Education nationale.
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Pour Bertrand Delanoë, le SMA est une mesure destinée à « casser la grève ».
Photo : Reuters
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L'école : un sujet de rentrée classique pour le premier conseil de Paris de l'automne, qui commence lundi. Sauf que, cette année, une nouvelle mesure, qui a fait débat, entre en application: le « service minimum d'accueil » (SMA). Les communes sont tenues d'organiser un accueil des élèves les jours de grève, dans les écoles qui comptent plus de 25% d'enseignants grévistes. Bertrand Delanoë (PS) s'était fermement opposé à ce dispositif voulu par le ministre Xavier Darcos (UMP). Dénonçant une mesure « contraire à la Constitution », destinée à « casser la grève », l'édile de la capitale était devenu la cible de la droite. Il avait refusé de participer aux deux expérimentations de janvier et mai derniers. Depuis, la loi a été votée. Promulguée le 20 août, elle s'applique désormais. Premier test : le 7 octobre, date à laquelle les syndicats enseignants appellent à la grève.
Dans sa « communication », Delanoë assurera lundi, pour la première fois, que « bien entendu nous appliquerons la loi votée par le Parlement »… tout en soulevant « quelques interrogations » : « Cette loi attribue une nouvelle charge aux communes qui ne sont pas censées assumer les conséquences de l'échec du dialogue social mené par l'Etat. » Ou encore : « Paris compte 660 écoles maternelles et élémentaires. Appliquer cette loi suppose que le rectorat soit capable de donner, quarante-huit heures avant le jour de grève annoncé, le nombre de personnes grévistes dans chaque école de Paris [...]. Ce délai est court. »
L'UMP, vigilante, déposera un vœu pour que le maire « identifie toutes les mesures de préparation et d'organisation du droit d'accueil afin qu'il soit opérationnel [...] le 7 octobre ». Jean-François Lamour, président du groupe, trouve que Delanoë « traîne les pieds » : « On ne le sent pas très enthousiaste. Si c'est le cas, grâce à un amendement que les députés UMP de Paris ont fait voter lors de la discussion du projet de loi, le maire a la possibilité de déléguer aux maires d'arrondissement. Le fera-t-il ? »
Les animateurs chargés de l'accueil seront désignés
Pas du tout enthousiaste, l'adjoint à la vie scolaire Pascal Cherki (PS) confirme toutefois que « les enfants seront accueillis. Le 7 octobre, on sera prêts. Mais ce ne sera qu'un service d'accueil, pas un centre de loisirs, comme le mercredi, avec activités culturelles et sportives ». Il a déjà préparé cette journée avec le rectorat et les organisations syndicales, dit-il. Les équipes ont été constituées, les animateurs désignés parmi les 5 000 à 7 000 personnes habilitées. « Ils ne sont pas ravis d'intervenir. Si on avait lancé un appel au volontariat, ça aurait créé une mauvaise ambiance. Ils ne veulent pas qu'on les prenne pour des briseurs de grève. » De plus, Pascal Cherki souligne les difficultés qui risquent de se poser dans les écoles partiellement en grève, avec des élèves en classe, d'autres dans la cour de récréation. « Et en cas de grève générale, si les animateurs débrayent, ça va être rock and roll. Un vrai bordel ! »
Par ailleurs, dans sa « communication », le maire fera le point comme chaque année sur les écoles neuves (une maternelle dans le 17e, un collège livré en novembre dans le 9e). Et il déplorera qu'« aucun poste supplémentaire [n'ait] été attribué à l'académie de Paris pour cette rentrée 2008, alors que les effectifs des écoles parisiennes ont augmenté de 1 000 élèves en trois ans».
Bertrand Greco, pour Le Journal du Dimanche (édition impimée)
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