Une enquête pour « favoritisme » vise l’épouse du magistrat qui s’occupait du présumé compte japonais… perquisitions et auditions commencent.
Une affaire liée à une attribution de marché sur la gestion des déchets met le grand bazar à l'Hôtel de Ville. Une information judiciaire ouverte en 2006 pour « favoritisme », « corruption passive et corruption active » à la suite de la plainte d’une société spécialisée dans l'élimination des déchets vise notamment Mireille Flam, élue du 11e arrondissement (adjointe au maire, chargée des finances et de l’état spécial), dont le mari, Gilbert est magistrat au parquet de Paris. Mais M. Flam a été détaché à La Piscine , la DGSE, boulevard Mortier et avait travaillé sur la Tokyo Sowa Bank fin 1996… où président de la République de l’époque aurait eu un compte, selon le fameux général Rondot. Une affaire qui a - indirectement - fait déplacer voici une petite dizaine de jours un magistrat de Tahiti qui enquêtait sur la mort d'un journaliste…
Deux perquisitions ont eu lieu en début de semaine à son domicile et à son bureau de la mairie du 11e. Il s’agissait se se pencher sur ses actions sous la précédente mandature, en 2005, comme adjointe au maire de Paris chargée des marchés publics. La police judiciaire parisienne tente de savoir si l'attribution du marché pour le traitement des déchets est régulier ou pas.
Le 19 décembre 2005, deux sociétés - Epes et Derichebourg – ont été retenues par la Ville, pour se distribuer des zones géographiques de Paris. Mais il semble que Epes, qui détenait le marché auparavant, y a trouvé à redire. Son offre aurait été, comme on dit, « la mieux disante ». A la Ville, on indique que l'offre de Derichebourg présentait de bonnes qualités environnementales à ne pas négliger.
Plainte a été déposée par Epes devant le tribunal administratif ; la société a obtenu 1,5 M € d'indemnités… mais le marché est resté là. Et la Ville a fait appel.
Une autre plainte a été déposée au pénal. La magistrate chargée de l’affaire a, semble-t-il, décidé de mettre le paquet : audition d’un membre du cabinet Contassot (ancien adjoint à la propreté), audition d’un maire d’arrondissement UMP, dans les locaux de la PJ ; cet élu, qui n’est pas (et n'a jamais été) du 11e, faisait partie de la commission d’appel d’offres et n’est que le premier de la liste des anciens élus ou encore élus qui vont être auditionnés (tous les membres de la commission d'appel d'offres le devraient, en fait).
Pour l’instant, personne n’a été mis en examen. Mais on ne peut que s’interroger sur ces soudaines auditions et le fait qu’un juge soit venu voici une dizaine de jours de la Polynésie jusque dans le 20e, pour s’intéresser entre autres à M. Chirac. La soudaineté de ce grand ménage autour des société de nettoyage a de quoi surprendre quand on connaît la vitesse habituelle de la justice française, surtout en matière d'affaire « politico-financières » qui, lorsqu'elles ne finissent pas à la… poubelle, attendent des années. Les municipales sont passées il y a à peine trois mois, et la police et la magistrate commencent le ménage les investigations de fond !
Conseillère à la Chambre régionale des comptes (elle a certifié les comptes de la Sécu 2006), mariée au magistrat Gilbert Flam (détaché à la DGSE jusqu’à l’affaire du supposé compte japonais de Jacques Chirac), mère de deux enfants, Mireille Flam a été Adjointe au Maire de Paris de 2001 à 2008, chargée des sociétés d’économie mixte et des marchés publics. A ce titre, elle a présidé la Commission d’appel d’offres qui attribue les marchés de la Ville de Paris et du département. Elle a également été vice-présidente de la Fédération nationale des Sociétés d’économie mixte. Elue conseillère du 11ème arrondissement en 1989, elle est devenue conseillère de Paris en 1995.
Fabien Abitbol, photo Parti socialiste
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