La fille aînée de Patrick Poivre d’Arvor réalise un documentaire sur son père. L’occasion de découvrir la face cachée de l’un des hommes les plus populaires de France.
FRANCE-SOIR. Vous signez un portrait de votre père pour la collection Empreintes. N’avez-vous pas peur d’être taxée de subjectivité ?
DOROTHÉE POIVRE. Si. Certains journaux ne se sont pas gênés pour le faire. Je savais que l’on m’attendrait au tournant. Ce bonhomme, en l’occurrence mon père, est soit adoré, soit détesté. Il n’y a pas d’entre-deux. En réalisant un portrait, il était évident que sa vérité serait exposée. D’un autre côté, je me dis que je suis certainement la personne la plus à même de réaliser ce documentaire. Je porte un regard sain sur le personnage. Je connais tous ses défauts. Pour moi, il ne sera jamais une icône. Je n’aurais jamais pu me laisser embobiner par lui.
Sur quelles facettes de votre père avez-vous voulu insister ?
Je l’ai montré tel qu’il était dans son environnement personnel et professionnel. Je l’ai filmé dans sa maison de campagne. Il n’a pas des goûts de luxe. Il a aussi un côté très gamin. Le moteur de sa vie, c’est de se lancer, en permanence, des défis. Il se demande sans arrêt s’il est « cap ou pas cap » de faire quelque chose. Je suis persuadée que s’il a traité Nicolas Sarkozy de petit garçon, c’est qu’à ce moment-là il se demandait s’il était capable de faire une chose pareille.
Il semble aussi ne pas pouvoir rester en place…
C’est vrai. Le quotidien l’ennuie profondément. Lorsque l’on organise un déjeuner de famille, il ne supporte pas la banalité d’une discussion.
Ce film vous a-t-il rapproché de lui ?
On a toujours eu un mal fou à dialoguer. Il arrive que l’on ne s’appelle pas pendant un mois. J’imaginais effectivement que ce reportage nous rapprocherait. Au final, ça n’a pas été le résultat escompté. Je pensais que l’on aurait de longues discussions et qu’il se consacrerait totalement à moi. Résultat, il faisait 40 000 choses à la fois. Mais j’ai été plus têtue que lui. A chaque fois qu’il m’envoyait bouler, je revenais à la charge ! J’ai tout de même vécu des moments inoubliables. Notamment lorsque j’ai réalisé une interview de lui dans son salon. Il s’est posé sur son canapé. Et l’on a passé la soirée à dialoguer.
A-t-il toujours été aussi impatient ?
Oui. Je n’ai pas le souvenir d’une personne qui se soit posée une seule seconde. C’est difficile de parler avec lui en lui courant toujours après.
Regrettez-vous cette distance ?
Je n’ai aucune amertume. J’ai toujours été indépendante. Lorsque j’étais plus jeune, je passais mes mercredis et mes samedis dans les clubs hippiques. Il y a toujours eu de la pudeur et de la retenue entre nous. Mais le plus important pour moi, c’est qu’il soit là en cas de coup dur. Et je n’ai aucun doute là-dessus.
Vous aviez terminé votre reportage avant d’apprendre l’éviction de votre père de TF1. Comment l’avez-vous complété ?
Un vendredi de mai, j’ai demandé à mon père de venir voir le montage que j’avais réalisé. J’avais la trouille qu’il ne lui plaise pas. Il était, au contraire, satisfait. Le lundi, j’apprenais sur France Inter qu’il était viré de TF1. France 5 m’a demandé de recueillir ses impressions. J’avais peur qu’il prenne ça pour du voyeurisme. Il a accepté.
C’est seule que vous avez filmé les coulisses de son dernier JT…
Je ne trouvais pas judicieux que toute l’équipe soit là. La séquence était à la fois émouvante et drôle. Avant le JT, on a parlé de sa cravate. Pendant qu’il me parlait, des mecs déménageaient son bureau. Et lorsqu’il est sorti du plateau, à la fin du journal, toute son équipe applaudissait. Je tremblais comme une feuille. J’ai focalisé sur les regards tristes de ses collègues. Je ne pensais pas qu’il recevrait autant de marques de sympathie.
Comment a-t-il réagi à sa sortie de TF1 ?
J’avais peur qu’il en devienne aigri. Au final, il a eu une réaction géniale. Il m’a dit : « Il faut relativiser. Ça arrive à pleins d’autres personnes et on n’en parle jamais. »
Et vous qu’en pensez-vous ?
Je ne cautionne pas la manière dont les choses se sont passées. Il aurait été plus simple de lui annoncer de vive voix plutôt que de faire croire qu’il y avait eu des fuites dans la presse. D’un autre côté, c’est un mal pour un bien. J’étais pour ma part étonnée qu’il reste aussi longtemps à la tête du journal alors qu’il ne supporte pas la routine. Je pense qu’aujourd’hui, il va enfin pouvoir faire des choses qui le passionnent vraiment.
Ingrid Bernard, pour France Soir
⇒ Empreintes
Patrick Poivre d'Arvor, journal d'un homme pressé
20h35, 52 min., inédit, France 5, TNT, câble, satellite
Rediffusion dimanche 19 octobre à 08h55
Autres diffusions : samedi 18 : TEMPO NOUVELLE-CALÉDONIE à 19h05, samedi 18 : TEMPO POLYNÉSIE à 19h05, samedi 18 : TEMPO GUADELOUPE à 19h06.
⇒ PPDA est également ce soir l’invité de la nouvelle émission de Samuel Etienne, Comme un vendredi, à 23h25
⇒ Poivre est annoncé aussi samedi à 12h45 sur Canal + en clair à l’émission « + Clair » (rediffusions aux horaires habituels pour les abonnés) ; il était hier (une fois de plus) l’invité de Michel Denisot au Grand journal de Canal + avec sa fille Dorothée et pour (re)parler de ceci.
Question : Après ce retour mi-septembre sur RTL, un passage aux Grosses têtes, deux passages depuis la rentrée au Grand journal, un chez Thomas Hugues (ancien mari de Laurence Ferrari), la sortie de son livre, son retour attendu sur Arte (reporté à 2009) et ce week-end télévisuel qui s'annonce chargé, trop de PPD tue-t-il le PPD ?
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