Ce soir, à 21h00, dans le cadre des Mercredis de l’histoire (qui organisent ici un jeu), Arte revient à sa façon sur la Nuit de Cristal, avec la diffusion d’un documentaire inédit sur Herschel Grynspan (réalisé par Joël Calmettes et avec des interventions de Robert Badinter) puis d’un autre documentaire, allemand celui-là, sur les autodafés nazis. Attention : la programmation de Arte Belgique diffère, à 23h10. On quitte la Seconde Guerre mondiale pour un focus sur Israël et la Palestine… alors que, en France, est diffusé Mon Trésor, un documentaire traitant de la prostitution en Israël et primé à Cannes en 2004.
Livrez-nous Grynszpan !
Il y a soixante-dix ans, le geste désespéré de ce jeune juif polonais servit de prétexte au déclenchement de la Nuit de cristal. Joël Calmettes et Robert Badinter retracent l'histoire de Herschel Grynszpan, devenu pour les nazis le symbole du « complot juif ».
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Ce jeune juif polonais de dix-sept ans est devenu pour les nazis le symbole du « complot juif »
photo : Arte France
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En octobre 1938, l'Allemagne expulse 15 000 juifs polonais. Parmi eux, la famille de Herschel Grynszpan, bloquée à la frontière. Lorsque ce jeune homme de 17 ans, déjà réfugié à Paris chez son oncle, apprend la nouvelle, il est bouleversé : « Le cœur me saigne lorsque je pense à notre tragédie. Je dois agir de sorte que le monde entier entende ma protestation », écrit-il à ses parents le 7 novembre. Le même jour, il se rend à l'ambassade d'Allemagne et tire à bout portant sur le secrétaire Ernst vom Rath. Aussitôt, Hitler et les principaux dirigeants nazis élèvent la victime au rang de « héros national ». Dans la nuit du 9 au 10 novembre, l'oberführer Reinhard Heydrich donne l'ordre aux Jeunesses hitlériennes et aux SS de mener des « actions spontanées » contre les juifs. C'est la Nuit de cristal. Deux cent soixante-seize synagogues et sept mille magasins sont détruits ; quatre-vingt-onze juifs sont tués et trente-cinq mille arrêtés. Incarcéré en France, puis livré aux autorités allemandes, Grynszpan attend son procès durant quatre années. Plaidant le crime passionnel - adroitement conseillé par un avocat américain, il prétendit avoir eu une liaison avec l'officier allemand, ce que le Reich préféra ne pas ébruiter -, il ne sera jamais jugé mais mourra, oublié de tous, au camp d'Oranienburg-Sachsenhausen.
La critique de Télérama est ici.
⇒ Livrez-nous Grynszpan !
21h00, Docu-fiction, France, 75 minutes
Rediffusion prévue dans la nuit du 3 au 4 novembre à 3h00
Lors de son passage sur France 2, la fiche technique du docu-fiction indiquait une durée d'une heure et 20 minutes…
Livres en flammes, les autodafés nazis
L'une des promesses d'Adolf Hitler, au moment de sa prise de pouvoir, était de « purifier » le pays. Dès mars 1933, la mise en œuvre de ce programme commence dans les bibliothèques du pays...
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Les autodafés organisés par les Nazis ne visaient pas que les œuvres rédigées par des juifs. Des pans entiers de la littérature considérée comme « antiallemande » furent brûlés en place publique
Photo : Arte Allemagne
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Le 2 avril 1933, l'Association générale des étudiants décide de faire brûler les publications juives en place publique dans toutes les villes universitaires du Reich. Le 26 mars déjà, de son propre chef, un enseignant met le feu à sept exemplaires du roman de Erich Maria Remarque (À l'ouest rien de nouveau) pris à la bibliothèque municipale. Le 10 mai, outre Berlin, dix-sept villes universitaires organisent les bûchers qui doivent faire partir en flammes non seulement les écrits juifs, mais aussi des pans entiers de la littérature allemande ou étrangère relevant, selon la propagande nazie, de « l'esprit antiallemand ». Les fortes pluies dans plusieurs régions d'Allemagne entraînent de nombreux reports, si bien que huit autodafés auront encore lieu jusqu'au 19 mai 1933 et le tout dernier le 26 août à Iéna. En Autriche, après l'Anschluss, on assiste encore à de nombreuses actions de ce genre, comme à Salzbourg le 30 avril 1938. Mais c'est sans nul doute l'autodafé de Berlin qui marque le plus les esprits. En présence et sous l'autorité de Goebbels, ministre du Reich pour l'Éducation populaire et la Propagande, 70 000 curieux sont réunis en face de l'université Humboldt. 20 000 livres sont jetés au feu, la manifestation est retransmise en direct à la radio, scandée par des slogans soigneusement élaborés d'avance : « Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté du peuple et les idéaux de vie, je livre aux flammes les œuvres de Marx, Freud, Tucholsky et Ossietzky, Heinrich Mann et Erick Kästner… »
Ce soir-là, Goebbels note dans son journal : « En fin de soirée, discours sur la place de l'Opéra. [...] Je suis en excellente forme. Gigantesque rassemblement. À la maison, fatigué, au lit. Dehors, un superbe été commence. »
⇒ Livres en flammes
22h15, documentaire allemand de Henry Köhler, durée 52 minutes
Rediffusion prévue dans la nuit du 18 au 19 novembre à 5h00
NOTE : sur Arte Belgique, à 23h10, Quai des Belges diffuse Autoportrait de l’Autre, à l’occasion du Festival Masarat
⇒ Les programmes belges d’Arte prolongés jusqu’en 2012 (7sur7.be, 24 octobre)
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