La Ville de Paris proposera au Conseil de Paris des 16 et 17 mai une enveloppe globale de 350 000 € (et non pas 300 000€, comme indiqué hier soir par Rue89) «face au refus de l’Etat d’apporter une aide humanitaire», indique un communiqué daté du 12 mai.
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Mardi 10 mai se tenait à Belleville un rassemblement de soutien aux Tunisiens (photo: @leclown)
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«Depuis quelques semaines, plusieurs centaines de tunisiens très démunis, errent dans les rues et les squares de Paris», indique la Ville, faisant allusion à ces centaines de jeunes dont le choix est «la clandestinité ou l’exil», selon El Watan du 8 mai.
Outre ceux qui vont de square en square, certains s’étaient réfugiés dans de la famille plus ou moins proche, d’autres avaient le 1er mai envahi un immeuble de la Ville, face aux Buttes-Chaumont. Ils en avaient été délogés manu militari à la demande de la Ville le mercredi suivant.
Et, le samedi 7 mai, alors que le docteur Mustapha Ben Jaâfar venait à Paris dans le but d’interpeller le président Sarkozy sur «les conditions inhumaines» réservées aux ressortissants tunisiens, les mêmes «Tunisiens de Lampedusa» (ou plutôt ce qu’il en restait) se repliaient dans un gymnase bellevillois.
Après quelques jours de négociations, la situation semble se décanter.
La nuit dernière, quelques dizaines d’entre eux ont pu dormir dans un foyer Aurore du 127 faubourg Saint-Honoré, à deux pas de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur. Un endroit où, malgré des promesses de la Ville, ils n’ont pas pu rester ce matin au-delà de 9h.
Critique européenne
La Ville de Paris considère que «leur situation nécessite un suivi social et sanitaire appuyé ainsi qu’un accompagnement juridique dans le respect de la dignité des personnes et du droit», comme défini dans les accords de Schengen ou de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
Hier mercredi, au Parlement européen, le président du groupe PPE (démocrates-chrétiens), l'UMP d'Alsace Joseph Daul, a critiqué la politique du président Sarkozy.
«Devant le refus de l’Etat de proposer des solutions humanitaires et adaptées aux ressortissants tunisiens présents, la Ville de Paris renforce son dispositif d'aide ponctuelle:
• en mettant à disposition 300 places d’hébergement d’urgence ;
• en organisant via les associations plusieurs centaines de repas par jour ;
• en distribuant des kits hygiène ;
• en proposant une prise en charge médicale quand cela est nécessaire.
Une enveloppe de 335 000 euros dédiée à ce dispositif sera proposée lors du prochain Conseil de Paris des 16 et 17 mai», indique le communiqué de la Ville.
Fin avril, la Ville avait missionné plusieurs associations de solidarité (France Terre d’Asile, Aurore, Emmaüs, La Chorba et Une Chorba pour tous) afin d’«assurer l’hébergement, l’aide alimentaire, l’accompagnement social et administratif individuel, des accès aux soins et des maraudes humanitaires de nuit» (lire ici).
De nouveau, «afin d’apporter une réponse digne et responsable, avec des solutions adaptées aux ressortissants tunisiens présents sur le territoire», Bertrand Delanoë demande au gouvernement:
• l’arrêt immédiat des interpellations de réfugiés tunisiens;
• d’appliquer l’accord de coopération signé en avril 2008 entre la France et la Tunisie qui prévoit l’embauche de 9000 tunisiens par an, afin de permettre à tous ceux qui le peuvent de bénéficier d’un titre de séjour par le travail et la formation;
• d’adopter un dispositif spécifique avec une aide au retour revalorisée pour ceux qui le souhaitent.
Discorde parisienne ?
Si la dernière des demandes du maire de Paris peu faire penser à l’analyse sémantique de la pétition de France terre d’asile, les autres représentent une avancée significative vers ce que des élus tant du Front de gauche que du Parti communiste et apparentés demandaient (lire par exemple ce billet de Danielle Simonnet, conseillère —Front de Gauche— de Paris, qui a assisté à l’expulsion de l’avenue Simon-Bolivar).
Il est à noter que, jeudi dernier 5 mai, la même Danielle Simonnet, élue du 20e arrondissement, n’a pas pu prendre la parole lors du conseil d’arrondissement, comme le relate ici le75020.fr sous l’intertitre «Les migrants tunisiens: débat non désiré». La maire d’arrondissement, pourtant, est du parti socialiste, tout comme le maire de Paris. Et n’hésite pas, comme son prédécesseur, à organiser de temps à autres en la maison commune des cérémonies républicaines de parrainages de sans-papiers.
Ce jeudi 12 mai, à 20H30, aura lieu au Studio de l’Ermitage un concert de soutien au collectif des «Tunisiens de Lampedusa à Paris». Par ailleurs, à 19h, à La Veilleuse, un repas de soutien est organisé, à prix libre.
Fabien Abitbol
A lire:
Au 51 avenue Simon Bolivar, «les flics se sont fait plaisir» (Marie Barbier, Laissez-passer, 11 mai)
La police évacue le squat du Bourdon (Aurélie Sarrot, Metro, 11 mai)
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