La politique du chiffre appliquée à la gare Saint-Jean de Bordeaux (Gironde) à un ressortissant indien qui s’apprêtait, selon son avocat, à quitter la France…
L’histoire est détaillée dans Sud-Ouest du 4 août deux jours après avoir fait l'objet d'un communiqué de la Cimade. La semaine passée, Ghotra, 31 ans, ressortissant indien vivant en Italie, «s'apprêtait […] à acheter un billet de train pour rentrer dans son pays de résidence, après avoir passé une semaine en France chez des proches.»
Contrôlé par la police en possession d’un visa italien périmé, Ghotra a été placé en garde à vue. Ce qui, selon un arrêté de la Cour européenne de justice d'avril 2011 expliqué ici, est tout simplement illégal, personne ne pouvant être mis en garde à vue uniquement pour un défaut de papiers.
Selon son avocat, Ghotra n’est pas «quelqu'un qui voulait s'installer en France, il a d'ailleurs produit des documents attestant qu'il est en cours de procédure pour régulariser sa situation en Italie». Qu’à cela ne tienne: parce qu’il était «démuni de ressources», et appliquant les nouvelles dispositions des lois Besson entrées en vigueur le 18 juillet dernier, les autorités locales le reconduisent en rétention pour l’expulser vers… l’Italie, où il s’apprêtait à se rendre à ses frais. «Le registre a confirmé qu'il n'était sorti que le lundi matin, pour être conduit à Mérignac et expulsé vers l'Italie», raconte Laura Petersell, représentante de la Cimade au Centre de rétention administrative (CRA) de Bordeaux.
Selon la Cimade, sur les 31 personnes placées dans le nouveau centre de rétention de Bordeaux depuis juin, «16 avaient fait l'objet d'une garde à vue pour défaut de papiers».
«La politique du chiffre montre là encore ses dérives absurdes. La préfecture prive un homme de liberté, de façon totalement arbitraire, sans tenir compte de la décision du juge, alors même que cet homme était en train d’acheter un billet de train pour retourner en Italie ! Comme si priver de liberté un homme était quelque chose d’anodin…», commente la Cimade.
Expulser un Indien, en Italie, aux frais de la République, alors qu'il s'apprêtait à y aller de son plein gré, voilà de la bonne gestion des chiffres. Des statistiques, mais pas des finances, et encore moins de l'Humain.
F. A.
Un magnifique exemple de logique !
Rédigé par : Avocat | 05/08/2011 à 15h56
ça le rappelle cette histoire de marocains arrêtés dans le bus qui rentrait au Maroc près de la frontière espagnole, repartis en avion (climatisé) aux frais du contribuable alors qu'ils rentraient chez eux...
Rédigé par : miss P | 05/08/2011 à 22h59