L'opposant tunisien Mustapha Ben Jaâfar (compte Facebook ici), a interpellé vendredi le président français Nicolas Sarkozy sur le «traitement indigne» réservé aux migrants tunisiens en France, et appelé à revoir la coopération entre la France et la Tunisie.
Agé de 71 ans, le fondateur et secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, associé à l’Internationale socialiste), éphémère ministre de la Santé en janvier dernier, était arrivé le matin même de Tunis. Il souhaitait remettre un courrier à l’occupant de l’Elysée «suite aux arrestations et brimades injustifiées que subissent de trop nombreux citoyens tunisiens en France».
Il est, pour le docteur Ben Jaâfar, «difficile d’admettre que ces jeunes, ni délinquants ni terroristes, désemparés devant des difficultés nouvelles engendrées par les événements qui secouent actuellement la Tunisie et à la recherche d’un avenir qu’ils espèrent meilleur en Europe, soient pourchassés comme des criminels et maltraités du seul fait de leur nationalité, dans un pays ami dont on leur a toujours répété que c’était la patrie de la Déclaration des droits de l’homme.»
Si «la France ne peut accueillir toute la misère du monde», poursuit Mustapha Ben Jaâfar dans la missive qu’il a déposée à l’Elysée à l’intention de Nicolas Sarkozy, «la Tunisie vit, temporairement je l’espère, une situation exceptionnelle, traumatisante pour beaucoup avec tous les aléas de transition démocratique auxquelles s’ajoutent l’afflux massif des frères libyens fuyant la répression de la dictature installée depuis plus de quarante ans, tout autant que les bombardements de l’Otan.»
Demandant à Nicolas Sarkozy de donner un «signal apaisant» au peuple tunisien, il estime qu’il pourra être «apprécié à sa juste valeur et contribuera certainement au renforcement de nos relations bilatérales privilégiées actuelles et futures.»
«Ce serait aussi un signal fort pour bâtir un nouveau partenariat fondé sur le respect de valeurs communes et asseoir une nouvelle stratégie de co-développement», ajoute le secrétaire général du FDTL.
Dans le même temps, le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant indiquait que «60 à 70 migrants» étaient chaque jour renvoyés vers l’Italie ou la Tunisie.
«Je dis calmement et fermement, en étant empreint des convictions humanistes qui sont à l'origine de mon engagement en politique, que le gouvernement a le devoir de faire respecter les lois de la République», a de son côté déclaré le Premier ministre François Fillon lors d’un déplacement dans l’Est de la France à l’occasion des quatre ans de l’élection du président Sarkozy.
Occupé depuis le 1er mai par des hommes essentiellement venus de Tunisie, un bâtiment de la Ville de Paris a été violemment évacué mercredi par les forces de l’ordre, à la demande de la Ville.
Fabien Abitbol, photo DR
A lire : Le FDTL-France appelle les gouvernements européens à traiter dignement les immigrés tunisiens
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