Comme pour Julien Coupat, le parquet fait un référé-détention
Yldune Lévy, qui avait été entendue pour la première fois jeudi dernier par le juge d’instruction, alors qu’elle a été interpellée depuis le 11 novembre 2008, a fait l’objet ce mercredi d’une ordonnance de remise en liberté de la part du juge d’instruction. Le parquet a aussitôt fait appel de cette décision, comme il avait fait pour son compagnon Julien Coupat, ainsi que l’avait expliqué ici de son œil d'expert Me Eolas. Sur les dix personnes interpellées le 11 novembre (dont neuf mises en examen), Julien et Yldune sont les deux seules à être présentement en prison. Un concert de soutien est annoncé pour demain soir dans le 20e, où réside la famille de Yldune.
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Le 11 novembre, diverses opérations de police avaient lieu, dont celle-ci dans le 20e arrondissement. Toutes largement médiatisées. Sur neuf personnes mises en examen pour des actes dits de « terrorisme », deux sont encore en prison, même si le juge d'instruction ne trouve pas cela nécessaire
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C’est sur la base de ce rapport de police de la Sous-direction antiterroriste (SDAT, rattachée à la DCRI) que neuf personnes ont été mises en examen, à des degrés divers, pour des présumés « actes de terrorisme » en lien avec des retards de trains dans ce dossier. Des retards comme on en connaissait avant, des retards comme on en a connus depuis.
Comme son compagnon, Julien Coupat, le « chef » présumé du « groupe anarcho-autonome » (cherchez l’erreur…) censé être responsable des sabotages de diverses lignes TGV sur divers endroit du territoire national, Yldune Lévy reste derrière les barreaux. Après que le juge d'instruction antiterroriste Thierry Fragnoli a demandé la remise en liberté ce mercredi, le parquet a fait appel en urgence de cette décision, estimant notamment qu'il y avait un « risque de concertation frauduleuse » avec les autres suspects, ou que la jeune femme de vingt-cinq ans ne s'enfuie.
Après deux mois passés derrière les barreaux, à l’isolement, au régime de « détenu particulièrement signalé » (DPS), à se faire réveiller toutes les deux heures, on imagine aisément qu’elle est capable de courir le marathon.
Etudiante à la Sorbonne, domiciliée chez ses parents dans le 20e arrondissement, Yldune n’allait que « très occasionnellement » à Tarnac, où la fille de Julien et son ancienne compagne (citée dans le dossier) vivaient… Difficile de l’imaginer faire une « concertation frauduleuse » alors qu’il existe des contrôles judiciaires stricts, comme le « pointage » régulier au commissariat d’arrondissement ou l’interdiction de se rendre dans tel ou tel département…
Le « marathon », c’est plutôt son père, Michel, qui le mène, notamment avec quelques parlementaires, tout comme, à la veille du Jour de l’An, Dominique Voynet était allée à la Santé voir Julien Coupat. Comme se bat aussi Gérard Coupat, le père de Julien. En vain. Pour l’instant.
Le 19 décembre, un juge des libertés et de la détention (JLD) avait ordonné la remise en liberté de Julien Coupat, compagnon de la jeune femme et chef présumé du groupe dit « de Tarnac ». Le parquet avait pris un référé-détention et la chambre de l'instruction avait finalement décidé une semaine plus tard de le maintenir en prison.
Trois jours plus tard, le 22 décembre, lors du premier rejet de sa demande de mise en liberté, le juge des libertés et de la détention (un autre) avait posé comme préalable que Yldune soit entendue par le juge d’instruction. Voilà qui a été fait.
Le jeune couple, placé sous surveillance, avait été vu, selon la police, le 7 novembre dernier 2008 à proximité de l'une des voies ferrées visées par un acte de sabotage, se débarrassant notamment d’un indicateur d’horaires et de trajets SNCF. A partir de ce signalement et d’un témoignage, la police judiciaire soutient, malgré le peu d'éléments matériels à charge, que le « groupe Coupat » envisageait le sabotage des lignes comme « un acte politique de déstabilisation de l'État ». Elle se base pour cela sur un livre publié anonymement dans cette maison d’édition du 19e arrondissement, du temps où M. Sarkozy était encore ministre de l’Intérieur, et dont le responsable, Eric Hazan, n’a jamais dit qui étai(en)t le ou les auteur(s). Où sont les terroristes ?, s’interroge désormais Eric Hazan.
Malgré une revendication parvenue en novembre à la presse allemande et bien que le train de déchets nucléaires soit parvenu à Gorleben, en Allemagne, pendant que tout le monde se trouvait en garde à vue (le 12 novembre) [et le train parti alors que Julien et Yldune étaient surveillés] les deux jeunes restent les deux seuls emprisonnés dans ce dossier où désormais la police fait planer un nouvel élément : des doutes sur des incendies d’ANPE. Une piste pour laquelle les gendarmes n’ont « aucune certitude » mais que la SDAT examine.
Demain jeudi, à l’occasion des 10 jours d’agitation contre les lois antiterroristes, un concert de soutien a lieu au Café des Sports (94, boulevard de Ménilmontant, dans le 20e, Métro Ménilmontant ou Gambetta, bus 26 ou 96), à partir de 20h, avant la soirée DJ habituelle du jeudi à 22h30. L’occasion d’y retrouver Fantazio, Cochrane, et Franck.
Fabien Abitbol
⇒ Le site de soutien
⇒ La lettre de Benjamin (qui a passé un mois en détention)
⇒ Liberté pour Julien et Yldune, incarcérés sans aucune preuve, par Olivier Bonnet (Plume de presse)
⇒ Les Echos de la Taïga, N° 3
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