La France va renouer avec une « croissance négative » au quatrième trimestre 2008, avec un recul estimé à - 0,8 % par l'INSEE dans ses prévisions de conjoncture rendues publiques vendredi. Si la croissance devrait rester positive sur l'ensemble de l'année 2008, à + 0,8 %, l'INSEE s'attend en revanche à un recul de - 1,1 % à la mi-2009 malgré le plan de relance du gouvernement.
Le marché du travail devrait s'en ressentir, avec 169 000 emplois perdus pour le premier semestre 2009, prédit l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Le Produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 0,1 % au troisième trimestre 2008.
Eric Dubois, chef du département de la conjoncture à l'INSEE, a jugé qu'« implicitement », il y avait une prévision de retour à la croissance au deuxième semestre 2009, tout en restant prudent.
« Pour 2009, je pense qu'aucun pays européen n'évitera la récession », a déclaré jeudi François Fillon, qui table sur une croissance en 2009 comprise « entre 0,2 %, 0,3 % (ou) 0,5 % ». Le Premier ministre a « espéré » sur Europe 1 une sortie de crise « à la fin de 2009 ou début 2010 », mais « franchement personne n'en sait rien ».
L'INSEE estime que la croissance de la consommation, qui était de 2,5 % en 2007, devrait fléchir à 0,9 % en 2008 et à 0,4 % en 2009. L'investissement des ménages passerait d'une progression de 3 % en 2007 à un recul de 2,6 % en 2008 et de 6,1 % en 2009. La croissance de l'investissement des entreprises, elle, passerait de + 7,3 % en 2007 à + 1,8 % en 2008, et à - 3,6 % en 2009.
Le marché du travail est « mal orienté », prévient également l'INSEE, qui prévoit en 2008 une perte de 71 000 emplois par rapport à 2007. Pour le premier semestre 2009, la perte serait de 169 000 emplois. Ce chiffre dépasse légèrement le premier semestre de 1993, année de crise, où l'INSEE avait compté 168 000 pertes d'emploi.
L'INSEE conclut donc à « un chômage qui repart à la hausse », et dont le taux atteindrait 8 % en France métropolitaine, mi-2009.
L'inflation, qui a atteint un pic à 3,6 % en juillet 2008, devrait en revanche poursuivre son mouvement de repli pour s'établir à 0,3 % en juin 2009, ce qui « soutiendrait le pouvoir d'achat », note l'INSEE. « Ce faible niveau d'inflation prévu ne constitue absolument pas un scénario de déflation », estime l'INSEE. « En effet, nous prévoyons que l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire l'inflation hors énergie, et hors produits alimentaires frais, resterait proche de 2 % », ajoute l'Institut.
L'INSEE table également sur une « hausse de l'épargne de précaution » en 2009.
Au niveau international, l'INSEE estime que toutes les économies avancées seront touchées par la récession mi-2009. La croissance de la zone euro s'élèverait à - 1,2 %, celle des Etats-Unis à - 1,3 % et celle du Royaume-Uni à - 1,4 % après le 2e trimestre 2009.
Associated Press, dessin Plantu (archives)
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