Les
Don Quichotte s’installent, la police réplique à Paris
Parce que « le mal-logement nous concerne tous », les Enfants de Don Quichotte
ont replanté la tente, vendredi, dans une dizaine de villes françaises. A Paris, ils ont été délogés
vers 22h30 par la police.
Augustin Legrand avait prévenu. La Loi Molle comme la Loi Dalo ne suffisent pas. Et, concernant l'application de la loi Dalo,
il y aurait eu non pas 600 000 recours, mais… « un peu plus de 72 000 », selon une sympathisante des Enfants de Don Quichotte qui précise que seulement « 8 033 personnes ont
été relogées ».Un dossier sur neuf. Pas de quoi crier victoire.
Alors, après le premier campement au canal Saint-Martin, côté 10e arrondissement, en
décembre 2006, les Enfants de Don Quichotte se sont installés dans divers
endroits de France ce vendredi. Lieu peu visible, mais emblématique, devant la mairie de Vannes (Morbihan), où le Premier ministre François Fillon devait éviter le public, et où la presse ne pouvait pas aller au meeting de l’UMP, selon
Ouest-France. A Montpellier (Hérault), sur la promenade du Peyrou, pour « une quinzaine de jours » ; le Midi Libre promet davantage d’informations dans son édition de samedi. L’AFP indique
qu’il y en a eu à Strasbourg et à Caen, entre autres. La réinstallation des tentes était prévue dans une dizaine de villes. Le temps de
l’Acte II est arrivé.
Dans ce message vidéo d’une minute mis en ligne le 11 mai, les Don Quichotte
appelaient à la solidarité, et demandaient à ce que les politiques prennent
leurs responsabilités. « Le droit à l'hébergement, c'est une
obligation humaine. Si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a plus un toit
lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout
l'équilibre de la société, où vous voulez que vos enfants vivent en paix, qui
s'en trouvera remis en cause », avait dit le 18 décembre 2006 à
Charleville-Mézières (Ardennes) le ministre de l’Intérieur, candidat UMP à
l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy, promettant alors dans une sortie
restée célèbre que « d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir
et d'y mourir de froid ». Deux ans ont passé depuis décembre 2006. Nicolas
Sarkozy a été élu en mai 2007. Deux ans ont passé, là aussi. Le 16 mai 2006, il
entrait en fonction. Deux ans…
Et vendredi soir, alors que les Enfants de Don Quichotte
avaient dressé une centaine de tentes sur les berges de la Seine (à la base,
ils escomptaient aller à la Concorde) ils ont été évacués vers 22h30 par la
police, qui a confisqué les tentes, a-t-on indiqué de bonne source. A Paris,
les tentes, presque toutes de couleur verte, étaient installées entre l’ex-pont de Solférino (passerelle Sédar-Senghor) et le Pont Royal. Arrimées avec des pierres sur les berges de la Seine, elles étaient
reliées les unes aux autres.
Peu avant 22h30, le secteur a été bouclé par les forces
de l’ordre, qui attendaient depuis trois heures d’horloge des consignes, ayant
pour ordre de bloquer la circulation et de ne laisser passer que la presse. La
police est intervenue vers 22h30, et a refoulé la centaine de
manifestants vers la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, qui mène du jardin des Tuileries aux abords du musée d'Orsay.
Faisant référence aux
déclarations de Nicolas Sarkozy sur la disparition souhaitée des SDF sous deux
ans, Augustin Legrand a déclaré : « Il est temps de faire le bilan,
il faut que les politiques prennent en charge cette question ». Les
responsables des Enfants de Don Quichotte soupçonnent le gouvernement de
vouloir empêcher l'installation de "villages de tentes", afin
d’éviter le battage médiatique. Le même battage, sur le seul campement du canal
Saint-Martin, à partir de décembre 2006, avait poussé le président Chirac à
annoncer ce qui allait être la loi sur le droit au logement opposable (Loi
Dalo). Un texte qui demeure largement inappliqué, dans les grandes
agglomérations dont l’Ile-de-France au moins, en raison du manque criant de
logements sociaux.
Le problème, hélas, ne se
limite pas qu’aux sans-abris. « Les logements trop chers, trop petits ou
encore insalubres concernent une grande partie de la population », avait
déclaré Augustin Legrand dans une interview publiée par le gratuit Metro. Tout
comme à la veille du Jour de l’An, pour la rubrique « Immobilier » de Capital, Jean-Baptiste Eyraud, le
président de l’association Droit au logement (DAL), avait interpellé le gouvernement en ce sens.
Augustin Legrand demande
que le mal-logement soit inclus « dans les plans de relance ».
Cette dépêche de l’Associated Press, qui relate surtout la situation
parisienne, donne les exemples de trois hommes, présents à la manifestation.
Fabien Abitbol
Le DAL a changé de site Internet. Le nouveau est désormais
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