Manifestations dimanche, coup de poing lundi
Dans ce communiqué diffusé hier, la Ville de Paris demande à l’Etat un moratoire des expulsions pour 2009. Et ce à la veille de la reprise des expulsions locatives, qui peuvent recommencer après le 15 mars. Parmi les mesures annoncées par Christine Boutin (communiqué de presse à lire ici), l’une date de 2008, une autre de la loi de juillet 1998.
« La décision du Gouvernement de réduire de 3 ans à 1 an la période durant laquelle le Juge peut suspendre l’expulsion va fortement fragiliser la situation de nombreux locataires en difficulté », relève la Ville, qui demande ainsi un moratoire sur « les expulsions de locataires de bonne foi » en 2009.
La promesse de la Ministre du logement de proposer une solution de relogement ou d’hébergement aux ménages expulsés est
en décalage avec la baisse du budget de l’Etat affecté au logement social en
2009. « Le refus de l’Etat de se substituer aux communes qui ne respectent
pas la loi SRU freine également la réalisation de logements accessibles aux
ménages démunis », note le communiqué, qui rappelle certains engagements
municipaux :
• 94 millions d’euros consacrés en 2008 aux aides sociales
liées au logement pour soutenir les ménages modestes ayant des difficultés à
payer leur loyer ;
• engagement à financer 40 000 logements sociaux d’ici fin
2013
• création de l’aide « Paris logement », pour soutenir les Parisiens en difficulté qui consacrent
plus de 30 % de leurs ressources au loyer ;
• amplification de l’offre de logements privés
accessibles aux personnes démunies avec :
- la création récente d’une Agence Immobilière à Vocation
Sociale ;
- la montée en puissance du dispositif « louez solidaire » (250 logements “captés” à ce jour pour un objectif de mille logements d’ici à 2013), qui permet une alternative à l’hébergement des familles en hôtel.
L’annonce faite par Mme Boutin ne fait que reprendre des propos tenus le 17 septembre 2008 par le Premier ministre François Fillon à l’issue d’une rencontre avec les asociations. Ces propos avaient fait l’objet de la mise au point de cette circulaire. Maire Info relevait hier que, sur les trois mesures annoncées, l’une remontait à… 1998 (Loi n°98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, depuis en partie édulcorée).
Demain dimanche 15, dernier jour de la trêve hivernale, une vingtaine d'associations et de partis politiques appellent à manifester pour dire « non aux expulsions » et réclamer une baisse des loyers, une amélioration des aides au logement et la réalisation « massive de logements sociaux ». Des aides au logement qui connaissent actuellement quelques ratés dans leur traitement, pour les nouvelles comme pour le renouvellement des anciennes, essentiellement dans les Bouches-du-Rhône et en Ile-de-France. Tout devrait rentrer dans l’ordre pour le 25 mars, promet-on à la CNAF.
A Paris, la manifestation doit partir de la place de la République à 14h30 à l'appel de nombreuses organisations : CNL (Confédération nationale du logement), Dal (Droit au logement), Attac, Coordination anti-démolition HLM, Ligue des Droits de l'homme, CGT, Collectif pas touche au livret A, FSU, Verts, PCF, NPA.
Le mouvement Emmaüs annonce une « opération coup de poing » lundi matin, appelant à empiler des matelas place de la République, pour y symboliser la violence des expulsions. Emmaüs fait partie du collectif des 32 associations s'occupant du mal-logement et ayant réclamé « un moratoire des expulsions locatives ». Selon Emmaüs, « 500 000 ménages sont en situation d'impayés de loyers » (donc menacés d'expulsion), une situation qui concerne « majoritairement des ménages modestes ou très modestes qui perçoivent pourtant une aide au logement ».
Fabien Abitbol
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