«En République Tchèque, les néos nazis manifestent violemment contre des quartiers où vivent des Roms. En Hongrie, des attaques ont lieu contre des villages roms, causant la mort de plusieurs d'entre eux. En Slovaquie, des villages traditionnels roms sont promis à la destruction par la volonté de politiciens locaux désireux de se débarrasser de cette population. Pour toutes ces raisons, les Roms espéraient trouver dans “le pays des droits de l'homme” un meilleur accueil. L'espoir a été déçu…» (Alain Keler).
Le 30 juillet 2010, à Grenoble, le président Sarkozy annonçait une politique d'expulsion massive à l'encontre des populations roms, les désignant comme étant à l'origine d'un certain nombre de problèmes sécuritaires. Médecins du Monde, avec beaucoup d'autres, avait dénoncé le caractère stigmatisant et infondé de ces déclarations.
L'association avait en particulier souligné les effets désastreux de ces expulsions répétées sur la santé et l'accès aux soins d'une population déjà très fragilisée par des conditions de vie déplorables. « Les démarches administratives entamées pour entrer dans le système de soins et les liens tissés avec les professionnels de santé sont rompus à chaque expulsion. Il devient dès lors difficile d’organiser des actions de soins et de santé publique continues et construites, concernant l’hygiène des terrains, la protection maternelle et infantile, la surveillance post-natale, la vaccination, le dépistage ou encore la délivrance de traitements pour les maladies chroniques», rappelle MDM, expliquant que le 19 mai au matin, plus de 450 Roms ont été expulsés d'un terrain à Pantin (propriété du conseil général), alors qu'une campagne de vaccination était prévue le lendemain par les équipes de MDM et le département dans un contexte d’épidémie de rougeole. Ainsi, les personnes atteintes de rougeole et de tuberculose «sont aujourd’hui en errance, donc plus difficiles à localiser.»
Un an après, les Roms sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone en France, perçus par les pouvoirs publics non plus comme des personnes en grande précarité mais, par un effet de glissement, comme une menace. Les expulsions de camps Roms, ininterrompues, s'inscrivent dans la continuité d'une politique mise en place depuis déjà plusieurs années. Les équipes de Médecins du Monde à Bordeaux, Lyon, Marseille ou Strasbourg alertent déjà sur la préparation d'une nouvelle vague d'expulsions massives cet été, selon le dossier de présentation (à télécharger ici).
Plus de 9.000 Roms, sur environ 15.000 présents en France, ont été expulsés en 2010, selon le ministère de l'Intérieur, et les trois-quarts des 600 à 700 campements illicites ont été démantelés, rappelle Reuters, expliquant que la situation n’a pas changé après le coup de communication présidentiel.
Communication toujours: l’été 2010, comme pour légitimer le discours présidentiel, le ministre de l’Intérieur avait annoncé une augmentation de la délinquance roumaine à Paris de 51% sur six mois (… et «259% sur 18 mois»). Quelques jours plus tard, un sociologue expliquait l’erreur. Ce mois-ci, de nouveaux chiffres (cette fois sur l’agglomération parisienne) font apparaître une augmentation des «mis en cause» dans des affaires de “larcins” de 72,4%, selon une étude policière, sur les six premiers mois de l’année.
A Paris se déroule jusqu’au 7 août une exposition de photographies de Alain Keler (photo ci-dessus) coproduite par Médecins du Monde, et intitulée “Parias, les Roms en Europe”.
Parias, les Roms en Europe - du 22 juillet au 7 août 2011, les vendredis, samedis et dimanches, Le Comptoir Général, 80 quai de Jemmapes, Paris - Métro République. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, un extrait de l’expo est disponible ici.
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