Le gymnase municipal de la rue de la Fontaine-au-Roi (11e arrondissement), occupé depuis le 7 mai par un groupe de Tunisiens violemment délogés trois jours plus tôt d’un immeuble de l’avenue Simon-Bolivar (19e arrondissement) a été évacué mardi 5 juillet dans l’après-midi.
Après que fin mai une trentaine de migrants avaient… migré vers le «Centre culturel tunisien» de la rue Botzaris (19e), la Ville de Paris avait procédé à un «tri» des résidents. Puis, le gymnase gardé 24 heures par jour par le service de sécurité de la Ville, les horaires étaient devenus stricts: dernière sortie le matin à 10 heures, dernière entrée le soir à 22 heures.
La porte ouvrait à partir de 18h, et l’association Chorba pour tous, missionnée par la Ville, passait chaque soir rapidement vers 18h30 distribuer une ration de nourriture.
Hier mardi, dans la journée, trois affichettes de format A4 ont été apposées sur les murs du gymnase:
• l’une indiquait «A partir d’aujourd’hui, la distribution de la Chorba pour tous est assurée à Stalingrad. Merci de votre compréhension», sans date.
• une deuxième annonçait «Les bagages laissés sur place seront rendus jeudi après-midi. Merci de votre compréhension», sans date également.
• la troisième, en français et en arabe, disait: «Monsieur, en application d’une décision de justice du 17 juin 2011, il ne vous est plus possible d’entrer dans ce gymnase. Ce site doit faire l'objet de travaux et être rendu à sa vocation d'équipement sportif public. Merci de votre compréhension».
La «compréhension» n’était pas au rendez-vous, vers 18h30, à l’heure habituelle du passage de l’association humanitaire. Manifestement, peu d’occupants avaient vu l’affichage indiquant que la Chorba passerait à Stalingrad, et personne n’avait vu les deux autres.
Un imposant dispositif policier avait été déployé, tant devant le gymnase que dans la rue de la Fontaine-au-Roi (où une dizaine de véhicules stationnaient en file indienne), dans deux rues adjacentes, et sur le boulevard de Belleville.
La police était sur place «à la demande de la mairie», selon des policiers rencontrés sur place, et rompus aux interventions aux alentours des Buttes-Chaumont.
Quelques incidents ont eu lieu dans le milieu de la nuit, apparemment sans gravité.
Sur les cent-vingt occupants que comptait encore le gymnase en milieu de semaine dernière, un groupe de l’ordre de quarante personnes devait repartir pour la Tunisie avec 300€, comme Claude Guéant l’avait annoncé le vendredi 6 mai, confirmant ainsi une information déjà publiée ici.
Plusieurs migrants —certains voulant rester en France, d’autres pas— avaient indiqué ce chiffre au blogue, sans pouvoir préciser la date.
Pendant ce temps, dans le 19e arrondissement, un groupe de Tunisiens chassés d’un immeuble… tunisien le 16 juin survit toujours aux Buttes-Chaumont. Ce qui était officiellement un «Centre culturel» abritant de nombreuses autres activités moins joyeuses est devenu le 15 juin une annexe de l’Ambassade de Tunisie en France.
Depuis deux jours, la police française fait montre de beaucoup de présence sur les lieux. La nuit dernière, outre un camion de police juste devant le 36 rue Botzaris, une voiture sérigraphiée bloquait l’entrée de la rue du Plateau, afin que personne ne puisse approcher du n°42 (photo).
Fabien Abitbol
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