150 Roms ont été évacués dans un tramway de la RATP, mardi 31 août au petit matin, d’un campement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), indique France Info, pour qui «L’histoire rappelle de bien tristes souvenirs et suscite un tollé à la RATP».
«Au-delà du nombre de fonctionnaires français impliqués dans cette rafle, il faut rappeler aussi la mobilisation d'une soixantaine de cars de la police et de la TCRP (l'ancêtre de la RATP) pour l'acheminement des Juifs arrêtés vers Drancy et le Vélodrome d'Hiver (situé dans le XVe arrondissement).», écrivait l’historien Claude Singer, dans "Les Chemins de la Mémoire (n° 119 - Juillet-Août 2002), cité par le site Internet du ministère de la Défense. Quitte à risquer le “Point Godwin”, la RATP a utilisé hier un tramway pour non pas déporter des Juifs, mais «appliquer une décision de justice» visant à l’évacuation de cent cinquante ressortissants bulgares et roumains d’un campement de Saint-Denis.
Gilles Garnier, conseiller général communiste, a assisté par hasard à la scène, peut-on lire sur le site Internet de l'Express: «J'attendais mon tram lorsque vers 11h05, plusieurs dizaines de Roms sont sortis d'une rame qui affichait ne pas prendre de voyageurs». Six camionnettes et cinq voitures de police sont postés devant la gare pour éviter d'éventuels débordements. «Toute la scène s'est déroulée dans le calme. Il s'agissait manifestement de familles avec de jeunes enfants. C'était très choquant, il y avait quasiment autant de policiers que de Roms», assure l'élu. Et d'ajouter: «Cela m'a rappelé de très mauvais moment de notre Histoire».
Interrogé sur France Info, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a affirmé «ne pas être au courant de ces événements» et ajouté que «ce qui compte, c'est de savoir ce que l'on fait à l'égard de ce qui est illégal». Son porte-parole, Pierre-Henry Brandet, ancien journaliste de la télévision publique, a pour sa part précisé: «A aucun moment, les policiers n'ont employé la force pour évacuer le campement. De la même manière, ils n'ont pas forcé les 150 ressortissants roumains à emprunter le RER. Ceux-ci sont montés volontairement à bord de la rame mise à disposition par la RATP».
«Il n’y a pas eu de réquisition par le préfet», indique au Parisien la préfecture de Seine-Saint-Denis. «Il a fallu gérer un trouble à l’ordre public comme lorsque l’on prend en charge des supporteurs turbulents.»
Sur le réseau social Twitter, le président (PS) du conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon a réagi ce matin, qualifiant cette évacuation de «brutale et inhumaine».
F. A., ill.: copie d'écran de la réaction de Jean-Paul Huchon sur Twitter
A lire: Grenoble, qu’en reste-t-il? (28 juillet 2011), Parias, les Roms en Europe (26 juillet 2011)
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