Le juge Jean-François Redonnet, du tribunal de grande instance de Papeete, a procédé, mercredi 4 juin, à une perquisition dans les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) à Paris. Un transport judiciaire intervenu dans le cadre de l'affaire "JPK". Le journaliste Jean-Pascal Couraud, surnommé JPK, disparu à Tahiti en 1997, enquêtait à l'époque, selon certains témoignages non vérifiés, sur des transferts de fonds suspects concernant le sénateur de Tahiti Gaston Flosse, un proche de Jacques Chirac.
En juin 2007, l'avocat de Jean-Pascal Couraud, Me Jean-Dominique des Arcis, avait fait référence lors de l'instruction à une « note circulant à Papeete en 1998-1999, faisant état de transferts de fonds par Wan [Robert Wan, richissime homme d'affaires proche de Gaston Flosse] à Jacques Chirac ».
Par ailleurs, alertée par des renseignements non recoupés, la DGSE avait procédé à des vérifications concernant un hypothétique compte en banque détenu au Japon, en 1992, à la Sowa Bank, par M. Chirac.
Dans le cadre de l'affaire Clearstream, les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons avaient ensuite découvert des écrits du général Philippe Rondot se rapportant à cette enquête de la DGSE. Gaston Flosse avait été cité comme l'un des éléments de cette « filière nippone ». Aucun élément tangible n'est jamais venu étayer cette rumeur.
Le juge Redonnet, chargé d'élucider les causes de la disparition de "JPK", a donc tenté de vérifier l'existence de cet éventuel compte japonais de M. Chirac, en se faisant remettre à la DGSE, puis en plaçant sous scellés, dix-sept documents classifiés liés à cette affaire de la Tokyo Sowa Bank. La commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), qui devrait être saisie par le ministère de la défense, sera amenée à se prononcer sur la déclassification de ces documents.
Le juge Redonnet s'est ensuite déplacé, jeudi 5 juin, au cabinet de l'avocat Jean Veil, le conseil de M. Chirac. Il a placé sous scellés une enquête réalisée auprès de l'ex-Sowa Bank – dont le magazine Le Point avait fait état –, commandée par l'avocat, tendant à conclure à l'inexistence de ce « compte japonais ». Le bâtonnier de Paris, Me Christian Charrière-Bournazel, s'est opposé à la remise de ce document, estimant qu'un avocat ne peut être délié du secret professionnel, même par son client.
Gérard Davet, pour Le Monde
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Mise à jour de samedi 11h30 :
⇒ Un correspondant de Polynésie me fait parvenir cette dépêche de Thaitipresse (datée d’hier à 10h07 locales, soit dans le soirée à Paris), rappelant notamment que la justice polynésienne avait dans un premier temps conclu à un « suicide » du journaliste enquêtant en 1997 sur le présumé compte japonais de Jacques Chirac dans une banque, la Tokyo Sowa Bank, qui a fait faillite en 1999.
⇒ Chirac présente sa fondation (Le Matin, Maroc)
⇒ Chirac ne souhaite pas « rompre » le contact avec « la France et les Français » (AFP)
⇒ France : perquisitions au cabinet de l'avocat de l'ancien président Chirac et au siège de la DGSE (Agence chinoise Xinhuanet)
⇒ Un rappel des liens potentiels entre Clearstream, le Japon, la Polynésie et Jacques Chirac (Le Monde, janvier 2008)
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