Alors que les statistiques de l’emploi montraient vendredi soir une nouvelle progression du chômage, une note de l’Acoss (la caisse des Urssaf) indique que le volume d'heures supplémentaires a dépassé pour la première fois le niveau de 2008. Plutôt que d’embaucher, les patrons préfèrent donner des heures supplémentaires défiscalisées. Avec des effets désastreux prévus par deux députés dans un rapport parlementaire.
«En janvier 2012, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) diminuent de 2,7%, revenant au niveau de novembre 2011», indique l’Acoss dans sa note de 4p (à télécharger ci-dessous), notant toutefois que le volume d’heures supplémentaires a cru de 5,7 % sur un an en décembre, après +3,5% en novembre.
Au quatrième trimestre 2011, en données brutes, 190 millions d’heures supplémentaires ont été effectuées, correspondant à 795M€ d’exonérations… Trois milliards d'euros auraient ainsi échappé en 2011 aux organismes de sécurité sociale, du fait de la Loi Tepa. Et avec une hausse quasi-constante du chômage, donc des allocations à verser à ceux qui ont cotisé pour.
Le secteur tertiaire use des heures supp’, en hausse de 3%. Le bâtiment et l’industrie en abusent, en hausse respectivement de +4% et +4,9%.
Le taux de dix pour cent de la population active au chômage est sur le point d’être atteint (cliquer ici pour voir la courbe sur les 25 dernières années).
Le «travailler plus pour gagner plus» prôné par le candidat Sarkozy de la campagne électorale de 2007 accroîtrait donc «le recours aux heures supplémentaires en réduisant le recours aux embauches», comme le relevaient les députés Jean-Pierre Georges (UMP) et Jean Mallot (PS) dans ce rapport parlementaire publié à l’été 2011. Les deux députés avaient alors noté dans ce chapitre le contexte particulier de l’année 2007, avec des conditions macro-économiques qui ont par la suite «profondément changé».
Cela n’empêche pas le candidat Sarkozy de 2012 de mettre une fois de plus en avant la “valeur travail”, malgré le changement de conjoncture. Ni de proposer encore des mesures d'exonération de charges que même La Tribune trouve floues. Faut-il rappeler au candidat-président (et à ceux qui s'apprêteraient à voter pour lui) que les «charges» sont en réalité un salaire différé? Ce sont ces revenus qui, sortis de la fiche de paie, permettent de pallier des accidents comme la maladie, le veuvage ou le chômage, ainsi qu'une échéance que beaucoup de travailleurs attendent: la retraite.
F. A.
La note de l’Acoss: Téléchargement ACOSS_fév2012
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