Pour
Molex, le dossier complexe reste entre les mains de Christian Estrosi
Invitée
dimanche soir de la nouvelle formule de l’émission de Samuel Etienne sur France 3, la ministre
en charge de l’Economie et de l’Emploi, Mme Christine Lagarde, a balayé les divers sujets de l’actualité politique et
économique de la semaine. Et notamment la situation à France Telecom, groupe au
sein duquel, selon les syndicats, vingt-trois personnes se sont suicidées
depuis le début 2008.
« J'ai demandé, avec Xavier Darcos, au président de France Télécom de convoquer d'urgence un conseil
d'administration, pour que, au plus haut niveau, il y ait à la fois un message
très fort vis-à-vis de l'ensemble du personnel, et puis des instructions qui
soient données à la hiérarchie pour que ces problèmes-là soient pris en
compte », a-t-elle déclaré, ajoutant que ces suicides « c'est
vingt-trois histoires individuelles certainement, mais c'est dans une même
entreprise et bien souvent avec l'expression d'un grand désarroi et d'une
grande solitude dans l'entreprise ».
Vendredi encore, une femme de trente-deux ans s’est défenestrée à Paris, sur son lieu de
travail, après une réunion portant sur la restructuration de son service. Mme
Lagarde s’était exprimée plus tôt dans la journée sur Radio Classique (lire ici).
« Il y aura d’autres suicides », craint la psychanalyste Marie
Pezé, spécialiste du stress au travail. Experte auprès des tribunaux et tenant
à Nanterre (Hauts-de-Seine) depuis 1997 la consultation Souffrance et travail, Marie Pezé est
l’auteur de Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés (17€ TTC France, août 2008,
Village mondial éditeur, coll. Essais et documents, 200p.).
Invité
à intervenir en duplex, le père Philippe Baché a également pris position en
faveur de « ses ouailles » de l’usine de connectique Molex, au nom de la « doctrine sociale de l’Eglise », en-dehors
« de toute conviction syndicale ou politique ». Il a indiqué que les
ouvriers de l’usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) n’avaient toujours pas
perçu leur paie du mois d’août, ne pouvaient pas pénétrer dans l’usine malgré
leurs tentatives quotidiennes du fait d’un cordon de sécurité, et a demandé à
la ministre une intervention.
Cette
dernière s’est bornée à rappeler que le probable repreneur serait reçu lundi à
Bercy, ainsi que les représentants des salariés, ce que l’on savait déjà, et qui était dans l’air depuis ce communiqué du 26 août. Et a précisé que cette affaire complexe étaient
suivie par ses services « depuis onze mois ». Une réponse qui n’a pas
suffi à l’homme d’Eglise, pour qui l’obstruction des actuels propriétaires ne
permet pas une discussion sereine pour les salariés dans le cadre d’un plan de
reprise ou d’un plan social. Sous le titre Lagarde : ministre ou avocate ?, Marianne s’était interrogé sur le
rôle passé de Mme Lagarde sur cette affaire, du temps où elle était avocate à
Chicago. Il semble que le dossier ne soit pas près de sortir du bureau de Christian Estrosi, le ministre délégué en charge de l’Industrie.
Sur
l’Emploi en général, la ministre ne s’est pas montrée optimiste, en indiquant
que « le pire n’est pas derrière nous ». Fin août, mobilisant les
principaux acteurs de l’emploi à Bercy (dont les préfets de Région, les
responsables de Pôle-emploi, de l’Afpa, de l’Apec ou de quelques organismes
privés), Mme Lagarde avait indiqué vouloir ramener les retards de dossiers de Pôle-emploi de 55 000 à 30 000 pour
la rentrée et souhaiter arriver d’ici à la mi-octobre à 70% des 950 sites de
Pôle-emploi « opérationnels » dans leur mixité ANPE-Assedic. C’est
loin d’être le cas depuis la fusion de janvier 2009. Même les logiciels ne permettent
pas d’obtenir certains documents auprès de certains agents… Les prévisons de
l’Insee comme de l’Union européenne annoncent un taux de chômage de 10% pour la
fin de l’année en France, pays où le candidat Sarkozy avait promis un
« plein emploi » qu’il estimait à 5%.
Concernant
la (ou les) position(s) gouvernementale(s) sur la contribution climat-énergie
(puisque tel devait officiellement être son nom, comme rappelé ici), Christine Lagarde a repris Samuel Etienne alors qu’il
n’avait pas tout à fait achevé sa question pour remplacer l’expression par le
terme de « taxe ». Puis elle a indiqué qu’elle estimait la « taxe carbone » totalement justifiée, de même que ses processus de
récupération partiels. Quand on ne connaît pas la valeur des choses, ces choses
n’ont plus de valeur, a-t-elle expliqué en substance. Mais l’échange sur ce
point a été très bref et relève de l’anecdote, sauf pour le vocabulaire…
L’émission
a eu également des moments plus légers, comme sur la grippe A (tourné le 10 septembre dans une petite ville de province), démontrant
des absurdités assez ubuesques, et encore plus prenants, comme un reportage de Memona Hintermann en Afghanistan.
Fabien Abitbol
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