Une quatrième loi sur le travail dominical arrive à l’Assemblée ce mardi. Dans un sondage Viavoice pour Libération, une majorité de Français (55%) se dit opposée au travail dominical, qui pour l’instant n’existe en France que pour 180 professions et qui ne devrait pas concerner l’Alsace et la Moselle, qui relèvent du droit local…, alors que les promoteurs du travail dominical mettent toujours en avant la différence entre la France et ses voisins.
Le
travail du dimanche revient sur le métier, comme en 2006, en plein été. Cette
année-là, le 6 juillet, le député UMP de Paris Pierre Lellouche déposait la proposition de loi n°3262, visant à modifier l'article L. 221-5 du code du
travail afin de permettre l'ouverture des commerces le dimanche, qui fut
renvoyée à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Dans
la foulée, le 25 juillet de la même année, le sénateur UMP Roger Karoutchi déposait une proposition de loi en ce sens avec treize autres sénateurs UMP, rappelle Le
Dimanche, j’y tiens !, le site du collectif des amis du dimanche. L'hiver dernier, au troisième essai, on pouvait espérer ce projet mort. Il n'était qu'enterré.
Voici
juste deux ans, dans son exposé des motifs, Pierre Lellouche faisait état d’un sondage Ipsos du mois
d’avril 2006 indiquant que « 75% des franciliens » étaient pour
l’ouverture dominicale des magasins. On apprit par la suite que le
commanditaire de ce sondage n’était autre qu’un centre commercial (ouvert le
dimanche) implanté à Paris Nord et à Villacoublay, d’où la notion de
« franciliens » interrogés… Au sénat, dans le compte-rendu du 30
juin, cette question posée par Roger karoutchi fait état de « 72% de
franciliens ». Quant à la notion d'être “pour” l'ouverture, elle est plutôt loin de celle d'être “pour” le travail !
Pour
86% des personnes interrogées par Viavoice pour Libération, « le dimanche
est un jour fondamental pour la vie de famille, sportive, culturelle ou
spirituelle ». 85% considèrent que « le dimanche doit rester un jour
de repos pour le plus grand nombre ». 59% des Français pensent que le
travail le dimanche ne permettrait pas « de soutenir l’activité
économique », 58% qu’il ne permettrait pas « de préserver ou de créer
des emplois » et 53% qu’il n’augmenterait pas « le pouvoir d’achat
des salariés concernés ». L’argument commercial (« il serait plus
facile de faire ses courses ce jour-là ») ne les convainc pas non plus
(65% ne sont pas d'accord).
42% des Français s'affirment « prêts à travailler le dimanche » si leur employeur le leur demandait. 57% s’y refusent, et 1% ne se prononcent pas, cette question n’étant posée qu’aux salariés du panel, soit 484 personnes sur l’échantillon de 1018 personnes de 18 ans et plus interrogées les 3 et 4 juilet par téléphone. Notice détaillée disponible auprès de la commission nationale des sondages, sujet de Libération à lire ici.
Concernant l’Alsace et la
Moselle, trois départements frontaliers mais soumis à des lois spécifiques (le droit local, en particulier pour le repos dominical, la Saint-Etienne et le Vendredi saint), les élus veillent,
au cas où le gouvernement ne ferait pas assez attention à eux. Hier, sur France
3 Alsace, Armand Jung (PS, Bas-Rhin) et Antoine Herth (UMP, Bas-Rhin) s’en sont expliqué. Ils ont déposé un amendement pour que le droit local
continue à s’appliquer. Quant à Paris, son cas aussi est à part… mais dans
l’autre sens. Si le texte est voté en l’état, ce sera le préfet (non pas
le maire) qui s’occupera d’obtenir le classement de la ville « commune
d'influence touristique », avec comme conséquence la possibilité d’une
zone unique sur tout Paris, pour tous les commerces de détails, tous les
dimanches de l'année.
En
mai, la Dares publiait une enquête statistique sur les données dont elle disposait en
2005. Qui montrait que seuls 37 % des salariés ont des horaires normaux. Voilà donc que l’UMP,
qui a tant souhaité que les enfants n’aillent plus à l’école le samedi, afin
-disaient les élus- que les familles puissent être ensemble, demandent
maintenant que le dimanche tous les types de commerce puissent être ouverts, sans doute pour faire les
courses en famille. Mais dans ce cas, qui tiendra les magasins, et qui va
garder les enfants ?
F.
A.
è Le dimanche, j’y tiens ! (collectif des amis du dimanche)
è Collectif des amis du lundi (sur la défense du Lundi de Pentecôte)
Le refus de la consommation = délit de terrorisme économique, c'est pour bientôt ?
Rédigé par : raannemari | 07/07/2009 à 09h34
la garde des enfants est un faux problème. Ils accompagneront leurs parents (clients ou vendeurs, peu importe) dans les magasins, devenus le dernier espace de découverte encore possible. Même que le grand timonier a tenu des propos qui expriment assez bien, cet avenir radieux :
“Est-il normal, que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je dois passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir?”
(Le Monde, 7 juillet)
Rédigé par : médor | 07/07/2009 à 11h02
La vidéo de Nicolas Sarkozy à La Défense est ici :
http://www.wat.tv/video/travail-dimanche-quand-sarkozy-1lz0x_1ezx5_.html
Lorsque je mettais en titre ”Qui va garder les enfants ?”, en référence à la remarque un brin machiste que fit en 2006 un député de Seine-Maritime, je pensais aux foyers monoparentaux et aux foyers dont au moins l'un des parents travaille déjà le samedi et/ou le dimanche, et non pas aux gens « normaux », qui sont en fait « anormaux », puisqu'ils ne sont que 37 %…
Je ne pensais pas aux consommateurs, mais à ceux obligés de les servir, sous peine de risquer de perdre leur emploi, ou de n'en pas trouver. Même le député Mallié, dans un récent entretien au Point, reconnaît qu'un chercheur d'emploi ne pourra pas postuler s'il ne souhaite pas travailler le dimanche ! Et ce malgré les déclarations formelles du président Sarkozy.
Rédigé par : Fabien | 07/07/2009 à 16h43
et puis d'abord, le chanoine honoraire de Saint-Jean du Latran, n'a pas à mettre les gens au turbin le jour du Seigneur
Rédigé par : Christine Boudin | 07/07/2009 à 17h08
le problème est toujours le même : on est d'accord à condition que ça ne tombe pas sur nous...j'veux aller dans les magasins le dimanche mais pas bosser...trop facile...
personnellement, je fais partie des professions qui bossent les dimanches et fériés et je survis...mais vie n'est pas pire ni mieux, elle est différente...parce que j'ai un conjoint qui bosse "normalement"...
sinon, nous, nous ne sommes pas payés double...dommage...
Rédigé par : miss P | 07/07/2009 à 19h25
Permettez-moi de donner un éclairage féministe sur le sondage francilien : si ce sondage faisait apparaître la répartition des réponses en fonction du sexe, vu qu'en Ile de France nous avons 30% de familles mono parentales, nous aurions une preuve de plus que cette idée de travail le dimanche pénalise particulièrement les femmes. Mais que pouvons-nous attendre d'un gouvernement qui a supprimé le Ministère des Droits des Femmes, puis, le secrétariat des Droits des Femmes et qui aujourd'hui démantèle Le Service des Droits des Femmes et de L'Egalité ...
Arlette ZILBERG, responsable de la Commission Féminisme des Verts, ancienne adjointe au Maire du 20ème ardt chargée de la Petite Enfance et du Bureau des Temps
Rédigé par : Arlette ZILBERG | 07/07/2009 à 23h22
Le sondage de 2006 (francilien) sur lequel se basaient les déposants de l'époque (Lellouche seul d'une part, Karoutchi et seulement treize apôtres d'autre part), je le ressortais pour diverses raisons :
1/parce que demander si on aime les magasins ouverts ou si on a envie de travailler n'est pas la même chose et n'appelle pas les mêmes réponses ;
2/que ce sondage de l'époque, comme je l'ai souligné, était financé (et commandité) par une société que chacun pourra reconnaître en lisant attentivement ou en faisant des recherches ;
3/parce que je m'attendais à ce que mes confrères n'en parlent pas (ils disent que c'est le 4e texte, alors que chacun a en mémoire l'hiver dernier).
Bien entendu, il mérite d'être commenté. Je n'en attendais pas moins de toi, Arlette, es-qualité d'adjointe en charge du Bureau des Temps. Je ne pensais pas à la féministe que tu es, j'avoue.
Je n'ai pas la répartition par sexe, et je ne sais pas si elle a été communiqué aux parlementaires. A la presse, pas à ma connaissance. Mais combien de fois en France légifère-t-on au doigt mouillé, quitte à ne jamais sortir les textes d'application ?
Rédigé par : Fabien | 07/07/2009 à 23h48
ah le sacro-saint dimanche et son travail basé sur le volontariat...forcé dans la plupart des cas où rien n'est noté dans les conventions collectives...
et come a dit je ne sais plus qui (là c'est ultra précis !!!) "s'il n'y a pas d'argent à dépenser le mardi, il n'y en aura pas plus le dimanche"...
je fais aussi partie des professions qui bossent les week-end et jours fériés, mais pas tous les dimanches!!!!
Rédigé par : Flo | 09/07/2009 à 21h45
en toute vulgarité le chef-de-la-bande a paraît-il déclaré que travailler le dimanche "c'est quand même pas un drame", sic. Je dirai même plus : qu'il aille se faire cuire un oeuf -lui, et sa clique infâme. Et on n'en fera pas un drame !
Rédigé par : luc | 10/07/2009 à 18h44