Le comédien Jacques Martial, président de l'établissement public du parc et de la grande Halle de la Villette, était mercredi invité du plateau de Soir 3, à l’occasion du décès de Aimé Césaire, avant de s’envoler pour la Martinique. L’occasion d’apprendre qu’un hommage serait prochainement rendu à Aimé Césaire à La Villette (19e arrondissement) et que France 3 modifiait ses programmes samedi soir, en diffusant Le « Cahier d’un retour au pays natal », qui a été tourné en décembre et aurait dû théoriquement être diffusé en France hexagonale le mai prochain, pour la journée de commémoration de l’Abolition de l’esclavage.
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La diffusion de l’adaptation de cette œuvre majeure du poète est prévue à 23h15. Lire également ci-dessous « Aimé Césaire, du texte à l'écran », du correspondant du Monde à la Martinique.
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Sur France 5, ce vendredi 18 avril à 20h40, « Empreintes : Aimé Césaire, un nègre fondamental », un documentaire réalisé par Laurent Chevalier remplacera « Empreintes, Henri Leclerc, au nom de l'homme », qui est pour l’instant programmée pour… septembre. Ce documentaire avait été diffusé en novembre 2007 et ne sera accessible que sur le câble, le satellite et la TNT.
Toujours vendredi 18 avril au soir, mais sur France 2 à 22h45, une édition spéciale d'« Esprits libres », présentée en direct par Guillaume Durand, remplacera la nouvelle émission de Eve Ruggieri « Musique au cœur 5 étoiles ».
Ce jeudi, tout au long de la journée, France Ô a modifié ses programmes… mais dès hier un forum était ouvert et il est possible de poster ici des messages de condoléances. France Ô a par ailleurs ouvert une page spéciale dédiée à Aimé Césaire.
F. A.
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Aimé Césaire, du texte à l'écran
C’est l'aboutissement d'un long engagement. Depuis plusieurs années, le comédien Jacques Martial interprète le Cahier d'un retour au pays natal sur tous les continents. Souhaitant conserver une trace radiophonique du long poème écrit par Aimé Césaire en 1939, il s'en ouvre un jour à la Martiniquaise Marie-José Alie, directrice de la culture et de la coopération de RFO, qui pense tout de suite à la télévision. Même si elle sait bien que, dans ce qu'elle appelle « le vide intergalactique sur la culture d'outre-mer », le projet va rencontrer « l'incrédulité ».
Elle cherche un producteur pour accompagner RFO ainsi que des fonds européens. Elle trouve Olivier Roncin (Pois Chiche Films) et « branche » Patrick de Carolis, président de France Télévisions, désireux de présenter sur les chaînes du service public les grandes œuvres de la littérature française. Et, pour lui, l'outre-mer en fait naturellement partie. De plus, avec cette adaptation de l'œuvre du chantre de la négritude, il tient son symbole de la diversité culturelle. Le Cahier version télé devrait être diffusé sur France 3 le 10 mai, première journée de commémoration officielle, en France, de l'abolition de l'esclavage.
La réalisation a été confiée à Philippe Bérenger (On fait comme on a dit, en 2000). Quand il rencontre Aimé Césaire, il lui explique qu'il va faire ce film « avec fougue et passion ». « Je n'ai plus les moyens physiques, lui répond l'écrivain martiniquais, mais c'est bien ça. » Lui aussi découvre que son poème gagne à être lu à voix haute.
De Basse-Pointe, commune natale d'Aimé Césaire, à Fort-de-France, la ville dont il a été député et maire pendant un demi-siècle, en passant par Saint-Pierre, berceau de la Martinique et victime de l'éruption de la montagne Pelée en 1902, les 153 séquences racontent la venue d'un comédien martiniquais de la métropole. Le Guadeloupéen Jacques Martial a traversé l'Atlantique pour interpréter l'oeuvre fondatrice du poète. L'homme passera du rejet de lui-même et du pays à l'acceptation et à la réconciliation.
Pour les besoins du téléfilm, le comédien croise de nombreux personnages, dont un enfant, censé être Césaire jeune et curieusement affublé du nom de "Kid" - pour le rôle, la production a choisi Anthony, 10 ans, fils d'un couple de Fort-de-France que Césaire a uni… Ces personnages ne parlent pas, pour laisser tout le champ sonore à la voix de Jacques Martial et au texte du poète. Il y est notamment dit, dans un passage devenu célèbre : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. » Tandis qu'Olivier Roncin parle de « slam audiovisuel », Philippe Bérenger se dit impressionné par Jacques Martial, qui « porte le texte et le film ».
Le comédien offre là une facette de son jeu moins connue que son rôle de Bain-Marie au côté de Roger Hanin dans la série "Navarro" diffusée sur TF1. L'homme, qui préside depuis un an le parc de La Villette à Paris, vient du théâtre. Il a aussi créé la Compagnie de la comédie noire et a milité au sein du collectif Egalité pour la présence des minorités visibles sur scène et à l'écran. Jacques Martial n'a « aucun doute » sur la pertinence du texte aujourd'hui. Dans les ruines où il tourne, au pied du volcan qui surplombe Saint-Pierre, il affirme : « La société française se questionne sur son identité. Il s'agit de faire un voyage historique sur les fondements de notre histoire commune qui ne doit susciter ni honte, ni fierté, ni colère. Cette histoire, nous l'avons écrite ensemble… La nier, c'est faire gronder la montagne. »
Patrice Louis, correspondant du Monde à Fort-de-France
⇒ Jacques Martial : « Césaire, poto-mitan et génie » (Jacques Martial avait rencontré Aimé Césaire en décembre 2007 à l’occasion du tournage)
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