« Je n’ai pas parlé des conflits familiaux et même professionnels : la presse people est là pour le faire et on ne va pas lui retirer le pain de la bouche. »
Le ton est donné : ce livre n’est pas une autobiographie mais un tango ; une danse hésitation sur les chemins de l’existence et de la nature humaine. Tendre misère de son Belleville natal, classes turbulentes, Légion étrangère et, dans les rues d’Alger, souvenir indélébile des djellabas rouges de sang, « je joue pour oublier »… Mais il chante, aussi. Voix de charme, saxo nostalgique, « jazz band toujours », rencontres fabuleuses.
Comme au cinéma : ce qui l’intéresse, ce sont les instants magiques partagés avec les plus grands, et toutes les superbes actrices qui l’ont dorloté comme un enfant perdu… Un faux modeste, Marchand, un faux malingre, qui a fait des courses automobiles, de la moto, du cheval avec tant de frénésie qu’il en est tout « dislocado », sans compter le polo qui lui a valu une période de dandysme hilarant. Mais il n’est dupe de rien. Tout au long des pages, il y a cette voix off, un peu comme dans Nestor Burma quand le détective commente ses heurs et malheurs, qui nous offre son lot de réflexions douces-amères mais d’une tendresse fracassante sur notre parcours terrestre, ses aléas et ses émerveillements.
(Présentation de l’éditeur)
Le Guignol des Buttes-Chaumont (Michel Lafont, janvier 2007, 192 pages, 140 x 225cm, ISBN : 978-2-7499-0592, 18,50 €)
Ils ont publié cet après-midi le communiqué suivant :
« Nous avons rencontré M BORLOO et Mme VAUTRIN ce matin, pour leur expliquer que, dans les conditions actuelles, nous ne pouvions envisager la fin des campements, qui sont certes absolument inadaptés, mais rendus inévitables par l’urgence.
« En effet, des personnes en détresse viennent quotidiennement y chercher un ultime refuge, et personne ne peut le leur refuser.
« Il faut aider tous ces gens, qui refusent d’aller dans certains centres qui les conduisent, quelques jours plus tard, à nouveau dehors.
« Face à l’urgence et dans l’attente de la disparition des campements, nous apellons à la mobilisation de tous, citoyens, associations, travailleurs sociaux, villes et départements, qui doivent contribuer à trouver des solutions dignes et adaptées.
« C’est là une fonction qui dépasse les compétences des Enfants de Don Quichotte, ceux-ci n’ont jamais eu pour vocation de remplir la fonction de gestionnaires de campements.
« Nous avons trouvé un accord positif et ferme sur trois points :
• Renforcement des moyens pour mettre à l’abri immédiatement dans des conditions dignes toute personne sans domicile.
• Ces personnes mises à l’abri aujourd’hui et celles en centre d’hébergement d’urgence ne seront plus remises à la rue sans que leur soit proposée une solution pérenne leur convenant. Ce principe acté dans le relevé de décisions du 8 janvier sera effectif au plus tard la semaine prochaine.
• Des cellules vont se développer dès aujourd’hui à l’intention des personnes qui ne sont pas sur le Canal Saint-Martin ou les campements en province, afin d’évaluer et orienter chacun vers une solution adaptée, avec dans un premier temps une mise à l’abri immédiate.
Dans son édition de ce jour « Libanews » annonce que le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) demande une aide d'urgence pour la reconstruction du Liban.
Hier soir, dans un entretien télévisé, le président de la République française avait déjà exprimé la même opinion, que l'on peut retrouver en intégralité sur le site de l'Elysée. Cet entretien était diffusé sur trois chaînes, la toute jeune France 24 (qui ne diffuse pour l'instant qu'en Français et en Anglais, en attendant la mise en place du canal arabophone), la chaîne du groupe TPS Future TV, et la Lebanese Broadcasting Television (LBC, dont le site est ICI).
L'organigramme du PNUD au Liban (en Anglais) se trouve LA.
Les 500 millions d’euros de la France, 400 millions d’euros de l’UE et 770 millions de dollars des USA… qui ne sont que des promesses de prêt à la veille du sommet de Paris III ont de quoi aggraver davantage les finances d'un payx en piteux état et endeuillé par les récentes grèves et manifestations (on parle de trois morts et 160 blessés). Pas nécessairement de calmer les esprits, comme le fait remarquer le quotidien francophone « L'Orient-LeJour ».
Depuis deux semaines, les Parisiennes et les Parisiens en mal d’adoption n’ont plus à faire un parcours du combattant en allant de structures en structures. Une seule adresse pour les accueillir et les informer. Et elle est dans le 11e arrondissement…
« L’adoption d’un enfant est un parcours complexe sur le plan administratif, psychologique et affectif. Pour améliorer les procédures et mieux répondre aux interrogations des personnes postulant à l’adoption, le Département de Paris a créé l’Espace Paris Adoption qui réunit des professionnels (travailleurs sociaux, psychologues, pédopsychiatre, et agents administratifs) et travaille en partenariat avec des associations. », peut-on lire sur le tout nouveau portail de Paris consacré à la famille.
Toutes les procédures, les enjeux et les conditions de l'adoption sont détaillées là.
Espace Paris Adoption
54, avenue Philippe Auguste
75011 Paris Ouvert de de 9 h à 17 h 30
Tél. : 01 55 25 89 10 - Fax : 01 53 27 01 12
Métro Nation, Lignes 1-2-6-9 ou RER A
Sortie Dorian ou Voltaire (rue des Boulets par la ligne 9)
Au cours d’une conférence de presse ce matin dans le 10e, la Fédération nationale d'Associations de réinsertion (FNARS) a indiqué que 122 SDF qui s'étaient installés le long du canal Saint-Martin mi-décembre à l’appel des Enfants de Don Quichotte, se sont vu proposer un « hébergement adapté », tout en précisant qu'il restait 122 tentes sur les 250 installées par les Don Quichotte.
« Sur les 122 SDF à qui on a proposé un hébergement, 75 % l'ont accepté, dont la plupart vivent actuellement dans des hôtels, en attendant de rejoindre l'hébergement promis », a expliqué Nicole Maestracci, présidente de la Fnars.
Il reste autant de tentes sur un campement qui en a compté jusqu'à 250 au plus fort du mouvement lancé par les Enfants de Don Quichotte, a précisé la Fnars. D'après la fédération, il ne devrait rester en « fin de semaine » qu'un « noyau dur » d'une trentaine de tentes sur cet emplacement.
Sur les 269 SDF recensés sur le campement, 44 se sont vu proposer un logement (ville de Paris, contingent préfectoral, maison-relais etc.), 24 une place en résidence sociale, 45 un hébergement dans un centre de réinsertion (CHRS, lits de stabilisation, halte soins etc.) et neuf dans d'autres structures.
Peu avant de se rendre au ministère de la Cohésion sociale, où il devait rencontrer Jean-Louis Borloo, Jean-Baptiste Legrand, le président des Enfants de Don Quichotte, a lancé ce midi un « appel à la remobilisation nationale ». Il a aussi souligné qu'« un travail remarquable avait été fourni au canal Saint-Martin (…) Maintenant nous sommes toujours en situation de crise. Je vais voir M. Borloo pour envisager ensemble une solution pour que le processus mis en place canal Saint-Martin soit proposé à tous », a-t-il expliqué.
La Fnars a recensé 16 campements de type Don Quichotte en France (en sus de celui du 10e), dont les plus grands se trouvent à Lyon, Nice et Strasbourg. Sur les 14 campements où la fédération a obtenu des informations, 357 tentes et 477 personnes ont été recensées.
« Le travail très important fourni par les services de l'Etat, la Fnars et les Don Quichotte montre qu'on peut proposer des solutions durables aux personnes qui sont accueillies en urgence. A l'évidence, il faudra qu'on puisse proposer une solution durable à toutes les personnes qui sont en situation d'urgence. Nous n'y sommes pas encore », a déclaré Mme Maestracci, qui avait été nommée en décembre 2006 présidente de la FNARS pour tenter de sortir de la crise. Magistrate de profession, Mme Maestracci dirigeait la Mission interministérielle de lutte contre les Drogues et la toxicomanie (MILDT). Nommée en 1998 par le gouvernement Jospin, elle avait fait l’objet d’une « chasse aux sorcières » en 2002 et rejoint la magistrature comme présidente du Tribunal de Grande instance de Melun, ville dont le ministre-délégué au Budget, Porte-parole du Gouvernement est le maire. Ce matin, la présidente de la FNARS a appelé de ses vœux une « mise à plat » des dispositifs « très cloisonnés » de sortie de l'urgence pour permettre « un suivi social » et un « travail de diagnostic » s'inspirant de ce qui a été fait canal Saint-Martin. La Fnars a par ailleurs annoncé qu'une « cellule de suivi » serait opérationnelle dès la semaine prochaine pour les sans domicile du canal Saint-Martin.
Le magasin d’alimentation Comestibles, dont on peut retrouver le site ici et y découvrir une partie des producteurs dont il vend les produits dans l’une des rares boutiques du quartier Amandiers, vient d’entrer dans la communauté MySpace en ouvrant la semaine dernière le site LesComestibles.
A l’occasion de la nouvelle année, Benoît organise jeudi 25 dans sa boutique de la rue des Amandiers une dégustation, comme il le fait souvent le jeudi soir.
Cyril Bourgne viendra présenter l'ensemble des cuvées qu'il travaille avec sa femme Nadia au domaine La Madura. Trois millésimes : 2003 (Classique blanc, Classique rouge), 2002 (Grand Vin blanc) et 2001 (Grand Vin rouge), et aussi ses Vin de Pays : le blanc, monocépage original travaillé à partir d'une parcelle d’un hectare de sauvignon et le rouge, un assemblage carignan, syrah, grenache, mourvèdre, sympathique hommage au terroir languedocien.
Comestibles profitera de l’occasion pour faire déguster quelques petits tapas maison...
Installés dans le quartier depuis bientôt deux ans, Benoît et sa compagne y ont ouvert cette sympathique petite boutique où l’on trouve pratiquement de tout en matière d’alimentation rare ou fine. Depuis peu, un petit rayon cosmétique côtoie le rayon bio. Outre les classiques conserves en bocaux ou métalliques, certaines spécialités régionales méritent un arrêt. Le bon accueil des hôtes n’est pas étranger à la chaleur du magasin. Comme quoi, il n’est pas toujours nécessaire de « monter » à Gambetta pour se faire plaisir !
Comestibles
31, rue des Amandiers
75020 Paris
Tél. : 01 46 36 94 08 Ouvert tous les jours de 10 à 13h et de 16 à 20h30(sauf dimanche après-midi et lundi matin).
Emmanuel Davidenkoff, journaliste spécialisé dans la jeunesse (il est entre autres chroniqueur sur France-Info, tenait un blogue à Libération(dont la fiche sur Wikipédia est loin d’être à jour, puisqu’elle ne tient pas compte du plan social de ce jour ni du départ de Serge July… du 28 juin 2006 !) jusqu’au plan social de février 2006, et rédacteur en chef du magazine du Groupe Bayard« Phosphore »), était ce matin l’invité de i>Télé.
Il a annoncé à Colombe Schneck un partenariat entre le magazine jeunesse et la radio Le Mouv’, la « radio jeunes » du groupe Radio-France, en vue de l’élection présidentielle dont le 1er tour a lieu le 22 avril prochain. Ce partenariat se concrétise par un blogue participatif animé par des jeunes supervisés par des journalistes professionnels, et se tournant essentiellement vers la jeunesse. On peut ainsi trouver sur http://presidentielle.lemouv.phosphore.com/ aussi bien un portrait d’un jeune militant des Verts que l’interview du plus jeune député de France (un UMP de 31 ans).
Emmanuel Davidenkoff a aussi indiqué que, dans le magazine papier de ce mois-ci, dont le titre principal est « 68 % des 16-25 ans contre le vote à 16 ans », les résultats du sondage étaient très variables selon que l’on soit militant ou proche de l’UMP ou du Front national (farouchement opposés) ou que l’on soit déjà dans la vie active, par exemple comme apprenti (sur le ton « Pourquoi je n'ai pas droit à la parole alors que je dois me lever tous les matins pour travailler ? »).
Le blogue du magazine « Phosphore » est ICI. Son site est LA.
Reçu ce mardi 23 janvier ce texte des Verts du 20e arrondissement. Un texte qui a été écrit avant le décès de l’Abbé Pierre. Ce texte est un témoignage nourri essentiellement des visites quasi quotidiennes des Verts 20e sur le terrain aux campeurs et de la réflexion qui s'est tenue à la Teinturerie 24 rue de la Chine le vendredi 19 janvier en présence de Mylène Stambouli, adjointe au maire de Paris chargée de la lutte contre l'exclusion et qui a été très présente sur le terrain.
Cinq semaines ont passé depuis que se sont installées les tentes des SDF des deux côtés du canal Saint-Martin à l'initiative des « Enfants de Don Quichotte ». Les relais médiatiques ont fait que cette action collective s'est répercutée bien au-delà des limites de l'Hexagone.
Est-ce à dire que tout cela s'est opéré miraculeusement ? Bien sûr que non : l'action conjointe, durable, ingrate et silencieuse de quantité d'associations d'aide aux mal-logés et aux Sans Domicile Fixe n'est pas étrangère à l'irruption soudaine de la question à la une de l'actualité ; mais il a fallu sa mise en scène en quelque sorte pour qu'on en parle. C'est ce qu'ont réussi « Les Enfants de Don Quichotte ».
Roger Vailland écrivait : "comme la pâte qui lève, comme le pain qui se dore ... les révolutions éclatent". Pour ça il faut que le boulanger enfourne ; ici, ce n'est pas une révolution mais une première où « Les Enfants de Don Quichotte » n'ont fait que prendre l'initiative de fédérer des exclus qui n'en demandaient pas plus pour mettre fin à la négation de leur existence par la société.
Quoi, une association naissante s'attaquer à une question aussi complexe en pleine crise du logement ? Le scepticisme de beaucoup a été vite balayé par la solidarité mise en pratique par les campeurs entre eux et leur auto-organisation rendue encore plus efficiente par les solidarités venues immédiatement de l'extérieur : celles de voisins du canal et de militants habituels ou de circonstance fournissant aide matérielle et présence (nuits sous la tente, simples visites, participation aux veilles de nuit, etc.)
Un souci des campeurs a été immédiatement d'éviter à tout prix la récupération politique. Elle ne s'est pas produite en effet, mais si les sigles des partis n'ont jamais été brandis, nos éluEs VertEs à la Mairie de Paris et leurs collaborateurs méritent un coup de chapeau : vacances ou pas vacances, ils étaient là quand on avait besoin d'eux/elles et leur efficacité a été admirable et probablement déterminante. C'est leur action combinée à celle des agents municipaux qui a permis la possibilité d'une installation du campement sur une durée importante : installation de toilettes, enlèvement des ordures, ouverture toute la semaine des bains-douches dont les employés ont proposé d'effectuer bénévolement les heures supplémentaires ... Ajoutons-y la présence suivie de nombre de militantEs VertEs qui, avec d'autres, rendent régulièrement visite à des êtres humains habitués à demeurer « invisibles » et qu'enfin leurs semblables « voient ».
Nous qui avons vécu ces cinq semaines avec les campeurs mesurons combien leur mouvement solidaire et nos visites ont transformé - à mesure qu'ils recouvraient leur dignité - ceux que, par affinité, nous avons été amenés à connaître un peu mieux que les autres.
Est-ce que le relogement en cours des 280 campeurs va tout régler ? Non ; et la loi sur le droit au logement opposable va nécessiter du temps pour être appliquée. Dans les négociations avec le gouvernement, il a été acté qu'une part des logements sociaux attribués par le 1 % patronal sera réservée à des salariés précaires sans domicile et ce sont ces logements qui permettent aujourd'hui la sortie des personnes sous tente du canal Saint-Martin, soit directement, soit par l'attribution de ces logements à des salariés en CHRS (centres d'hébergement et de réinsertion sociale) qui libèrent ainsi des places. Ajoutons-y d'autres réponses comme ce « lieu de vie » à la la gestion duquel ses habitants participeront après avoir fait, sur les bords du canal, la démonstration qu'ils étaient capables de se prendre en charge – ce qui n'est pas pour eux, ni pour nous politiquement – un simple détail.
Pour beaucoup des campeurs, l'assurance d'un toit va permettre un soulagement (1/3 de ces SDF ont un travail) ou un nouveau départ (certains employeurs exigent d'avoir l'adresse de leurs salariés) ; restent ceux que l'exclusion a brisés (alcool, maladies physiques ou psychiques ...). Chacun des 280 du canal bénéficiera en principe d'un référent social. Ce n'est pas rien. Reste à vérifier le suivi des engagements gouvernementaux à l'égard de ce mouvement inédit qui d'ores et déjà restera comme l'événement social de ce début d'hiver.
Une fiction qui ressemble à s’y méprendre à la réalité…
Cette nuit, à 1h05, sur Arte dernière diffusion de la fiction du documentariste William Karel « Poison d’avril ». Il s’agit de revivre la campagne pour l’élection présidentielle de 2002 depuis la rédaction d'une chaîne de télé. Venu de TF1, le nouveau responsable du 20h veut imposer ses méthodes et explique qu’il « faut faire du Jean-Pierre Pernaut ». Radiographie d'une vaste manipulation de l'opinion publique, avec la montée en puissance de l’insécurité, du 5 mars au 21 avril 2002.
Séance de rattrapage pour ceux qui ont raté la première diffusion vendredi dernier, et la diffusion satellite-tnt-câble de dimanche après-midi…
Savoureuse, cette fiction politiquement incorrecte (avec Bruno Todeschini dans le rôle du journaliste fraîchement débarqué de TF1), Anne Brochet et Olivier Gourmet, entre autres…
Seule ombre au tableau : dans la litanie des faits-divers montés en épingle avant la présidentielle 2002, William Karel en oublie deux importants :
• l’attaque nocturne d’une dame sans histoire à son domicile par des voyous (en fait un règlement de comptes entre revendeurs de drogue),
• l’attaque « à l’arme lourde » d’un commissariat de police (dont a rapidement su que l’attaquant était un militaire qui partageait l’épouse du commissaire de police)…
Par ailleurs, le documentariste, lorsqu’il parle du vieil homme agressé à son domicile dans la Beauce situe l’événement à la veille du premier tour de scrutin. En réalité, il a été diffusé juste avant le scrutin sur les chaînes nationales, mais datait de plusieurs jours sur France 3 Paris-Ile-de-France/Centre, et l’homme attaqué à son domicile avait par le passé eu des soucis de mœurs avec des mineurs…
L’ancien député gaulliste a passé sa vie à se battre pour les défavorisés.
L’ancien député Henri Grouès, plus connu depuis la Résistance sous le nom de l’Abbé Pierre, s’est éteint ce matin à l’aube à l’hôpital d’Instruction des Armées du Val-de-Grace, où il avait été admis le 14 janvier pour une bronchite qui semblait (depuis) en voie d’amélioration. Inlassablement, cet homme qui avait commencé à l’âge de 19 ans à rédiger son testament (la version finale, de 114 pages, a été remise en 1997), avait milité pour le droit au logement pour tous et, en janvier 2006, s’était rendu à l’Assemblée nationale lors de la remise en cause par l’UMP de la Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (Loi SRU du 13 décembre 2000). Il croyait en Dieu et voulait mourir jeune. Il avait eu 94 ans en août dernier. Avec hâte et patience, il attendait ce qu’il appelait ses « grandes vacances ».
Fondateur des compagnons d'Emmaüs, résistant et ancien député de Meurthe-et-Moselle (de 1945 à 1951, d’abord comme indépendant, puis comme apparenté MRP, puis MRP, l'Abbé Pierre a consacré sa vie aux déshérités. Né en août 1912 à Lyon d’une famille bourgeoise de la soierie, Henri Grouès a fait des études chez les Jésuites. A 19 ans, il entre chez les Capucins. Malade, il doit les quitter peu après son ordination le 24 août 1938…
Affecté au diocèse de Grenoble, l’Abbé Pierre devient vicaire de la basilique Saint-Joseph, aumônier d'un orphelinat, puis vicaire à la cathédrale de Grenoble. Henri Grouès a également un passé de résistant. Il entre dans la clandestinité en 1942, vient en aide aux Juifs (il en aurait fait passer en Suisse, d’où sans doute l’hommage appuyé qui lui est rendu depuis ce matin sur la Télévision suisse romande), aux réfractaires du STO et soutient les résistants du Vercors. C'est durant cette période qu'il adopte son surnom. A la Libération,l'Abbé Pierre se lance en politique. Il consacre alors ses indemnités parlementaires au financement des premières cités d'urgence.
En 1949, l'abbé Pierre fonde la communauté d'Emmaüs.Une initiative fondée sur une idée simple mais nouvelle : la revente d'objets récupérés. Emmaüs lutte aujourd'hui contre l'exclusion dans une cinquantaine de pays. Mais la postérité retiendra surtout son célèbre appel radiodiffusé pour « l'insurrection de la bonté » : l’appel lancé le 1er février 1954 au cours d’un terrible hiver, qui provoqua un immense élan de solidarité. Cet épisode célèbre de la vie de l’Abbé Pierre sera porté à l'écran par Denis Amar, en 1989 : Hiver 54, l’Abbé Pierre, sorti seulement il y a onze mois en DVD.
Inlassable sur le droit au logement
En 1994, quarante ans après son premier cri pour les sans-logis, l'abbé Pierre a lancé un nouvel appel pour défendre le droit au logement pour tous (il était reçu sur Antenne 2 au 20h de Bruno Masure). Tenace, il recommencera en 2004. Toujours sur le terrain, l'abbé a soutenu les occupations d'immeubles vides par les associations telles Droit au logement (DAL) ou par les expulsés de l’église Saint-Ambroise à Paris (1996), qui donna lieu aux premiers mouvements de sans-papiers. Tout au long de sa vie, l'infatigable Abbé Pierre ne désarmera jamais. A plus de quatre-vingt dix ans, il intervient dans la rue, à la télévision, ou encore à l'Assemblée nationale… Promu Grand officier de la Légion d'honneur en 1992, il refuse de porter l'insigne jusqu'en 2001, pour protester contre le refus du gouvernement d'alors d'attribuer des logements vides à des sans-abri. Le 19 avril 2001, il sera finalement décoré par le président Chirac, qui lui a très vite rendu hommage ce matin dans un communiqué d’une grande sobriété. En 2004, il est élevé à la dignité de Grand'croix.
En 1996, son soutien à l'écrivain révisionniste Roger Garaudy fait débat et ternit son image. Il est exclu de la LICRA (dont il était membre d’honneur) et le Cardinal Jean-Marie Aaron Lustiger (entré l’année précédente à l’Académie française) lui demande de se retirer de la vie médiatique. L'Abbé Pierre retirera ses propos et s'en expliquera dans « Mémoire d'un croyant » (1997). L'Abbé Pierre est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « Mon Dieu… pourquoi ? », où il révèle avoir eu des relations sexuelles par le passé.
L'appel de 1954
L'appel lancé par l'Abbé Pierre, le 1er février 1954, sur les ondes de Radio-Luxembourg, pour les sans-abri était devenu le symbole de son combat pour le droit au logement. Au point que, dans son édition du 11 janvier dernier, le « Nouvel Observateur » y consacrait un sujet, en liaison avec l’action des Enfants de Don Quichotte.
« Mes amis, au secours...
Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée...
Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu.
Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !
Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE, ces simples mots :
« TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS, ENTRE, DORS, MANGE, REPREND ESPOIR, ICI ON T’AIME »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci !
Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :
• 5000 couvertures,
• 300 grandes tentes américaines,
• 200 poêles catalytiques.
Déposez les vite à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
Merci ! »
A la suite de cet appel, le gouvernement avait élaboré en toute hâte un plan d'urgence pour la construction de 12 000 logements de première nécessité. Un reportage télévisé de 1954 se trouve ICI dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le 31 janvier 1994, il avait été invité par Bruno Masure au journal de 20h d’Antenne 2 à l’occasion des quarante ans de son appel.
• Bernard Violet, biographe du fondateur d'Emmaüs, a précisé que l'abbé Pierre lui avait confié son testament, « un document de 114 pages, qu'il avait commencé à rédiger autour de 19 ans et dont il fera plusieurs moutures ». Le testament définitif date de 1997. Parmi les dispositions : « La promesse faite à un ami de remettre aux sapeurs-pompiers de Paris sa légendaire pélerine noire qu'un pompier lui avait donnée lors de la fameuse insurrection de la pauvreté de février 1954 », a expliqué Bernard Violet, avec qui la revue catholique traditionaliste « Objections » n’a pas été tendre lors de la publication de son ouvrage sur l’Abbé Pierre, sobrement intitulé Abbé Pierre (Fayard, octobre 2004).
• Lors de ses obsèques, l’Abbé Pierre a également souhaité, a indiqué Bernard Violet ce matin aux informations de 8h d’Europe 1 que le cortège qui l’accompagnerait jusqu’à sa dernière demeure entonne le Chant des Adieux, du Père Jacques Sevin, fondateur du scoutisme catholique en France.
• Patrick Poivre d’Arvor a annoncé ce matin sur Europe 1 qu’il présenterait une édition spéciale sur TF1 à 13h50 consacrée à cet homme qu’il considère déjà comme un « saint » (« un saint laïc », a-t-il bafouillé avant de se reprendre). Ce à la place des sempiternels « Feux de l’Amour ».
• Des réactions à la disparition de l’Abbé Pierre sont disponibles sur le site de LCI.
• Une critique de « Je voulais être marin, missionnaire ou brigand » (Carnets intimes et pensées choisies) publiée dans « Le Parisien » du 5 août 2002 rappelle les mots de l’ecclésiastiques à l’endroit de Coluche. « Quand il est venu me voir, le 25 mars 1986, j’ai découvert le mystère de l’homme sous le masque (…) avec son paquet de défauts, de péchés et de qualités, c’était l’homme du courage, de la vérité. » et ajoute que, trois mois après, l’abbé Pierre célèbrera les obsèques de Coluche. On peut retrouver la critique de Philippe Baverel ICI.
• L’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing souhaite des obsèques nationales.
• L’Abbé Pierre devrait être inhumé dans l’intimité en Normandie.
• La fiche de l’Abbé Pierre sur Wikipédia est ICI.
• Dans sa version en ligne « La Croix » a publié un dossier. Le sujet principal est LA.
• L’agence suisse Schweizerische Teletext AG (agence de télétexte suisse) rapporte que la vigne à Farinet, propriété de l'abbé Pierre de 1994 à 1998, a été crêpée de noir et qu’une messe sera célébrée demain à Sion, dans le Valais suisse (VS). « Propriété de l'abbé Pierre de 94 à 98, la vigne à Farinet, actuellement parrainée par le Dalaï Lama et située à Saillon/VS, a été crêpée de noir lundi. Début janvier, l'abbé Pierre avait émis le souhait de la revoir une dernière fois avant de mourir. Bruno Bagnoud, patron d'Air Glaciers, devait aller le chercher à Paris en jet privé le 31 janvier. Les 2 hommes devaient survoler la vigne en hélicoptère. Tout était prêt, a précisé le président des "Amis de Farinet". "Il aimait beaucoup cette vigne", a encore affirmé Pascal Thurre. Une messe sera dite à la mémoire de l'ecclésiastique français mardi à Sion. (SWISS TXT) ». Le quotidien vaudois dont le siège est à Sion « Le Nouvelliste » se contente d’une brève pour annoncer le décès.
« A quelques mois d'échéances électorales majeures, la présentation du Rapport mal-logement 2007 de la Fondation Abbé Pierre revêtira cette année une tonalité encore plus interpellative, compte tenu de l'aggravation des situations de pauvreté et de précarité et des tensions persistantes sur le front du logement.
Le Rapport mettra en évidence, à partir d'une analyse serrée des politiques publiques à l'œuvre depuis quelques années, le décalage entre le discours officiel sur l'augmentation de la production, il est vrai exceptionnelle depuis 2 ans, et le profil réel des bénéficiaires auxquels celle-ci correspond. Sur ce point, la juxtaposition de la pyramide des revenus et des catégories sociales réellement concernées par l'offre de logement parle d'elle-même : les classes moyennes sont dupées, et les classes populaires sont oubliées.
La dégradation des situations sur toute la chaîne a des effets dévastateurs pour les plus fragiles. On assiste ainsi depuis quelque temps à une prolifération de l'habitat improvisé dans tous les interstices des villes et des campagnes : abris de fortune, squats, voitures servant de refuge pour la nuit, bidonvilles, tentes dans les rues, chacun croise désormais ce type de situations choquantes qui ne surprennent plus que les touristes étrangers de passage.
Ce constat, appuyé par la reprise des indicateurs du mal-logement que constituent les difficultés d'accès, le manque de confort et l'insalubrité, les difficultés de maintien et l'impossible mobilité de ceux qui cherchent à quitter des quartiers trop stigmatisés, sert de fondement aux propositions que formule la Fondation pour enrayer une crise qu'elle qualifie d'historique.
Ces différents points seront développés lors de la matinée du 1er février. L'après-midi, les représentants des cinq grands partis en compétition pour les élections nationales seront invités à s'exprimer sur leur propre vision de la situation et sur les mesures qu'ils envisagent pour sortir de l'impasse. »
• Dans son édition de novembre 2006 « La lettre d’Emmaüs France » titrait « L’EXCLUSION ET LA PRISON AU CŒUR DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE ? »…
• La biographie et la bibliographie de l’Abbé Pierre sur le site de sa fondation(l’épisode Garaudy n’y est pas évoqué).
• Pour un hommage animé et en image, cliquer sur la flèche ci-dessous.
• La misère existe de plus en plus en France. Outre les SDF, les bébés pauvres ont eu, le jour du décès de l'Abbé Pierre, un Resto du Cœur, à Asnières, dans le département présidé par M. Nicolas Sarközy…
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