Ménilmontant, mais oui madame...

Alerte en Europe sur le tapis-puzzle, quinze ans après le Canada

Le tapis-puzzle en mousse, que l’on peut se procurer notamment à La Redoute ou à RueDuCommerce, n’a plus la côte en Belgique. En France, le tout nouveau secrétaire d’Etat en charge de la Consommation, Frédéric Lefebvre, demande à la DGCCRF (désormais sous sa tutelle) une enquête. Ces tapis-puzzle contiennent un produit reconnu nocif depuis 1994 au Canada, le formamide. Il était peut-être temps d'y penser, comme l'an passé pour les biberons.

C’est Paul Magnette, le ministre belge de la Protection des consommateurs, qui a ordonné le retrait des tapis-puzzle du marché, après avoir constaté qu’ils contenaient trop de particules nocives, notamment de formamide, indique LeVif. «En dépit des mesures prises l'an dernier pour conditionner la mise sur le marché de ce type de produits, les résultats font apparaître que la quasi-totalité des tapis mis en vente émettent un niveau trop élevé de particules nocives, notamment de formamide», a indiqué son cabinet dans un communiqué diffusé vendredi en fin de journée.

La formamide est un produit inflammable, s’il est chauffé fortement, reconnaît on au Canada depuis… 1994, soit déjà une quinzaine d’années. Le gouvernement belge a précisé qu'il anticipait ainsi «une décision européenne qui interdira les formamides dans tous les pays de l'UE à partir de 2013».

Pour sa part, le gouvernement français, par la voix de Frédéric Lefebvre, a réclamé que lui soient communiquées «les analyses scientifiques» réalisées par la Belgique sur ce dossier, et demandé parallèlement à la DGCCRF de rendre «rapidement» ses conclusions sur la conformité de ces tapis à la réglementation en vigueur.

De son côté, la présidente de l'association de défense des consommateurs CLCV, Reine-Claude Mader, a demandé ce dimanche le retrait immédiat à la vente de ces les tapis-puzzle dès lors qu'il «y a un risque» pour les enfants et que ce «risque est identifié».

Ces tapis-puzzle, généralement destinés aux petits enfants, sont fabriqués en une sorte de plastique semblable à celui utilisé pour les revêtements de sol de centres aérés ou de tapis  de gymnastique. Il appert que certaines substances destinées à les assouplir sont «nocives lorsqu'elles sont inhalées ou ingérées et irritantes pour les yeux et la peau», avaient dénoncé dès 2009 des associations de consommateurs belge, italienne, portugaise et espagnole. Les enfants y sont particulièrement vulnérables car ils «mettent en bouche tout ce qu'ils trouvent», explique l'association belge Test-Achats.

Dérivé de l'acide formique (produit à l'état naturel par les fourmis, les abeilles ou les orties), le formamide est utilisé dans l'industrie pour assouplir les gommes comme celles des tapis-puzzle, le papier et les colles animales, ainsi que comme solvant. Ce produit fait partie des substances dites CMR (classées comme cancérogènes et/ou mutagènes et/ou toxiques pour la reproduction).

A l'état pur, les formamides se présentent comme un liquide incolore et visqueux, qui peuvent être absorbés par l'organisme par inhalation de vapeurs, mais surtout à travers la peau et par ingestion. Sous cette forme pure, leur toxicité est avérée. Pour des expositions de courte durée, ils sont  irritants pour les yeux et la peau. Ils peuvent aussi avoir des effets sur le système nerveux central.

En cas d'expositions prolongées ou répétées au formamide, des tests chez l'animal ont démontré que cette substance pouvait entraîner des effets néfastes pour la reproduction ou le développement chez l'être humain. Mais les données sur une éventuelle responsabilité du formamide dans l'apparition de cancer chez l'homme sont encore limitées.

Certaines organisations officielles américaines ont établi un lien entre cette substance et certains cancers, notamment du foie, chez des animaux testés. Par exemple, une étude commandée par le Département de la Santé américain (publiée en juillet 2008), conclut à une « preuve » d'une activité cancérigène du formamide chez des souris mâles à qui on a fait ingérer différentes doses de cette substance durant deux ans. Mais, chez les souris femelles, le résultat des tests sur l'effet cancérigène est moins probant.

Aucune indication sur les niveaux des doses de formamide émis par les tapis-puzzle n'a pour l'instant été communiquée à la France.

En France, les magasins Joué Club ont décidé de «retirer de la vente les tapis-puzzle en attendant d'avoir des éclaircissements», indique TF1News.

F. A., avec agences, photo: le tapis-puzzle de Azimut-junior (en Suisse, à 26,50 CHF) sur le site Onveutout.com, qui a été retiré du site dimanche après-midi.

Les médicaments en cause dans 3% des accidents

Depuis plus de deux ans, on peut donner des notes aux médicaments

Selon un communiqué publié ce mercredi par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), environ trois accidents de la circulation sur cent seraient liés à la prise de médicaments. Les patients ou leurs proches peuvent noter leurs medicaments, depuis plus de deux ans, en toute discrétion et confidentialité…

L’Afssaps fait état d’une étude parue dans PLOS Medicine (extraits ici, en anglais), réalisée en France entre juillet 2005 et mai 2008 sur 72685 conducteurs, faisant précisément état de 3,3% des accidents dans lesquels les conducteurs prenaient des médicaments. C’est la première étude de ce type qui permette de comparer les consommations de médicaments chez les conducteurs responsables et non responsables d’accidents.

«Toutefois», pondère l’Afssaps, «les données épidémiologiques sur ce risque sont quasiment inexistantes. Comparativement à d’autres produits susceptibles d’altérer les capacités de conduite (alcool, drogues illicites), le rôle des médicaments est plus difficile à étudier du fait de la grande diversité des substances qu’ils contiennent.»

En 2005, l’Afssaps avait mis au point un système d’information des usagers sous forme de trois pictogrammes allant du niveau de risque 1 au niveau 3, sur la base supposée des effets identifiés au cours des études expérimentales cliniques et dans les données de pharmacovigilance, accompagnés d’une voiture dans un triangle. Sur certains médicaments (ceux de niveau 2, comme les barbituriques), la mention est «Soyez très prudent. Ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé».

Cette étude est publiée alors que l'AFP annonce la mise en service de  la version française de Meamedica, un site de notation des médicaments, de leurs effets, et de leurs effets secondaires, comme la pilule du lendemain Norlevo (un seul avis à ce jour), l’antiépileptique Keppra ou l’antidouleur Tramadol.

Ce site jusqu'à présent très confidentiel, basé aux Pays-Bas, a recueilli à peine plus de 460 avis de consommateurs (contre plus de 3200 pour chacun de ses trois autres frères allemand, autrichien et suisse, et 11100 pour le “papa” néerlandais), mais il se trouve que  l’AFP écrit ce mercredi que le site français «vient de» se lancer,… sans davantage de précisions sur la date de création.

Or, à en croire la capture d’écran de la fiche de notation de l’Abilify (un médicament contre la schizophrénie, selon Doctissimo, à 113€ la boîte), ce site existe en français depuis au moins juin 2008.

Grâce à la dépêche de l’AFP, on peut supposer qu’il va bénéficier d’un joli coup de publicité. Le site se revendiquant «indépendant et donc pas lié à quiconque dans le monde médical ou pharmaceutique» jouira au moins du relais de la presse, avec effet retard. Une presse que chacun sait très indépendante, y compris de la publicité pour les laboratoires pharmaceutiques.

F. A., illustration : capture d’écran d’une fiche de notation sur Mediamedica

Un audit sur les urgences de Tenon

«En réponse à la fatigue professionnelle exprimée par le personnel des urgences, la direction et le CHSCT vont engager dès le 22 novembre un audit avec l’Agence Nationale pour l’Amélioration des conditions de travail (ANACT). A partir de l’écoute de l’équipe, du diagnostic des conditions et de l’organisation du travail, un plan d’améliorations sera élaboré en lien avec le CHSCT», indique l’Assistance Publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué daté du 9 novembre concernant l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris, en crise depuis plusieurs mois et en grève depuis le 27 septembre.

L’AP-HP indique que «l’hôpital connaît des difficultés à pourvoir les postes vacants» et annonce que « suite au danger grave et imminent déposé vendredi 5 novembre par les organisations syndicales, une séance extraordinaire du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) s’est tenue ce jour [9 novembre, note du ouaibemaître]».

Une fois de plus, les urgences n’avaient pas été assurées les 6 et 7 novembre, les patients étant dirigés par les pompiers, la Croix-Rouge et le Samu vers les hôpitaux voisins, notamment Saint-Antoine, dans le 12e arrondissement, et Saint-Louis, dans le 10e, comme l’indiquait Le Parisien du 7 novembre. Cette fermeture faisait suite à celle survenue un mois plus tôt, les 2 et 3 octobre.

La pénurie d'infirmières ne touche pas que les urgences. C’est en effet sur l’ensemble de l'hôpital Tenon que 58 postes d’infirmières sont vacants (soit quelque 10% des effectifs globaux) selon les syndicats.

Au-delà du service des urgences, le n°2206 de l'hebdomadaire de Lutte Ouvrière à paraître demain (déjà disponible ici) signale que «Dans le service de cancérologie, une réunion s'est tenue le 8 novembre avec la direction. Le personnel avait chiffré les besoins nécessaires en personnel, toutes catégories confondues, car les effectifs alloués par la direction restent toujours en deçà des besoins pour travailler correctement. Cette réunion a également fait apparaître de graves manques de personnel dans le secteur des électro-radiologues médicaux qui prennent en charge les malades dans les traitements par radiothérapie. Les médecins dénoncent l'obligation de baisser l'activité faute de personnel et l'impossibilité de mettre en place de nouveaux protocoles.»

La direction de l’AP-HP ne fait, elle, mention que du service des urgences, où elle dit attendre «la prise de fonction de jeunes professionnels diplômés au mois de janvier 2011». La direction de l’AP-HP rappelle «aux équipes des urgences et aux membres du CHSCT l’obligation du service public de s’organiser solidairement pour assurer l’accueil et la prise en charge des patients».

La grève à l’hôpital Tenon a commencé le 27 septembre. Evoquant un recours à l’intérim, la direction de l’AP-HP avait affirmé voici un mois par le biais d’une dépêche AFP que tout était redevenu normal. Les patients étaient priés d'y croire. Ils sont désormais priés… de patienter.

F. A.

A lire : Hôpital Saint-Antoine : Médecin Kleenex (Lutte Ouvrière n°2206, 12 nov. 2010)

Augmentation des prix de 1,6% en un an

En octobre 2010, l’indice des prix à la consommation est en hausse de 0,1%, après une baisse de même ampleur au mois de septembre. Sur un an, il croît de 1,6%, indique mercredi l’Insee dans une note de conjoncture. La moyenne annuelle depuis 2000 est de +1,7% (voir tableau). Les chiffres publiés par l'Insee correspondent à l'analyse qu'en attendait Reuters.

Hors tabac [lire en bas de note pour un indice personnalisé], l’indice des prix est également en hausse de 0,1% en octobre (+1,5% sur un an). L’an dernier, en novembre 2009, les prix du tabac au détail avaient augmenté de l’ordre de 6%, comme ils viennent, une nouvelle fois, d’augmenter avant-hier.

Ce que l’Insee appelle une «légère hausse des prix» provient, selon l’Institut, «essentiellement de l’accroissement des prix des produits pétroliers et, dans une moindre mesure, de l’augmentation saisonnière des prix des services». L’Insee note une quasi-stabilité des prix des produits alimentaires, avec cependant une nette hausse des prix des produits frais (+0,7%, soit +6,5% en un an). Les fameux «cinq fruits et légumes par jour» ne sont pas accessibles à tous. Ce n’est pas nouveau, mais ça se confirme.

En octobre 2010, les prix de l’énergie augmentent de 0,9% (+11,1% sur un an). Cette augmentation «est visible sur les prix des carburants (+0,9 % ; +12,5 % sur un an), mais surtout sur ceux des combustibles liquides (+4,4 % en octobre ; +24,6 % sur un an)», note l’Insee.

Quant aux dentistes et aux médecins, ils ont augmenté les prix de leurs services «de façon traditionnelle au mois d’octobre», à savoir respectivement de 2,4% (+1,3% sur un an) et 1,1% (+,05% sur un an). Pour rappel, sans le plan de financement de la sécurité sociale 2011 (PLFSS2011), le tarif de la consultation médicale (chez le médecin généraliste) augmentera de un euro, passant de 22 à 23€ (lire ici). Une revendication à laquelle Roselyne Bachelot s’était déclarée favorable en juillet 2008.

Reste à voir si le SMIC, qui n'avait augmenté que de 0,5% en décembre 2009, suivra.

Fabien Abitbol, ill.: Insee (cliquer pour agrandir)

Pour télécharger Informations rapides du 10/11/2010, cliquer ici.

Pour accéder au tableau de l’évolution du SMIC depuis 2001, c’est par là.

Pour simuler un indice des prix personnalisé, cliquer ici.

Handicap : Paris se félicite de la condamnation de l’Etat

La Ville de Paris «se félicite du jugement» rendu par le tribunal administratif de Paris «qui condamne l'État à verser à la MDPH de Paris la somme de 853 500 euros», indique un communiqué publié mardi sur le site Internet de la Ville.

En avril, Bertrand Delanoë et son adjointe en charge du handicap, Véronique Dubarry, par ailleurs présidente de la Maison Départementale des Personnes Handicapées  de Paris (MDPH75), soutenus par des associations concernées par le handicap, avaient déposé un recours auprès du tribunal administratif afin que l’Etat honore ses dettes.

Cet été, l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (Odas) avait annoncé que les dépenses d’action sociale des Départements ont atteint 28,7 milliards d’euros en 2009. Les Départements ont ainsi dépensé quelque 21,5 milliards d'euros pour financer des allocations édictées par l'Etat, à savoir l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), le revenu de solidarité active (RSA) et la prestation de compensation du handicap (PCH). Le total a augmenté en un an de 6,5% environ. Et, devant l'aggravation de la crise sociale et du chômage, le président du conseil général de Paris, Bertrand Delanoë avait en janvier 2010 écrit à François Fillon. Une lettre passée quelque peu inaperçue.

Une progression accrue qui faisait s’interroger l’Observatoire sur le devenir des départements : «Les constats de l’année 2009 sur la dépense sociale soulèvent donc tout naturellement la question de l’avenir des Départements, confrontés à plus ou moins long terme à une véritable impasse financière avec une progression de dépenses difficilement maîtrisables et une raréfaction de leurs ressources.» Pour télécharger les 16 pages datées de  juin 2010 sous le titre Vers l’impasse ?, cliquer ici.

Aux abois, des départements avaient menacé de ne plus payer le RSA.

Ce n’est pas la première fois que Paris doit batailler contre l’Etat pour recouvrer des sommes dues aux handicapés au titre de la solidarité nationale. Ainsi, en octobre 2009, une dette de 600 000 € avait été dénoncée.

F.A., ill. : évolution en France métropolitaine de la dépense nette d’action sociale en faveur des handicapés, de 2000 à 2009, en millions d’euros (source : Odas).

Tenon : pas d’urgences

Le service des urgences de l’hôpital Tenon, qui tournait au ralenti vendredi soir, est une fois de plus fermé pour le week-end. Il devrait théoriquement rouvrir lundi. Un hôpital dont Jacques Tenon écrivait en 1788 qu'il était «la mesure de la civilisation d'un peuple».

«Ce matin, il ne restait plus que trois infirmières sur six pour assurer le bon fonctionnement du service.», écrit Le Parisien, précisant que, après 13h, les urgences n'étaient plus assurées samedi.

Cinquante-huit postes d'infirmière ne sont toujours pas pourvus à l'hôpital Tenon, et 97 personnes ont quitté l'établissement depuis avril dernier. Le mouvement de grève dure depuis le 27 septembre, et les urgences ont été fermées déjà les 2 et 3 octobre. Trois semaines plus tard, des malades sous dialyse étaient transférés.

La réforme en cours de l'AP-HP devrait se traduire par le regroupement de Tenon (Groupement hospitalier universitaire Est, dans le 20e arrondissement de Paris) avec trois autres hôpitaux parisiens, Saint-Antoine, Trousseau et Rothschild, tous trois du 12e arrondissement (Groupement hospitalier universitaire Est également).

Elu député de 1791 à 1792, chirurgien, Jacques Tenon est l’auteur de Mémoires sur les hôpitaux de Paris, copieux rapport dans lequel étaient étudiés «les secours que tous ensemble fournissent aux habitans de la capitale». En 1788, dix ans après l’achèvement de la construction de l’hôpital qui allait porter son nom, il écrivait: «Les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d'un peuple : ils sont plus appropriés à ses besoins et mieux tenus, à proportion de ce qu'il est plus rassemblé, plus humain, plus instruit…»

F.A., ill.: photothèque de l’AP-HP

• Dans Le Parisien dimanche, édition Paris, Pagaille aux urgences de Tenon (Le Parisien, 7 nov. 2010) - Mise à jour du 07/11/2010 - 12h00

La relation médecin-malade est fondamentale, estime Jean-Marie Le Guen

Dans un entretien accordé au site Doctissimo, et mis en ligne le 29 octobre, le député (PS) de Paris Jean-Marie Le Guen, médecin, président de l’AP-HP jusqu’à son remplacement cet été par un énarque, adjoint au maire de Paris, donne son point de vue sur la télémédecine, officialisée par le décret n°2010-1229 du 19 octobre 2010, publié au Journal officiel le 21 octobre.

L’entretien (en vidéo ci-dessus, durée 5 min. 17) détaille les différents aspects de la télémédecine. J-M Le Guen y voit certes «des intérêts majeurs», comme «lorsqu’un médecin ou un autre professionnel de santé a besoin d’un avis complémentaire sur un problème médical assez spécialisé» ou pour «organiser différemment  le suivi médical du patient», mais il estime que la télémédecine «pose des problèmes qui étaient les problèmes du Dossier Médical partagé (DMP), c’est-à-dire les problèmes de compatibilité, d’interopérabilité, de normes». Selon le député de Paris, «cette communication numérique pose (…) des problèmes médico-légaux, éventuellement des problèmes éthiques, et des problèmes de sécurité de l’information».

Mais, contrairement aux affirmations de la ministre Roselyne Bachelot, persuadée que la télémédecine est «une solution pour résoudre le problème de la démographie médicale», J-M Le Guen estime cette idée «ridicule», et que ce système «ne peut pas remplacer un système de santé de premier recours. Certes on peut imaginer la télémédecine en premier recours pour les gardiens de phare ou sur les plateformes offshore. Mais on n’imagine pas un premier diagnostic, une première entrée dans le parcours de soins par le biais de la télémédecine. C’est la négation de l’examen clinique, de l’attente du patient».

Pour lui, la téléconsultation est limitée notamment par «l’empathie qui existe entre le médecin et le malade» et «cette relation est absolument fondamentale. Donc vouloir lui substituer des éléments technologiques, c’est non seulement une utopie en termes de réalisation et d’efficacité médicale, mais c’est aussi une prétention à la déshumanisation de la médecine qui n’est pas souhaitable, en aucune façon».

En clair : le “tapez 33” ne doit pas remplacer le «dites 33»…

Jean-Marie le Guen reconnaît néanmoins qu’il y a dans le développement des nouvelles technologies de la communication un enjeu «majeur» et pense que «nous allons basculer, pour le meilleur et pour le pire, vers une ère où le patient va être responsabilisé, émancipé».

Intégralité des propos recueillis par Jean-Philippe Rivière et Florence Lemaire  pour Doctissimo, et retranscription du texte, en cliquant ici.

Les malades vont trinquer

Le Journal officiel (JO) de ce dimanche 31 octobre 2010 annonce pour le 1er décembre prochain une modification, à la baisse, du mode de calcul des indemnités journalières (IJ) dues aux travailleurs salariés (pour un texte) et non salariés (pour un autre texte).

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Capture d'écran du JO avant modification du calcul des IJ. Cliquer pour agrandir.

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Bientôt, le règlement R323-4 du Code de la sécurité sociale, déjà retouché à deux reprises lors de la cohabitation Mitterrand-Chirac (1986-1988), alors que Philippe Séguin se trouvait aux Affaires sociales, ne sera plus qu’un vieux souvenir. S’appliquant à la fois à la maladie, à la maternité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, il était globalement basé sur une année de 360 jours, selon les deux décrets publiés ce dimanche au JO. Comme si beaucoup de malades le sont aussi longtemps…

Cette durée (toute théorique) avait pour but de prendre en compte le travail occasionnel et le travail saisonnier. Le gouvernement, représenté par le ministre des Comptes publics et de la réforme de l’Etat François Baroin, celui du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique Eric Woerth, celui de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot-Narquin, et celui de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche Bruno Le Maire, en a décidé autrement. Il considère que «L'indemnité journalière étant due pour chaque jour, ouvrable ou non, celle-ci sera désormais calculée sur 365 jours.» Ce qui, à première vue, semble logique (mais n’intervient que vingt-cinq ans après…), revient à baisser les indemnités des personnes temporairement en incapacité de travailler, donc ayant déjà des revenus à la baisse.

Dorénavant, pour «les assurés dont la période d'indemnisation débute à compter du 1er décembre 2010», les indemnités ne seront plus calculées «sur la base de 1/90 du montant du salaire ou du gain des trois mois antérieurs à la date de l'interruption de travail», mais sur 1/91,25 de la même base. Ce qui revient en clair à une baisse de 0,023% des prestations versées par la caisse d’assurance maladie. Voilà pour le cas général d’un travailleur salarié lambda. Si le calcul se faisait sur 1/30e, il se fera dorénavant sur 1/30,42, ce qui fait aussi une baisse de 0,023%.

Pour ce qui est du travailleur salarié occasionnel, dans le cas d’un calcul sur un an, la fraction 1/360 est remplacée par 1/365, ce qui correspond à une baisse de 0,019% des ressources. Et, pour le travailleur occasionnel à qui la Sécu applique le calcul des indemnités sur deux ans, ce ne sera plus 1/720 mais 1/730, soit une baisse double, de 0,0038%.

Les travailleurs non salariés, qui ne sont soumis qu’aux calculs à un ou deux ans (et dépendent donc du décret 2010-1306) sont appelés à se multiplier, notamment par le développement du régime du micro-entrepreneuriat, encouragé par le gouvernement. Comme le faisait remarquer récemment L’Entreprise, il faut aux autoentrepreneurs un délai d’un an pour pouvoir percevoir des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail (lire ici).

Notre gouvernement a vraiment de bonnes idées pour venir en aide aux plus démunis… et faire passer des textes en période de vacances scolaires.

F. A.

Citations:

Le congé maternité moins indemnisé (9 novembre 2010, Doctissimo, Babyblog)

Le gouvernement rabote en douce les indemnités maladie et maternité (5 novembre 2010, LePost, La Rédaction)

Tabac : + 2% de consommation depuis 2005

Les femmes de 45 à 64 ans particulièrement touchées

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a annoncé ce lundi matin sur RMC et BFM-TV une augmentation de la consommation du tabac « de deux points » entre 2005 et 2010. Et attribue entre autres ces mauvais résultats à la crise. « Chez les personnes âgées de 15 à 75 ans, les fumeurs quotidiens ont augmenté de 2 points entre 2005 et 2010, passant de 26,9% à 28,7%», indique l’étude de l’INPES menée de novembre 2009 à juillet 2010 auprès de 27 658 personnes.

Interrogée sur le baromètre santé que l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) publie tous les cinq ans, Roselyne Bachelot n’a détaillé qu’un chiffre, celui de l’augmentation de la consommation du tabac, de 1,8%, qu’elle a (à plusieurs reprises) dit à 2%. «La consommation de tabac a augmenté de deux points (…) Il y a un double effet dans cette augmentation de la consommation. Il y a un effet femme. Alors que la consommation de tabac diminue ou est stabilisée chez les jeunes et chez les hommes, il y a un effet tabac chez les femmes… Il y a un effet crise aussi. Les chômeurs c’est la population où il y a le plus de fumeurs. C’est aisément compréhensible d’ailleurs. Pratiquement 50% des chômeurs sont fumeurs. A l’évidence, la crise, l’augmentation du chômage, a eu un effet sur la consommation en augmentation du tabac.»

A moins de trois mois des vingt ans de la Loi Evin, (janvier 1991), l’Institut n’hésite pas à titrer sur une Première hausse du tabagisme chez les femmes depuis la Loi Evin.

Selon le communiqué de l’INPES, «La prévalence du tabagisme féminin au quotidien accuse une hausse particulièrement forte, de 7 points, chez les femmes âgées de 45 à 64 ans : elle passe ainsi de 16,0% en 2005 à 22,5% en 2010. Cette augmentation est relativement modeste voire inexistante sur les autres tranches d’âges.» 24% des femmes enceintes déclarent fumer quotidiennement pendant leur grossesse, un chiffre identique à celui de 2005, mais les chercheurs de l’INPES se montrent prudents, au vu de la petitesse des effectifs interrogés : 259 femmes enceintes en 2005 et 284 en 2010.

Globalement, chez les personnes de 15 à 75 ans interrogées, les femmes sont 25,7% à fumer quotidiennement (contre 23% en 2005) et les hommes 31,8% (contre 31% en 2005).

Chez les hommes de 20 à 25 ans, le tabagisme quotidien a baissé de près de cinq points, apprend-on dans ce communiqué.

Une action à Pôle emploi

«Il faut mieux respecter la législation, la législation sur les terrasses : quand on est en terrasse, il doit y avoir au moins un des côtés qui est à l’air libre», a lancé Roselyne Bachelot comme l’une des mesures pour riposter à ces mauvais chiffres.

«Je me rapproche de Pôle emploi pour qu’il y ait une action spécifique pour bien rappeler que c’est une action de santé publique», a aussi annoncé la ministre de la Santé.

«Je suis une militante de l’augmentation massive du prix du tabac», a rappelé Mme Bachelot, expliquant qu’une telle augmentation n’avait pas eu lieu du fait de la crise. Elle a affirmé qu’«aucune augmentation n’est prévue dans les semaines qui viennent», en sus des 6% de hausse annoncés au 8 novembre prochain.

Hostiles à une hausse des prix, les buralistes avaient demandé une enquête officielle «pour évaluer le niveau exact du marché parallèle en France : achats frontaliers, trafics en tous genres et approvisionnement sur Internet». Ils estiment que 15 à 20% de la consommation française provient d’un marché parallèle, qui entraîne de facto un manque à gagner fiscal pour l’Etat, à chiffrer «en milliards d’euros». La hausse des prix de novembre 2009 n’aurait pas eu d’effet sur les ventes de paquets, les faisant juste reculer de 0,2% de janvier à août 2010.

F. A.

Tenon en colère

Pour protester contre la surcharge de travail et la diminution des effectifs, une partie du personnel de l’hôpital Tenon, rue de la Chine dans le 20e arrondissement de Paris, est en grève depuis le 27 septembre. Jeudi 14 octobre, ils manifestaient pour la deuxième fois devant la mairie d’arrondissement.

«Argent public pour le service public !», «À l’intérieur, y a trop de travail. À l’extérieur, y a pas de travail. Embauchez les chômeurs !», «Tenon en colère, y en a marre de la galère !» Le 14 octobre, une petite trentaine de manifestants en blouse d’infirmiers et de soignants sont partis de l’hôpital Tenon (c’est ICI) vers la place Gambetta (c’est LA) et ont tourné autour de la fontaine de la place pendant une grande demi-heure.

C’est la dernière manifestation d’une grogne montante depuis plusieurs semaines – avec notamment une grève d’une partie du personnel affectant presque tous les services depuis le 27 septembre. Emmenés par la CFDT, Sud Santé et la CGT AP-HP, les grévistes protestent contre un manque de personnels, des horaires changeants et trop importants, des changements d’affectation à la dernière minute et la fermeture de lits et de salles. « Il manque au moins une soixantaine d’infirmières », indiquait une manifestante Sud en distribuant ses tracts, tandis que de la camionnette faisait le tour de la place.

De son côté, la sono rappelait que les urgences avaient été fermées le week-end du 2 au 3 octobre, faute de personnel en nombre suffisant.

En 2009, ce sont les services d’IVG et de Planning familial qui ont fermé. Et en décembre dernier, le personnel des urgences avait déjà manifesté dans les rues de l’arrondissement pour protester contre les conditions de travail.

Visiblement, ils n’ont pas été entendus. Le seront-ils cette fois-ci ?

Stéphanie Chaptal

A lire :

- sur Viva, AP-HP : les hôpitaux franciliens au bord « d’une crise majeure » (mardi 12 octobre)

- à l’AFP, Retour à la normale aux urgences, selon l'AP-HP (samedi 9 octobre)