Dans un courrier daté du 6 janvier, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, interpelle le Premier ministre François Fillon au sujet de la crise sociale. Il lui rappelle une mesure préconisée par MM. Rocard et Juppé d’investir dans le logement social, et suggère de prolonger « à titre exceptionnel » l’indemnisation des chômeurs en fin de droits.
Logement et justice sociale au centre de la missive de début d'année (cliquer pour agrandir)
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Le maire de Paris souligne que « l’effort budgétaire du gouvernement en faveur du logement social n’a cessé de décroître, passant de 800 M€ en 2008 à 480 M€ en 2010 ». Une « réduction spectaculaire » qu’il juge « susceptible de compromettre l’obligation faite aux collectivités locales de compter au moins 20 % de logements sociaux sur leur territoire avant 2020, objectif que nous entendons atteindre à Paris, dès 2014 ».
« Face l’ampleur du défi », écrit Bertrand Delanoë à François Fillon, « je vous propose donc de consacrer une part significative du grand emprunt à la réalisation de logements sociaux ainsi qu’à l’isolation thermique du parc social en France. Cette dernière mesure figurait d’ailleurs dans le rapport de la Commission présidée par Michel Rocard et Alain Juppé, ceux-ci proposant précisément d’y affecter 2 milliards d’euros : malheureusement, vous n’avez pas retenu cette suggestion. Une telle initiative serait pourtant source d’activités et d’emplois, rendant cet investissement d’autant plus pertinent. »
M. Delanoë estime la progression du chômage sur un an « extrêmement inquiétante » et rappelle que Pôle emploi estime à un million le nombre de chômeurs qui seront exclus en 2010 du régime d’indemnisation (lire ICI). « Une telle chute du niveau de vie, très brutale, risque de les entraîner dans l’engrenage de l’exclusion. Je vous propose donc, à titre exceptionnel, de prolonger de six mois l’indemnisation des chômeurs en fin de droit. Ce serait une mesure de justice sociale, nécessaire pour protéger les plus démunis, dans une conjoncture particulièrement dure », écrit-il.
Fin octobre 2009, la part des demandeurs d’emploi indemnisés s’établissait à 49,3%, selon cette note de la DARES diffusée le 24 décembre dernier à 18h par le ministère du Travail (statistiques mensuelles). Ils étaient 2 113 800 demandeurs d’emploi des cinq catégories (A à E) à percevoir une indemnité chômage, en hausse de 21% par rapport à octobre 2008. En prenant en compte les personnes dispensées de recherche d’emploi (statut voué à disparaître), la part des indemnisés s’établissait à 59,3%. En novembre 2009, il y avait en France métropolitaine 3,815 millions de demandeurs d’emploi des catégories A, B et C (sans emploi ou en activité réduite), et 4,312 millions de personnes inscrites à Pôle emploi (218500 sans emploi cat. D et 279100 cat. E avec emploi, sans « acte positif » de recherche d’emploi). Chiffres auxquels les statisticiens ajoutent 767000 inactifs qui « expriment le souhait de travailler » mais ne sont pas des chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT).
Un chômeur en fin de droits ne peut percevoir l’ASS (Allocation de solidarité spécifique, maximum 15,14€ par jour) que s’il a cotisé au moins cinq ans dans les dix années écoulées. Et l’ASS, comme le RSA, est soumise à un plafond de ressources du foyer (1211,20€ par mois pour un couple). Ainsi, un chômeur en fin de droits en couple devra remplir un dossier faisant appraître les ressources de son conjoint (comme pour le RSA), et un chômeur sur trois n’aurait droit à rien…
F. A.
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