Ménilmontant, mais oui madame...

Duflot à Belleville : une entrevue avec Delanoë

Alors qu’il avait critiqué en novembre un parachutage “délétère pour la démocratie” de Cécile Duflot sur la 6e circonscription de Paris, qui englobe une partie du 11e et une partie du 20e arrondissement, Bertrand Delanoë a reçu mardi 7 février, en marge du Conseil de Paris, la prétendante à la succession de Danièle Hoffman-Rispal, indique Libé ce jeudi 9 février dans un confidentiel. Invité à 18h ce jeudi sur Europe1, Bertrand Delanoë a confirmé que Mme Duflot avait «demandé à [le] voir».

—————

«Etre député, c'est tisser un lien entre les velours de l'hémicycle et les pavés des faubourgs», écrit Danièle Hoffman-Rispal à Martine Aubry

—————

«Le maire n'a plus l'air de faire un casus belli de cette affaire», dit Sylvain Garrel, co-président du groupe EELV au Conseil de Paris, dans une dépêche évoquant trois sources pour confirmer le confidentiel de Libération.

La 6e circonscription de Paris, occupée depuis 1993 par Georges Sarre, était passée à la faveur des élections de 2002 (où 23 candidats se l’étaient disputée) entre les mains de la socialiste Danièle Hoffman-Rispal, qui a été réélue en 2007, et achève son deuxième mandat avec le respect y compris de quelques militants UMP de sa circonscription comme de celle, voisine, occupée par Mme Pau-Langevin.

Lorsqu’elle avait appris que “sa” circonscription avait été «offerte» à EELV, et qui plus est à Cécile Duflot, Mme Hoffman-Rispal avait non seulement dénoncé un parachutage (la représentante EELV étant élue dans le Val-de-Marne), mais également regretté qu’une femme doive laisser sa place à une autre femme. Elle avait par ailleurs fait remarquer que le domicile de Cécile Duflot lui permettait de livrer un combat contre l’UMP, en tentant de récupérer le siège occupé de 1986 à 2007 par le PRG Roger-Gérard Schwartzenberg. La 3e circonscription de ce département avait du reste été gelée par les instances nationales du PS, a priori au profit de Mme Duflot.

Mais il se trouve que, mardi 7 février, le PS a investi Roger-Gérard Schwartzenberg dans cette circonscription du Val-de-Marne, ce qui constitue une «humiliation» et un «camouflet» pour la fédération socialiste, selon son patron Luc Canovas (lire ici).

Danièle Hoffman-Rispal a annoncé en novembre qu’elle serait candidate, puis a dit à Martine Aubry sa façon de penser. Dès le 20 octobre, la maire (PS) du 20e Frédérique Calandra avait fait savoir qu’elle serait sa suppléante.

Ces derniers temps, Mme Hoffman-Rispal se fait plus discrète, affirmant que la victoire de François Hollande à la présidentielle est sa priorité. Elle n’a pas pour autant dit son dernier mot, de nombreux militants EELV désireux de conserver l’anonymat ayant décidé de ne pas faire campagne pour Cécile Duflot, pour ne pas nuire à la députée sortante si elle se représentait, mais plutôt sur la 15e circonscription, où Arlette Zilberg —ancienne élue à la Petite enfance dans le 20e—  se présente…

Fabien Abitbol, photo: site Internet de Danièle Hoffman-Rispal

A lire: Et si la loi des 500 semaines s'appliquait?, chez Fred Michalak

Délits routiers en hausse

3388 délits routiers —de la conduite sans permis à la conduite malgré une invalidation de permis— on été relevés en 2011 sur l’ensemble de l’agglomération parisienne (Paris et les trois départements de la petite couronne), indique ce mercredi 8 février PPrama, l’infolettre hebdomadaire de la préfecture de police de Paris (PP).

A Paris uniquement, 2261 délits de ce type ont été constatés par l’unité de traitement judiciaire des délits routiers (UTJDR): une augmentation de plus de 24% par rapport à l’année 2010, précise la police, qui indique que 259 personnes ont été présentées à la justice à l’issue de leur interpellation.

Par ailleurs, depuis le 1er janvier, sur proposition de la sous-direction régionale de la circulation et de la sécurité routières (SDRCSR), le préfet de police a privé onze chauffards réitérants de l’usage de leur véhicule en application des dispositions de la LOPPSI 2. Cette loi permet au préfet de police de prendre en urgence un arrêté d’immobilisation et de placement en fourrière de l’automobile ayant servi à commettre l’infraction.

«Ces mesures visent à écarter du trafic routier les conducteurs dont le comportement expose les autres usagers de la route à un grave danger, en les privant immédiatement de leur véhicule», précise PPrama. Et, parmi les quatre exemples donnés par la PP pour la période du 30 janvier au 3 février, celui du 2 février est peut-être le plus troublant: un homme de 27 ans a été interpellé à 14h45 dans le 17e arrondissement. C’était la deuxième fois de la journée qu’il se faisait contrôler pour conduite sans permis. Frappée d’un arrêté préfectoral, sa voiture a été retirée de la circulation.

Le commissaire Alavoine muté en région parisienne

L’ancien patron de la Sécurité publique de Guyane, impliqué dans une affaire de disparition de scellés, devrait intégrer le commissariat de Suresnes (Hauts-de-Seine) avant la visite de Claude Guéant en Martinique, où il était en poste depuis octobre 2011.

«Monsieur Alavoine reconnaît la matérialité des faits quant à la dissipation des 4700 euros. Il soutient ignorer ce qu'il a pu advenir des passeports et il a procédé au remboursement de la somme détournée dès le terme de sa garde à vue», avait déclaré le parquet de Cayenne mi-janvier, à l’issue de l’audition de Cyril Alavoine par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) à Paris.

En mars 2010, une commerçante de Guyane s'était vu confisquer des passeports, plus de 8500€ et des cartouches de cigarettes. Une partie de l'argent, placé dans un coffre du commissariat de Cayenne, lui a été restitué, mais le reste aurait servi à construire un carbet —une habitation en bois—… pour la police.

Ni Cyril Alavoine ni les trois autres fonctionnaires de police entendus par l’IGPN n’ont été mis en examen, soulignait France-Antilles (édition de Martinique) le 2 février.

S’il n’y a pas eu, dans cette histoire, d’«enrichissement personnel» (l’argent ayant manifestement été détourné au profit de la police puis remboursé par le commissaire), «la peine encourue par les quatre mis en cause est de sept ans de prison et 100 000 € d'amende», expliquait Le Mensuel du Morbihan du 19 janvier. Un temps détaché dans la préfectorale, le commissaire avait exercé dans le Morbihan, jusqu'à ce décret le réintégrant dans la police.

C’est le site MaxiMini qui indique la destination du présumé faucheur de blé, après seulement quatre mois passés en Martinique: Suresnes.

F. A.

Deux enfants enfermés malgré une décision européenne

Deux enfants serbes de quatre et six ans sont enfermés avec leurs parents au Centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) depuis le 31 janvier, indique la Cimade sur son site Internet.

Interpellée «au petit matin» à son domicile dans l’Aube, c’est la troisième fois en six mois, précise la Cimade, que cette famille serbe est enfermée en centre de rétention «alors même qu’une récente décision de la Cour européenne des droits de l’Homme vient de condamner sévèrement la France pour l’enfermement d’enfants en centre de rétention».

Comme expliqué ici, la CEDH avait estimé «irrégulière et contraire au respect de la vie familiale» la rétention de enfants de cinq mois et trois ans dans «un centre inadapté aux enfants». La France a ainsi été condamnée  le 19 janvier à 10000€ de dommage moral et 3000€ de frais.

La rétention des enfants, seuls ou accompagnés, n'est prévue en France par aucun texte.

En dépit de cette décision européenne, l’administration française «a jugé bon d’enfermer encore une fois cette famille», note la Cimade, qui estime que «cet acharnement de la préfecture de l’Aube est d’autant plus inacceptable que le tribunal administratif de Melun avait prononcé la libération de cette famille  lors de son premier placement au centre de rétention du Mesnil Amelot en septembre 2011».

En juillet 2011, ces ressortissants serbes avaient été libérés du centre de rétention de Metz par le juge des libertés et de la détention, n’ayant commis aucune infraction.

Arrivée en France en 2008, la famille a entamé une procédure de demande d'asile, qui est toujours en cours.

Depuis l’ouverture du centre de rétention du “Mesnil Amelot 2“ en août 2011, 29 enfants y ont déjà été enfermés, précise l’association.

Ali Ziri : “à quand la vérité?”, demandent les élus LO

Dans un communiqué de la Ville d'Argenteuil (Val d’Oise) de ce mardi, il est annoncé que, suite à la requête du Préfet du Val d'Oise, le maire PS de la commune «concède la dépose de ladite plaque» en hommage à Ali Ziri, ressortissant algérien mort le 11 juin 2009 à la suite d’un contrôle de police.

Sur leur blogue, les élus Lutte ouvrière annoncent qu’ils «donneront leur point de vue sur cette nouvelle péripétie de cette affaire».

Posée le 14 janvier dernier à l'initiative du collectif "Vérité et justice pour Ali Ziri", la plaque porte pour mention «Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009 suite à son interpellation par la police nationale ici-même». Les soutiens de M. Ziri avaient été rejoints par divers collectifs, dont celui de Lamine Dieng, le premier mort des suites d’un contrôle de police sous le quinquennat Sarkozy, le 17 mai 2007 vers 4 heures du matin entre Ménilmontant et Gambetta (20e arrondissement).

La section départementale du Val d’Oise du SICP (Syndicat indépendant des commissaires de police) y voyait «des propos sans équivoque sur la responsabilité de fonctionnaires de police dans le décès de M. ZIRI, alors même qu’aucun élément de la procédure judiciaire en cours ne permet d’indiquer de cette façon péremptoire la responsabilité de nos collègues».

Ali Ziri avait été interpellé le 9 juin 2009 en compagnie d’un ami, Arezki Kerfali, 61 ans (qui témoigne dans cette vidéo), lors d'un contrôle routier. Les deux hommes avaient placés en garde à vue au commissariat d'Argenteuil. M. Ziri avait sombré dans le coma et était décédé deux jours plus tard à l'hôpital d'Argenteuil.

Si une autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l'alcoolémie étaient les causes du décès, une contre-expertise avait révélé la présence d'hématomes, au nombre de vingt-sept, selon une source proche du dossier. Sans compter les conclusions de nouveaux examens complémentaires, qui affirment que «le manque de discernement des policiers a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquence sur l’état de santé de M. Ziri» et l’ex-CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité) évoquant pour sa part un «traitement inhumain et dégradant», rappelés par un communiqué de Alternative libertaire appelant à une réunion avec Stéphane Hessel et Mgr Gaillot..

En décembre 2011, le parquet de Pontoise a requis un non-lieu dans cette affaire.

F. A., photo tirée de “Tout est à nous !” n°132, hebdo du NPA du 19/01

7,50€ par jour, c'est trop pour l'Etat

Dans un communiqué diffusé ce lundi 30 janvier, France terre d’asile (FTA) indique avoir dû fermer son dispositif d’hébergement des bénéficiaires de la protection internationale en Seine-Saint-Denis «faute de ressources financières suffisantes».

Soixante places dites “d’hébergement de transition” sont concernées, sous la forme de quinze logements-relais qui «constituaient depuis 2004 un outil essentiel d’intégration et d’autonomisation des ménages bénéficiaires et permettaient de fluidifier le dispositif national d’accueil, par ailleurs largement saturé». Au sortir des Centres d'accueil de demandeurs d'asile, les bénéficiaires de la protection internationale n’auront pour seule solution, indique FTA, que de se retourner vers des dispositifs d’hébergement de droit commun, «eux-mêmes totalement embolisés».

France terre d'Asile précise que le financement de ces 60 places (hébergement de 21 ménages) a coûté en 2010 aux pouvoirs publics en Seine-Saint-Denis 163 362 euros, soit…  7,50€/jour.

«À moins que le préfet ne décide de laisser ces personnes à la rue, l’hébergement de ces ménages coûtera dorénavant aux pouvoirs publics un minimum de 657 000 euros par an dans les dispositifs de droit commun (30 euros par jour en moyenne), soit plus de quatre fois l’enveloppe versée pour le dispositif de logement-relais», déplore FTA, qui estime cette situation «tout simplement  absurde dans un contexte d’instabilité financière et de restriction budgétaire».

Le curé n’a ni femme ni enfants, est-ce un crime?

L’information se trouve en date du 24 janvier sur le blogue de Nicolas Schoettl, conseiller général du canton de Limours (Essonne) et sur celui de Christian Schoettel, Président de la communauté de communes du Pays de Limours: une obligation de quitter le territoire (OQTF) a été délivrée le 21 janvier au père Michel Khuti Baku.

Les deux élus ont décidé de saisir le député Guy Malherbe, la ministre de l’Environnement et des Transports Nathalie Kociusko-Morizet (élue de l’Essonne) et le préfet du cas du père Michel, afin d'éviter son expulsion.

Né en 1962 à Vaku (Congo Kinshasa, actuelle RDC) d’une famille catholique et très engagée dans la vie de sa paroisse, Michel Khuti Baku est arrivé en 1999 à Rome, où vit un oncle, et est entré au séminaire ; terminant son noviciat en 2003, il entama une licence de théologie à l’Université Pontificale du Latran et fut ordonné diacre en septembre 2003 et prêtre le 20 mars 2004, indique le secteur catholique de Limours.

Après l’Italie, le père Michel a mené «une expérience missionnaire» dans une paroisse au Mozambique, puis s’est retrouvé au diocèse d’Evry, affecté à Fontenay-les-Briis.

Sur un plan plus administratif, il a le statut de réfugié politique en Italie, précise son avocat. Qui ajoute avec humour que «dans les attendus de l'OQTF, il est précisé qu'il n'a ni femme ni enfants en France».

Selon les deux élus locaux décidés à prendre sa défense, le Père Michel «remplit une fonction que l’absence de prêtres français justifie pleinement».

F. A., photo DR

Pas de xénophobie

«Nous ne souhaitons pas tomber dans la xénophobie. Il n’y a pas que des étrangers arrêtés, mais il ne faut pas cacher la réalité», a dit lundi 23 janvier le préfet de police Michel Gaudin en indiquant que le nombre d’étrangers “interpellés” à Paris avait représenté 42% du total, contre 32% en 2010.

Il n’a néanmoins pas précisé si une personne “interpellée” était une personne déférée devant la justice, encore moins si elle était par la suite reconnue coupable.

La semaine dernière, le patron de la police nationale indiquait que 20% de la délinquance était le fait d'étrangers, un rapport ayant été commandé en ce sens. Une personne interpellée n'est pas nécessairement un délinquant.

Le préfet Gaudin a aussi assuré que le nombre de Roumains interpellés à Paris avait augmenté de 78% en 2011, mais sans «volonté de stigmatiser», a-t-il affirmé à une centaine de jours de l’élection présidentielle.

Les cambriolages ont augmenté de près de 20%, à 12500 en 2011, mais M. Gaudin a rappelé que «il y avait 27 000 cambriolages en 2001», faisant référence aux gouvernements sous Lionel Jospin et pas aux suivants. On se demande pourquoi…

Sinon, tous types de délinquance mêlés, la «délinquance générale» a baissé de -2,13% à Paris, de -1,33% dans le Val-de-Marne, de -1,04% en Seine-Saint-Denis, et de -0,93% dans les Hauts-de-Seine. Dans la délinquance générale sont mélangés à la fois les vols de portables (généralement faisant l’objet d’un dépôt de plainte pour vol avec violence) et les étrangers en situation irrégulière, en passant par les fumeurs de cannabis et les vendeurs à la sauvette, entre autres…

Une telle baisse n’est donc pas significative, puisque, à titre d’exemple, les «violences à caractère sexuel» ont augmenté de +10% en 2011 par rapport à 2010.

F.A., télécharger ci-contre les chiffres détaillés Téléchargement Délinquance2011-annexes

Hollande à son tour pour une République irréprochable

François Hollande, pour son premier grand discours au Bourget (Seine-Saint-Denis), a présenté sa vision d’une République irréprochable devant un parterre de 20000 personnes selon une agence de presse, à 25000 personnes selon une autre. Rapide synthèse de son discours, accessible en note de bas de page.

Le député de Corrèze s'est engagé à être «digne partout et en tout lieu» (…) «face aux puissances d'argent». Pour «montrer l'exemple», il compte réduire de 30% les indemnités du président et des ministres, car être Président la République, «c'est mettre toute la puissance de l'Etat au service des citoyens, montrer l'exemple, y compris dans son comportement et sa propre rémunération».

«Dans cette bataille qui s'engage, mon véritable adversaire n'a ni nom ni visage. Cet adversaire, c'est le monde de la finance», a lancé le candidat, en opposition directe avec le président sortant et son ostentation de début de mandat, ajoutant: «Je vais vous confier mon secret: j'aime les gens, quand d'autres sont fascinés par l'argent.»

M. Hollande a également annoncé l’introduction d’une part de proportionnelle aux élections de la représentation nationale, ainsi que le droit de vote des résidents non communautaires aux élections locales, tandis que, à quelques milliers de kilomètres de là, le président Sarkozy, devant 1200 personnes, s’y montrait «opposé».

En matière de logement, le candidat du Parti socialiste a prôné un doublement du plafond du Livret A, une «épargne précieuse pour le logement social», et un encadrement des loyers. Il a également indiqué vouloir «multiplier par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes qui ne respectent pas la loi de solidarité urbaine» imposant un quota de 20% de logements sociaux dans les communes de plus de 3500 habitants.

Sur la sécurité, François Hollande a lancé «Je ne tolère pas qu'un petit caïd avec sa bande mette une cité en coupe réglée» et annoncé qu'il créerait «des zones de sécurité prioritaires là où il y a les taux de délinquance les plus élevés» en créant chaque année mille postes dans la justice, la police et la gendarmerie. Un communiqué diffusé jeudi dernier par l’UNSA-Police (à télécharger ici) indiquait que, après les 5000 emplois disparus dans la police, 4000 vont encore être supprimés en 2012 selon le Directeur de la police nationale.

F. A., photo A.V., avec agences et d’après le texte du discours

La synergologie arrive dans la police française

Ceux qui ont regardé Lie to me sur M6 et/ou Mentalist sur TF1 seront ravis,… ou angoissés: la synergologie débarque dans la police française. Et c’est PPrama, l’infolettre de la préfecture de police de Paris (PP), qui l’indique dans son édition n° 197 de ce mercredi 11 janvier, précisant que «Bruno Blouin, synergologue, sergent détective enquêteur au service de police de la ville de Montréal a tenu une conférence sur les “items non verbaux lors de l’interrogatoire”, devant un parterre de policiers issus de toutes les directions de la préfecture de police» le 5 janvier dernier.

La synergologie, pratique venue du Canada et vulgarisée entre autres par des séries TV américaines, permet aux enquêteurs de décrypter certaines réactions inconscientes d’une personne interrogée, qu’elle soit victime, témoin, ou auteur présumée. «Bill Clinton qui, devant le Congrès, au cours du procès dans l'affaire Monica Lewinsky, s'est gratté trois fois le nez… alors qu'on sait qu'une personne qui ment a cette tendance. Pour les synergologues, l'ancien président s'est trahi dès cet instant par sa gestuelle!», relève Katia Mayrant, journaliste à Montréal, qui nuance toutefois: «ce n'est pas parce que quelqu'un se gratte le nez en vous parlant qu'il vous ment. Cette personne peut avoir l'esprit ailleurs et donc le geste n'a pas de lien avec l'instant présent». Hum… Que dire alors d'un individu qui hausse les épaules ou dodeline de la tête presque à chaque fois qu'il fait une promesse?

Le “créateur” de la synergologie, Philippe Turchet, tient un blogue et le site officiel, qui affiche du reste dans sa colonne de droite diverses dates de formation en Europe, dont une session parisienne fin janvier affiche complet.

Selon la PP, cinq policiers en France, dont certains de Paris et de la petite couronne, sont formés à cette technique d’analyse.

Pour les habitués, du répertoire des 2800 gestes qui peuvent trahir, l’un des instants privilégiés est le moment précis où la question est posée, car certains micromouvements seraient observables sur la personne interrogée «avant même qu’elle puisse verbaliser sa réponse», précise la préfecture de police.

Le mot synergologie trouve ses racines dans le grec ancien: syn, ergon, logos, et, comme l’explique ici le wiktionnaire, traduit l’idée d’un «être ensemble, être actif en situation de discours».

Voilà qui promet de jolies batailles devant les tribunaux sur l’interprétation des procès-verbaux de garde à vue ou d’interrogatoire.

Fabien Abitbol, ill.: préfecture de police

A lire: Pour en finir avec la synergologie, une analyse critique d’une pseudoscience du «décodage du non-verbal», par Pascal Lardellier, professeur de sciences de l’information et de la communication à l’Université de Bourgogne (IUT de Dijon) et chercheur au LIMSIC/CIMEOS, sur le site Internet de l’Université de Laval (Québec), 2008.