Déjà majoritaire à Paris, avec 12 députés sur 21, la gauche pourrait encore progresser aux législatives de juin dans la capitale et conquérir la 8e circonscription jusque là détenue par l'UMP Jean de Gaulle, un secteur crucial dans la perspective des municipales de 2008.
Si une vague « bleue » est pressentie, elle pourrait rencontrer un écueil à Paris.
Certes, Nicolas Sarkozy (50,19 %) s'est imposé dans la capitale au second tour de la présidentielle. Mais ce résultat est le pire jamais réalisé par la droite lors d'un scrutin de ce type. Ségolène Royal est arrivée en tête dans 13 des 21 circonscriptions législatives de Paris.
Tout pourrait en fait se jouer dans la 8e circonscription, dans le XIIe arrondissement, la seule de l'Est Parisien restée à droite en 2002, lors de législatives qui avaient vu la gauche gagner trois sièges.
En lice pour succéder à Jean de Gaulle, parti à la Cour des comptes : Sandrine Mazetier, adjointe au maire socialiste de Bertrand Delanoë, 40 ans, et le très médiatique avocat-médiateur Arno Klarsfeld côté UMP, un novice en matière de campagne électorale. Et sur le papier un duel très serré, moins d'un point séparant la droite de la gauche dans cette circonscription remportée par Ségolène Royal le 6 mai avec 50,79 % des voix.
Une certitude : derrière cette législative, ce sont les municipales qui apparaîtront en filigrane. Si l'UMP et sa candidate Françoise de Panafieu veulent reprendre Paris à Delanoë en 2008, elles doivent impérativement récupérer la mairie du XIIe, et empocher ainsi les six conseillers représentant l'arrondissement à l'hôtel de ville.
Si la gauche est en position favorable dans la 8e, elle est sur la défensive dans les 1ere et 11e circonscriptions des Verts Martine Billard et Yves Cochet. Avec à l'esprit « l'incertitude délicieuse du MoDem » pour reprendre les propos de ce dernier mardi, au sujet du nouveau parti de François Bayrou.
Si la position de M. Cochet paraît moins difficile, avec en ligne de mire une triangulaire au second tour qui pourrait lui profiter face à Nicole Guedj (UMP) et Marielle de Sarnez (MoDem), Mme Billard est sur la corde raide, face à Jean-François Legaret, maire du Ier arrondissement.
Dans sa circonscription, qui couvre les quatre premiers arrondissements de la capitale, Mme Royal n'a décroché que 52,05 % des suffrages le 6 mai. Et le IVe arrondissement, détenu par un maire PS, a voté Sarkozy.
Autre position difficile pour la gauche : celle d'Annick Lepetit (PS) face à Brigitte Kuster dans la 17e circonscription où elle s'était imposée d'un souffle (50,27%) il y a cinq ans.
Mais la grosse surprise de ces législatives à Paris pourrait venir de la 2e circonscription détenue par Jean Tiberi depuis 39 ans et qui vise un 11e mandat consécutif.
Face au maire UMP du Ve, Lyne Cohen-Solal (PS) vise un exploit, après les 46,70 % de Mme Royal dans la circonscription. Mais le pari sera difficile, reconnaissait-elle mardi, en rappelant le découpage des circonscriptions effectué « avec un ciseau à broderie » par Charles Pasqua en 1987 pour protéger la droite.
Si l'UMP a présenté trois candidats de « la diversité », avec l'avocat d'origine antillaise Jean-Claude Beaujour dans la 6e, Lynda Asmani, d'origine berbère, dans la 5e, ou encore Jeannette Bougrab, une fille de harki, dans la 18e, ceux-ci n'ont pratiquement aucune chance de l'emporter.
L'Outre-mer devrait cependant avoir un député parisien, via George Pau-Langevin (PS), avocate d'origine guadeloupéenne et candidate dans la 21e, malgré le refus du député sortant PS, Michel Charzat, de se retirer.
Olivier Lucazeau (AFP)
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