Touristes qui passez là par hasard, ne demandez pas à un autochtone de vous expliquer ce qui se passera à Paris ce lundi 13 juin. Le Lundi de Pentecôte continue à demeurer un grand mystère…
Jusqu’à Jean-Pierre Raffarin, tout allait bien: le Lundi de Pentecôte était férié et chômé, comme un certain nombre de fêtes religieuses catholiques en France (naissance présumée de Jésus le 25 décembre, circoncision du même enfant le 1er janvier, sa résurrection à Pâques, l’Assomption de sa mère putative à la mi-août, etc…). Le Lundi de Pentecôte, qui, comme l’indique son étymologie tombe 50 jours après Pâques, était de ces journées. Très logique, puisque la France est un pays où règne la laïcité.
Mais vint la canicule de 2003, et l’insouciance gouvernementale avec. Puis la découverte que la France avait, comme d’autres pays, des «aînés», terme pudique désignant des personnes d’un certain âge souvent oubliées l’été par des moins âgées désireuses de s’en aller en vacances… ou par des ministres en chemisette à crocodile commentant l’actualité depuis leur lieu de villégiature.
Une prise de conscience abrupte donna l’idée à certains politiciens d’instaurer une journée de travail forcé. Le Lundi de Pentecôte ordinaire était né. Nicolas Sarkozy élu (un mois de mai 2007), les parlementaires élus en juin 2007 s’empressèrent pour le mois de mai suivant —car la Pentecôte est une fête mobile— de rétablir un jour férié… mais non chômé, ce qui n’était pas sans poser quelques problèmes juridiques. Et qu'on ne sait pas trop où va l'argent…
Mais les Parlementaires, chargés de faire les lois, sont aussi là pour se faire réélire pour faire plaisir à leurs électeurs. Donc défaire les lois.
Quant aux élus locaux, ils doivent gérer.
Ainsi, à Paris, les écoles ne seront pas ouvertes lundi. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas école! Non, les gamins ont eu leurs heures, que les enseignants leur ont prodiguées. Mais ils n’iront pas à l’école lundi. Et les moins défavorisés ont pu s’en aller en week-end, car la pluie est peut-être plus agréable ailleurs qu’à Paris, qui sait?
Ceux qui restent à Paris et aiment le tennis pourront jouer, comme un dimanche. Pour plus de renseignements, c’est là.
Pour les piscines, c’est un poil plus complexe: les municipales ne seront ouvertes que de 14h à 18h, tandis que celles gérées par des sociétés seront ouvertes comme un dimanche. Pour s’y retrouver plus facilement, c’est ici.
La littérature passant en second plan, les bibliothèques, elles, restent fermées. Faut pas non plus être trop exigeant tout de même.
Les musées municipaux, eux aussi, seront fermés.
Quant aux musées nationaux, c’est là que ça se complique “grave”, comme on dit. Le Musée d'Ennery, le Musée national Hébert et le Musée Picasso sont fermés pour travaux. Là, au moins, c’est clair. Mais, pour les autres musées nationaux, à peine plus d’un sur deux est ouvert! Alors, pour ne pas se casser les dents et pour, éventuellement, pouvoir dépanner les touristes, voici la listes des musées nationaux ouverts et fermés…
Sont annoncés ouverts le 13 juin:
Musée du Moyen-Age/Thermes et Hôtel de Cluny, Musée national Eugène Delacroix, Musée des Arts asiatiques-Guimet, Musée national Gustave Moreau, Musée du Louvre, Musée de l'Orangerie des Tuileries, Galeries nationales du Grand Palais, Centre d'art et de culture Georges Pompidou/Musée national d'art moderne, Cité de l'architecture et du patrimoine/Musée des monuments français
Sont donnés fermés le 13 juin:
Musées des Arts Décoratifs, Musées des Arts Décoratifs (Nissim de Camando), Musée national Auguste Rodin, Musée du quai Branly, Cité nationale de l'histoire de l'immigration et Aquarium tropical, Musée d'Orsay, Musée Jean-Jacques Henner
Dans ce que Loïc Poujol appelle une tragédie française, si vous vous y retrouvez, c’est tant mieux. Car le gouvernement envisage de lancer une seconde journée de solidarité pour financer la dépendance des personnes âgées. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, toujours lui, s'est dit favorable, samedi matin sur Europe 1 à cette idée. «Je pense que c'est ce qu’il y aura de plus simple», a-t-il dit le plus sérieusement du monde. «Je pense que nous avons beaucoup de RTT et je pense que c’est le moyen, en partie, de financer la dépendance», a-t-il affirmé. Bien sûr!
Fabien Abitbol, dessin (archives 2004) de Catherine Créhange
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