Un livre économico-politique à paraître demain à l'Archipel
Un titre un brin provocateur pour constater que la France va mal, y compris pour une importante fraction des classes moyennes. L’auteur, très attaché à la ville de Saint-Gratien (Val d’Oise), dont il a été maire-adjoint et conseiller régional jusqu’en 2001, en connaît un rayon sur l’économie et sur l'économie politique. Il est membre du Haut conseil de la Coopération internationale (organisme gouvernemental). Il est le président de l’ Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie, qui fédère les Chambres de commerce et d’industrie de la France et de l’Outre-mer. Ce dimanche matin, il était parmi les invités de « C’est arrivé demain », l’émission dominicale matinale de Dominique Souchier sur Europe 1 pour une brève discussion à bâtons rompus dans le cadre de la campagne présidentielle. Une lecture sans aucun doute intéressante pour ceux qui s’intéressent à l’économie et au social, à commencer par les chefs d’entreprise et les candidat(e)s à la Magistrature suprême… qui comptent parmi eux un dont le frère Guillaume, a été vice-président du MEDEF, a fait faillite en septembre 2005 et s’est recasé dans la protection sociale complémentaire, et une dont le frère Antoine, également chef d’entreprise, affirme que les Renseignements généraux ont enquêté sur lui…et a accordé à ce sujet un entretien au « Parisien ». Le livre se trouve en librairies demain lundi (éditions de l’Archipel).
Présentation de l’éditeur - Un inquiétant phénomène de paupérisation des Français s'étend rapidement, même si le pays demeure encore prospère. La France décroche. Un sujet tabou ? En tout cas, un problème qu'il est devenu urgent d'affronter sans détour. Après les plus démunis de la société, le phénomène gagne une importante fraction des classes moyennes. Au sein des nations industrialisées, la France se situe désormais au 12e rang pour le PIB par habitant. Les causes ? Un chômage endémique, une faible progression du pouvoir d'achat, la hausse des prélèvements obligatoires, l'effritement des liens sociaux et de la cohésion sociale, et une résistance aux changements.
Pour Jean-François Bernardin, qui dénonce les idées fausses et le conservatisme de l'emploi, pas question de verser dans le « déclinisme ». Il n'existe pas de fatalité au déclin français. Le sursaut est possible, même s'il faut pour cela sonner le tocsin. Pour cela, les Français doivent changer d'état d'esprit. Il faut libérer les initiatives et les énergies. Réhabiliter le travail, ne pas s'agripper aux droits acquis. Faire baisser les prélèvements sociaux, mettre en place une fiscalité incitative. Délocaliser et multilocaliser.
La quatrième de couverture - Des fins de mois difficiles. Des salariés en situation de précarité. Des Français qui s'appauvrissent. Surprenant ? La France, en dépit de la crise, n'est-elle pas un pays prospère et envié ?
À mieux y regarder, la machine est pourtant grippée. Depuis 1980, la France a chuté du sixième au seizième rang de l'OCDE en termes de revenu par habitant. En Europe, elle a rétrogradé à la douzième place. Les causes ? Un chômage endémique, un pouvoir d'achat qui lanterne, le «lien social» qui s'effiloche, et une allergie chronique à tout changement.
La France, pays riche : une illusion perdue ? Inadmissible et pourtant bien réel, le phénomène de paupérisation gagne les classes moyennes. Il menace la cohésion nationale et affaiblit l'autorité de la France.
Autant de motifs qui justifient la colère froide de Jean-François Bernardin. Car, si le déclin n'est pas niable, le fatalisme n'est pas de mise. Un sursaut est possible. À condition de changer d'état d'esprit. Libérer les initiatives, réhabiliter le travail, ne pas s'agripper aux droits acquis, diminuer les prélèvements obligatoires, mettre en place une fiscalité incitative, investir dans les industries du futur... Il faut rien moins qu'une «révolution culturelle» pour remettre notre pays en selle !
Chef d'entreprise dans le secteur de la distribution, maire adjoint de Saint-Gratien et conseiller régional d'Île-de-France jusqu'en 2001, Jean-François Bernardin préside l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI), qui fédère le réseau des chambres de commerce et d'industrie.
Extrait de l'avant-propos :
L'avenir ne s'écrit plus à Paris
« J'aime mon pays, mais je suis en colère. Ou plutôt, je ne décolère pas de le voir plonger dans un malaise croissant et de constater que des couches de plus en plus importantes de la population se paupérisent.
« Sans nostalgie d'une «splendeur» passée, il faut se souvenir que la France était, voici à peine trente ans, une des quatre ou cinq puissances mondiales dont les avis étaient respectés. C'était une des grandes économies de la planète, le pouvoir d'achat des Français était l'un des tout premiers d'Europe et, petit à petit, il se rapprochait de celui des Américains. Les faits divers barbares étaient rarissimes et, même s'il subsistait des poches de pauvreté et que parfois la vie était rude, nous étions confiants en l'avenir meilleur.
En quelques années, notre pays se trouve aujourd'hui relégué, en termes de PIB par habitant, en queue de peloton des pays industrialisés. Notre société a placé dans l'assistance et le chômage des millions de personnes, de façon quasi héréditaire. Vingt ans après leur création, les Restos du Coeur restent indispensables. La paupérisation gagne les classes moyennes. La violence ordinaire envahit l'école et les transports en commun ; elle s'est banalisée dans l'esprit des plus jeunes.
Le pays de Jean Monnet et de Robert Schuman a dit «non» à l'Europe. J'ai encore mal au référendum... Certes, les Français ne se bousculent pas aux frontières, mais pas un jour ne passe sans qu'un entrepreneur ou un jeune diplômé plein d'allant prennent un aller simple pour s'inventer ailleurs un avenir meilleur. L'avenir, économique, artistique ou culturel, s'écrit à Londres, Barcelone, Milan, New York, Sydney ou Shanghai... et non plus à Paris.»
Passage choisi :
« Je ne reconnais plus mon pays. Son dynamisme lui valait les tout premiers rangs dans le concert des nations. Ces dernières années, il semble plongé dans un spleen profond. La France aurait-elle perdu sa vitalité, son énergie, son enthousiasme ? À quoi est due cette déprime collective dans laquelle les Français semblent se complaire ?
« Certes, au cours de notre histoire, les progrès, les avancées, les réformes se sont faits souvent au travers de crises et de drames dont l'esprit français a le secret. Pourtant, depuis la Libération, quel chemin parcouru ! Au point que les Français d'aujourd'hui ont gommé de leur mémoire l'humiliation de 1940 et les années noires de l'Occupation. Dans l'après-guerre, malgré le climat inquiétant que faisaient peser la menace soviétique et les spasmes douloureux et coûteux suscités par la décolonisation, les Français ont accompli un travail formidable. Par leur labeur, leur conscience professionnelle, leur efficacité, leur ingéniosité, leur créativité, ils ont permis à la France de retrouver sa place dans le monde.
« Deux indicateurs symbolisent la renaissance de notre pays et l'enrichissement de nos concitoyens. En une cinquantaine d'années, les salaires ont presque quadruplé. Le salaire ouvrier annuel est passé de 4.644 euros en 1949 à 16.074 euros en 2001. Le patrimoine des Français a évolué, lui aussi, dans des proportions similaires, de 47.000 euros en 1946 à plus de 200.000 euros actuellement. Pour obtenir de tels résultats, les Français, il est vrai, n'ont pas ménagé leur peine. En 1946, ils travaillaient plus de 2.000 heures par an contre 1.600 en moyenne actuellement, 35 heures obligent. Cette durée de travail élevée explique, pour beaucoup, les performances continues de notre économie pendant près de trente ans, de la Libération jusqu'au début des années 1970. »
J’aime la France mais je suis en colère
Jean-François Bernardin
(Ed. Archipel, Paris, 29 janvier 2007, 15,95 €, ISBN : 284187897X)
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