Angolais, expulsé en RDC, il est
renvoyé sur Paris…
Alors que Nicolas Sarkozy
s’apprête à faire une tournée africaine le menant par la RDC et le Congo (une réunion contre la partie zaïroise du voyage avait lieu hier soir à Paris),
un père de famille sans papiers d’origine angolaise vient de faire un étrange aller-retour Paris-Kinshasa, suite à une expulsion, non moins étrange… Récit.
Romano Kanda, quarante ans, est
arrivé ce dimanche matin à 5h30 à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, où il
a été immédiatement interpellé par la police aux frontières (PAF) qui, après l’avoir placé en garde à vue, l’a remis en liberté. La police
avait de quoi être «inquiète», ou pour le moins étonnée : M.
Kanda, d’origine angolaise, avait été expulsé hier samedi 21 mars 2009 vers
Kinshasa, en RDC, car il était sans papiers. Mais les autorités congolaises ont
refusé de l'accueillir. Retour, donc, au pays expéditeur : la France, pays
des Droits de l’Homme et de l’expulsion.
Ce matin, Romano Kanda «a
été libéré sans poursuites», ont indiqué la Cimade et le Réseau Education sans Frontières (RESF), présents sur place, qui, avisés depuis hier soir de la situation de retour, ont appris sa libération par la PAF. L’épouse de M. Kanda s'est dite
«fatiguée» mais «soulagée». M. Romano Kanda fait
toujours l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF) délivré par la préfecture de l'Essonne le 28 mai 2008, qui «reste
exécutoire», selon son avocate. C’est celui que les autorités françaises
avaient voulu appliquer mercredi, lorsque M. Kanda, domicilié à Thorigny-sur-Marne (Seine-et-Marne) avait été interpellé à l'hôpital de Lagny (Seine-et-Marne), où il s’était rendu pour voir la fille de
sa femme aux urgences.
Romano Kanda vit en France depuis l’an 2000. Neuf ans déjà. Il
s’était mis en ménage avec Mimi, une ressortissante congolaise de RDC, en
situation régulière, mère de deux enfants (Estelle, cinq ans et Maxime, six
ans, atteint d’un handicap mental) nés d’une première union. Mercredi 18 mars,
dans la soirée, Mimi, d’un geste malencontreux, énervée par le bruit, avait
donné un coup de balai à sa fille… Selon RESF, elle avait appelé les secours,
qui avaient appelé la police. L’enfant hospitalisé, la mère était placée en
garde à vue à la gendarmerie. Romano se rendait alors à l’hôpital pour voir
Estelle… et les gendarmes, qui lui avaient demandé de récupérer les autres
enfants, se déplacèrent à l’hôpital pour l’interpeller et le placer en
rétention au Mesnil-Amelot, du fait de l’expulsion dont il devait faire l’objet…
Rien n’explique clairement pour
l’instant le pourquoi du comment de cette invraisemblable histoire. D’origine
angolaise, M. Kanda n’a pas été envoyé sur l’Angola, mais sur la République
démocratique du Congo (RDC), «un pays qu’il ne connaît pas (et) où il n’a
pas d’attaches», avait dénoncé RESF. Pourtant, un laisser-passer avait
été délivré en France par les autorités de RDC, à ce qu’affirmaient les
autorités françaises compétentes. La préfecture de Seine-et-Marne, en faisant
interpeller M. Kanda ce matin par la PAF, avait estimé la décision de renvoi du
territoire congolais «contradictoire» par rapport au laisser-passer
consulaire délivré par les autorités congolaises en France. Une explication
possible : un cafouillage, peut-être dû à un document congolais que M.
Kanda aurait pu avoir en sa possession, son épouse étant congolaise.
Deux jours plus tard, le samedi, la procédure suivant son
cours, il était expulsé… vers le pays de sa compagne. Avec un vieux passeport
et «un ancien laissez-passer» portant une mention qui, de nos
jours, ne devrait plus figurer. Selon cette dépêche d’agence diffusée samedi soir, la préfecture de Seine-et-Marne
avait affirmé que M. Romano Kanda était d’origine congolaise, et pas angolaise…
Si la police française ne fait
pas toujours dans la dentelle, les autorités congolaises, elles, font le tri.
Le président Sarkozy ne pourra pas, les jours prochains, ressortir le discours de Dakar. Il y aurait peut-être à apprendre de «l’homme
africain».
F. A.
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