Ménilmontant, mais oui madame...

Le couple Gbagbo arrêté pour les 7 ans de la disparition de Guy-André Kieffer

A la veille des sept ans de la disparition, le 16 avril 2004 à Abidjan, de notre voisin le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer (GAK), Laurent Gbagbo, président sortant de la Côte d’Ivoire, a été arrêté ce lundi 11 avril, a indiqué l’agence Reuters, citant un proche de l’ancien président, en poste à Paris.

La confusion régnait en début d’après-midi, Reuters annonçant dans un premier temps que l’arrestation avait été opérée par les forces spéciales françaises, et le ministère français des Affaires étrangères ne confirmant pas l’information donnée par M. Toussaint, le représentant de Laurent Gbagbo en Europe.

Moins d’une heure plus tard, une source diplomatique française à Paris indiquait à l’AFP: «M. Gbagbo a été arrêté par les troupes de M. Ouattara, c'est vrai, mais pas par les forces spéciales françaises, qui ne sont pas rentrées dans l'enceinte de la résidence», et confirmait que le président déchu se trouvait «entre les mains des troupes fidèles à M. Ouattara». Un porte-parole du président Alassane Ouattara, a pour sa part indiqué à Reuters depuis Abidjan que M. Gbagbo et son épouse se trouvaient à l'hôtel du Golf, le quartier général de M. Ouattara. Un résumé des événements se trouve sur le site du Télégramme de Brest.

Sur le rôle précis des forces françaises, les versions divergent.

L’ambassadeur à Paris parle de «crimes contre l’Humanité»

Selon M. Ali Coulibaly, ambassadeur de M. Alassane Ouattara en France, qui était interrogé sur i>Télé, Laurent Gbagbo «va bien». Divers médias annonçaient qu’il subissait un examen de santé. «Je pense que personne n'a porté à atteinte à son intégrité physique. Il ne fallait en aucun cas faire un cadeau royal à Laurent Gbagbo en en faisant un martyre. Il faut qu'il soit vivant et qu'il réponde des crimes contre l'Humanité qu'il a commis», a ajouté M. Coulibaly.

Simone Ehivet Gbagbo a été à plusieurs reprises citée dans le volet français de l’affaire Kieffer, et a été entendue au moins une fois par le juge parisien Patrick Ramaël, en charge du dossier de la disparition de notre voisin, le 16 avril 2004 sur le parking d’un supermarché d’Abidjan. La “présidente” n’avait pas hésité à comparer GAK à Goebbels (lire ici).

Le même juge Ramaël avait émis une demande d’entraide judiciaire auprès de la Cour pénale international de La Haye en décembre 2009, visant Laurent Gbagbo et plusieurs membres de son entourage. Ce dernier s’était montré optimiste dans un entretien à un numéro spécial de Jeune Afrique.

Joints dans l’après-midi pour le blogue, Osange Silou-Kieffer, épouse de GAK résidant dans le 20e arrondissement de Paris, et Bernard Kieffer, son frère cadet, qui vit dans la région Rhône-Alpes, se sont montrés soulagés de cette issue, qui pourrait permettre de relancer les investigations, dont la dernière étape sur le terrain, en octobre 2010, avait été ralentie par un manque de coopération des autorités ivoiriennes.

Samedi 16 avril prochain, à l’occasion des sept ans de la disparition de Guy-André Kieffer, une marche est organisée à Paris par la famille, avec le soutien de Reporters sans Frontières (RSF). Sur le thème «7  ans d’absence, 7 ans de silence, 7 ans de questions, 7 ans de mensonges», elle partira à 14h30 de la Place de la Bourse (dernier lieu de travail parisien de GAK), et se rendra en direction du Jardin du Luxembourg, son lieu de promenade préféré. Le rendez-vous est fixé à 14 heures, indique la page Facebook de l’événement. Chacun est convié, pour ne pas oublier…

Fabien Abitbol, ill. capture d’écran du site de Reuters, annonce du rassemblement de soutien organisé en souvenir de Guy-André Kieffer

A lire :

Guy-André Kieffer : six ans déjà (15 avril 2010)

Enlèvement de Me Ghelber: le barreau de Paris partie civile (8 janvier 2010)

Qui veut entendre Simone se rend à Abidjan (18 mars 2009, LeFaso)

Nicolas Sarkozy et Laurent Gbagbo ont le même conseiller (2 novembre 2008)

Simone et Laurent Gbagbo, couple explosif et tenace (AFP, Le Parisien, 11 avril)

 

Reprise dans la revue du Web de Mediapart le 11 avril

Danielle Simonnet déménage

Danielle Simonnet, secrétaire nationale du Parti de Gauche, conseillère de Paris et déléguée à la maire du 20e (en charge de la Lutte dontre les discriminations, de l'Intégration, du Handicap et du Monde associatif), vient d’ouvrir un nouveau blogue: http://www.daniellesimonnet.fr/

Le blogue de Danielle Simonnet, géré en Joomla!, est plus aéré que l’ancien site (en “.org” pour l’extension URL et en WordPress pour la gestion de contenu), tant dans sa bannière que dans l’empilement des sujets. La navigation semble un brin plus rapide aussi (testée en heure creuse et par câble). Les sujets, dans l’ancienne version, étaient fort longs à charger lorsqu’on cliquait dessus. Désormais, le chargement est immédiat… sauf qu’il ne faut pas cliquer sur le titre, mais sur le bouton rouge “Lire la suite”.

Le premier “vrai” sujet à lire est frais de cette semaine: daté du 7 avril, il est titré Tour Triangle, mais évoque en fait rapidement les diverses prises de position lors du dernier Conseil de Paris, en attendant un compte-rendu plus détaillé promis en collaboration avec Alexis Corbière, autre représentant du Parti de Gauche, dont le blogue est ici. Les billets de l’ancien site sont progressivement rapatriés, m’a-t-elle indiqué ce samedi midi.

Quant à la première entrée en ligne, elle n’est pas évidente à retrouver, mais vaut le coup d’œil: clic, clic… et date du 6 avril.

Les entrées de rubriques, sur la barre horizontale en haut,  sont presque toutes les mêmes qu’avant: Paris, Front de Gauche, Luttes sociales et Parti de Gauche. La rubrique “Vidéos” remplace l’entrée “non classé” de l’ancienne formule, où les vidéos étaient immédiatement visibles sur la colonne de droite.

En haut à gauche de la page d’accueil, juste sous la bannière, on trouve un bouton pour rejoindre l’élue sur Facebook. Au pied de chaque sujet se trouvent, bien visibles, des boutons de partage des réseaux sociaux Facebook et Twitter.

Il ne reste «plus qu’à» Danielle, à l’approche de ses quarante ans, se rendre désormais visible —et active— sur Twitter, où viennent d’être créés le compte d'Alexis Corbière et celui d'Ariane Calvo. Ses deux camarades du Parti de Gauche ont fait résente et timide entrée sur le réseau social à 140 signes.  Ce serait pour elle une façon de militer différente et complémentaire de celle-ci, déjà rôdée.

L’adjoint à la maire du 12e et conseiller de Paris est arrivé sur Twitter le 14 mars et l’adjointe du 20e en charge de la Petite enfance et de l’Egalité Femme/Homme y est depuis le 26 mars.

De nombreux autres élus (ou militants actifs, tous partis confondus) des cinq arrondissements de l'Est parisien se trouvent également sur Twitter… et feront l'objet d'un prochain sujet, si je trouve le temps de faire un recensement, ce qui n'est pas évident, malgré mon ancienneté de deux ans sur le réseau, dans la mesure où je n'ai pas l'outil spécifique permettant de n'oublier personne. Ceux avec qui je n'ai pas l'habitude de communiquer peuvent se signaler en cliquant ici.

F. A., ill. la bannière du nouveau blogue de Danielle Simonnet

Immigration : Lagarde et Parisot font Front

Face à Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, qui a affiché son intention de réduire l’immigration “légale”, la ministre de l’Economie Christine Lagarde dans un premier temps, et la patronne des patrons Laurence Parisot ensuite ont mis en garde contre le risque d’un enfermement sur soi.

Dans un entretien au Figaro Magazine du vendredi 8 avril (dont les grands axes étaient indiqués ici mercredi), Claude Guéant annonçait son intention de vouloir réduire «l’immigration légale». «J'ai demandé que l'on réduise le nombre de personnes admises au titre de l'immigration du travail (20 000 arrivées par an). Et nous allons continuer à réduire le nombre d'étrangers venant en France au titre du regroupement familial (15 000)», indiquait-il notamment dans le jeu de questions-réponses mis en ligne jeudi à 13h sur le site du Figaro.

Avec des immigrés qui rapportent une douzaine de milliards d’euros par an à l’économie française, la ministre de l’Economie et la patronne des patrons ne voient pas d’un bon œil ces restrictions.

S’exprimant jeudi sur France 3, Mme Lagarde a estimé que l’immigration devait être «protégée et sécurisée». La ministre de l’Economie a indiqué qu’il fallait «réfléchir au court terme mais aussi au long terme […] Dans le long terme, on aura besoin de main d'œuvre, on aura besoin d'effectifs salariés formés», a-t-elle expliqué.

Quant à la présidente du Medef, elle a enchaîné vendredi dans le cadre d’une réunion des patrons du G8 à Paris en rappelant que «l'immigration liée au travail» ne représentait chaque année en France en moyenne que «20 000 personnes». «Donc ce n'est pas ça l'enjeu», a-t-elle estimé. «On avait adopté ces dernières années une politique raisonnable en matière d'immigration liée au travail, qui consistait à dire qu'il fallait faire des choix selon les besoins, selon certains critères».

Quant à Jean-François Copé, il s’est montré favorable à l’immigration choisie, avec comme premier critère «un critère économique».

F. A., d'après agences

Sarkozy veut contrôler un chômeur sur deux

Lors d’un déplacement ce jeudi 7 avril à Issoire (Puy-de-Dôme), dans le cadre de la semaine de l’Industrie (lire ici l’agenda de l’Elysée), le président Sarkozy a annoncé sa volonté de renforcer les contrôles des chômeurs indemnisés, invoquant un impératif de «justice sociale» vis-à-vis de ceux qui «travaillent dur». Retour direct à “la France qui se lève tôt”, qui fut le slogan de Nicolas Sarkozy de 2005 à 2007.

«C'est un problème de justice, de justice sociale envers les salariés et les ouvriers qui travaillent dur (...) que de s'assurer que celui qui est au chômage et qui a des allocations grâce a la solidarité nationale fera tous ses efforts pour accepter une offre d'emploi ou pour accepter une formation pour s'en sortir», a lancé le chef de l’Etat, estimant («désolé de le dire mais [il] le pense») que «puisque nous commençons à sortir de la crise, il va falloir faire des contrôles plus précis et plus exigeants pour les chômeurs qui bénéficient d'allocations et qui refuseraient des offres d'emploi disponibles».

Seulement voilà. Moins d’un chômeur sur deux inscrit à Pôle emploi perçoit des allocations chômage: «La part des demandeurs d’emploi de catégories A, B, C, D, E (hors formation) indemnisés au titre du chômage s’établit ainsi à 49,5 % en janvier 2011», écrivait la DARES en page 7 de sa note de conjoncture du 24 mars 2011 (à télécharger ici).

Avec 4,04 millions de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi dans les catégories A, B et C en février et 597 900 en D et E (uniquement en France métropolitaine), selon ce communiqué de presse du 24 mars émanant du ministère du Travail, cela fait —au bas mot— 2,280 millions de fraudeurs potentiels, ou profiteurs professionnels supposés, dans le langage présidentiel. Un tel contrôle ne peut qu’alourdir un climat de suspicion, comme il en règne déjà à l’endroit des bénéficiaires d’aides sociales ou des allocataires de minima sociaux, souvent une grosse partie, du reste, de l’autre moitié des demandeurs d’emploi… du moins s’ils ne vivent pas en couple avec une personne gagnant correctement sa vie, et dont ils sont supposés vivre «aux crochets», qu’ils soient mariés, pacsés, ou même en union libre.

Sans compter que, depuis juin 2010, nous sommes prévenus: les effectifs de Pôle emploi doivent baisser en 2011 «sauf si la situation s'aggrave considérablement». Et au moins mille équivalents temps plein, qui doivent être redéployés vers les Urssaf (caisses de recouvrement), avec un dégraissage net de 300 personnes. A travers la France, les mobilisations des agents du service public de l’emploi se poursuivent, comme ici en Région PACA (où 145 postes sont menacés).

La machine à exclure

La volonté présidentielle s’ajoute entre autres à cette proposition de loi du député UMP de Moselle Pierre Lang, déposée le 30 mars à l’Assemblée, visant à faire travailler, sans contrepartie, sous forme de travaux d’intérêt général, vingt heures par semaine, les chômeurs indemnisés depuis plus de six mois. Là aussi, cette proposition de loi pose question. Outre le problème moral du caractère obligatoire d’un travail bénévole (connu sous l’Ancien régime sous le nom de corvée), la durée hebdomadaire de vingt heures par semaine —plus de la moitié de la durée légale du travail— empêche le demandeur d’emploi de chercher correctement du travail, alors qu’il est supposé être «en recherche active d’emploi» pour figurer dans les catégories A, B et C. S'il ne remplit pas ce critère, il peut être suspendu (voire radié) et, dans un cas comme dans l'autre, voit ses allocations réduites ou supprimées par le préfet. Le “travail gratuit” n'est donc clairement pas conciliable avec la perception d'allocations-chômage.

Dautre part, un “gros” mi-temps non rémunéré prend la place d’un mi-temps qui pourrait être occupé par un chômeur salarié à temps partiel, ou deux mi-temps prennent la place d’un emploi à temps plein.

A vouloir trop stigmatiser les salauds de pauvres, les “profiteurs” d’un système qui n’est qu’une assurance à laquelle ils ont cotisée de façon —qui plus est— obligatoire, on marche sur la tête. Avec en vue la présidentielle de 2012, qui commence pour le président Sarkozy sur les deniers publics, si tant est qu’elle n’a jamais cessé.

Quant aux plus pauvres des exclus, les demandeurs d’emploi non indemnisés par l’assurance chômage mais qui restent tout de même inscrits à Pôle emploi (la grosse moitié, donc, des effectifs), il est évident que les agents de Pôle emploi, déjà surchargés, n’auront plus le temps de s’occuper d’eux… Qu’à cela ne tienne: ils iront grossir les piles déjà épaisses des dossiers des assistantes sociales.

Mais c’est là un moindre problème pour l’Etat, car ces dernières dépendent surtout des Conseils généraux (lire ici la fiche-métier). Les Conseils généraux, ce sont ces institutions pour lesquelles ont eu lieu en mars des élections qui furent une Berezina pour l’UMP. Les Conseils généraux, ce sont ces institutions qui se battent pour récupérer l'argent que l'Etat leur doit au titre, notamment, du RSA, que demandent entre autres les chômeurs exclus de l'assurance-chômage. Les Conseils généraux, enfin, faut-il le appeler?, sont appelés à… disparaître en 2014 du fait de la réforme territoriale. Mais 2014, c’est après 2012, et c’est une autre histoire.

Fabien Abitbol

Repris sur Dazibaoueb le 7 avril à 20h28 — Cité dans Quand Sarkozy rejoue au candidat social (Marianne2, Sarkofrance) le 8 avril à 6h02 — Repris sur Les Mots ont un sens le 8 avril à 10h04

Le PIF de M… à E

Pas d’Infos Fixes du 7 avril

Après le «débat» sur la «laïcité» et alors que le ministre de l’Intérieur pense que d’ici à «quelques mois» il n’y aura plus de prières dans les rues, un PIF avec les lettres du mot MOSQUEE, et un nombre de jours, pour ne pas oublier…

2547. C’est le nombre de jours affichés ici en bas ou là en haut, depuis le 16 avril 2004, date à laquelle notre voisin le journaliste Guy-André Kieffer a disparu, enlevé sur le parking d’un supermarché d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Sept ans très bientôt. Sur ce blogue, la rubrique Affaire Kieffer a été lancée en janvier 2007, au millième jour de la disparition de GAK, qui habitait le 20e arrondissement depuis 1980.

Mosquée. A Tournon-sur-Rhône, commune ardéchoise de dix mille âmes, une mosquée se construit coûte que coûte. Et aux frais des fidèles, bien entendu.

Objectif. Fini depuis belle lurette l’appareil photo reflex. Du moins celui pour toutes les bourses. Mais cela n’empêche pas —à défaut d’Angénieux— de laisser la place à des ingénieux bidouilleurs, tels ceux de Fotopedia. Ils viennent de lancer Fotopedia Paris, une appli pour iPhone ou iPad, et c’est à voir ici. Pour télécharger l’application (en français, siouplé) c’est par là.

Sieste. Faire la sieste au travail a du bon, disent certaines études (ici en 2002, par exemple). Même que, avant la présidentielle de 2007, Xavier Bertrand, porte-parole de Nicolas Sarkozy, abordait le sujet. Depuis, les électeurs ont oublié… Aux Etats-Unis, pour la deuxième fois en deux semaines, c’est un contrôleur aérien qui s’est assoupi. Pendant cinq heures, et «délibérément»…

Quotas. En respectant des quotas bien précis et au nom d’une chasse écologique, des Canadiens vont tuer des phoques, dont une partie sera distribuée aux sans-abri. L'Union européenne, rappelle la dépêche de Canoë, a interdit le commerce des produits canadiens du phoque, jugeant cette chasse trop cruelle.

Urine. Une étude publiée le 4 mars dans la revue de l’APS indique que l’on prendrait de meilleures décisions la vessie pleine. Les patrons vont-ils obliger les ouvriers à boire, ou, plus simplement les empêcher d’aller prendre leur pose, pour de meilleurs profits?

Expulsion. A Névache, dans le Briançonnais, un locataire s’est mis en grève de la faim le 7 mars à la suite d’un impayé de loyer de 6600€, craignant l’expulsion et demandant l’annulation de sa dette. Un mois après, il a été hospitalisé. Fin mars, il avait détaillé sa situation.

Emoi. L’invitation de Bertrand Cantat pour les 60 ans du Théâtre du Nouveau Monde (TNM) tenait de l’exception. Mais l’ancien chanteur de Noir Désir a été condamné en 2003 en Lituanie pour le meurtre de notre voisine de la rue de la Mare, Marie Trintignant, et du coup l'article 36 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés le rend persona non grata au Québec. Emoi sur place, où l’on apprend qu’il y a pourtant séjourné en novembre dernier…

Fabien Abitbol, dessin de KAT

Espace Schengen : Guéant s’interroge

Dans un entretien à paraître vendredi dans Le Figaro magazine, le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, estime que l’espace Schengen n’est pas approprié aux situations d’urgence. En charge des Cultes, il affirme par ailleurs qu’il n’y aura plus de prières dans les rues d’ici à quelques mois et donne son avis sur l'alimentation dans les cantines scolaires.

Claude Guéant indique au FigMag sa volonté de dépasser l'objectif des 28000 reconduites à la frontière qu'il s'est fixé pour l’année 2011.

Toujours en matière d’immigration, il s'interroge sur les limites de l'espace Schengen (carte à télécharger ici): face à l’arrivée de migrants clandestins via l'île italienne de Lampedusa (comme ici), il pense que la règle de Schengen «n'est peut-être pas complètement adaptée à des situations d'urgence comme celle-là».

Au lendemain du controversé «débat» sur la «laïcité», le ministre annonce que «plusieurs pistes» sont étudiées afin de mettre un terme aux rassemblements illégaux de fidèles dans la rue, «comme la possibilité de faire plusieurs offices ou de louer des locaux dans l'attente de la construction de mosquées».

Disant que les prières dans la rue sont «indignes pour les fidèles» et que «la rue n'est pas faite pour prier mais pour circuler», Claude Guéant indique avoir déjà «engagé des concertations qui [le] laissent penser que d'ici à quelques mois, il n'y aura plus, en France, de prières dans la rue».

Concernant les cantines scolaires et la possibilité d’y proposer un menu végétarien, le ministre, partant du principe qu’«Il n'est pas possible qu'un usager du service public, un élève ou ses parents, exige que le service public s'adapte à sa pratique religieuse» répond que «si un élève a un problème religieux avec la consommation de telle ou telle viande, il est normal qu'on lui propose un menu adapté, par exemple sans viande».

F. A.

A lire: Schengen, une citadelle aux remparts fragiles (Le Figaro, 6 avril)

Le nombre de musulmans n'est pas très catholique

Dans Le Canard du 6 avril, un dessin de Pétillon résume la bouderie six principales religions au «débat» de l’UMP sur la «laïcité»: si le nombre de musulmans pose problème à Claude Guéant, c’est que les organisateurs en espéraient davantage, en vue des échéances présidentielles de 2012. Faut pas se voiler la face: l'attitude —plutôt orthodoxe— des religieux dans leur ensemble n'a pas facilité la tâche des pro-débat, soutenus par seulement 54% des sympathisants UMP et 23% de la population, à moins d'un mois du déplacement du président Sarkozy au Vatican.

L'ensemble des représentants des religions en France avaient mis en garde contre ce débat organisé par le parti au pouvoir, des associations s'y sont opposées, certaines ayant appelé à manifester contre.

«Nous avons exprimé ensemble nos réserves devant un nouveau débat dont les risques ne sont pas minces», a déclaré mardi à Lourdes Mgr André Vingt-Trois, le cardinal de Paris, en ouverture de l'assemblée des évêques. Et il ne prêchait pas que pour sa paroisse, poursuivant: «Non seulement il risque de cristalliser les malaises devant un certain nombre de pratiques musulmanes minoritaires, mais, paradoxalement, il risque aussi d'aboutir à réduire la compréhension de la laïcité à sa conception la plus fermée». Le discours de Mgr Vingt-Trois est à télécharger ici.

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, se trouvait pour sa part dans l’hôtel parisien où le raout de l’UMP était organisé. «Nous n'avons pas souhaité ce débat», a-t-il dit, précisant toutefois qu’il n'était «pas question de boycotter et encore moins de stigmatiser un parti politique». Ah…

D’après un sondage Harris Interactive pour LCP-Assemblée nationale, moins d’un quart des Français (23%) jugent que ce débat est une bonne chose. 37% estiment qu'il s'agit d'une mauvaise chose et 36% ne pensent ni l'un ni l'autre. Pour davantage de détails, cliquer ici pour le texte, cliquer là pour les graphiques.

Parmi les 26 propositions de l’UMP (en PDF sur le site du parti, ou en résumé sur le site de La Croix), on peut noter que le “Code de la laïcité” voulu par certains est prévu pour… après 2012. Un Code qui, soit dit en passant, existe déjà selon la sociologue Christine Delphy.

Dans un autre contexte, alors qu’il était ministre de la Défense, Alain Juppé avait affirmé que la laïcité devait être une valeur clé de la présidentielle de 2012. Cela avait au moins le mérite d'être clair…

Dans le cadre de la béatification de Jean-Paul II, le président Sarkozy est attendu au Vatican le 1er mai prochain. Si l’on osait, on dirait que ce déplacement n’est pas très catholique, en plein «débat» sur la «laïcité».

Fabien Abitbol, dessin de Pétillon pour Le Canard enchaîné

Le pénis intelligent

L’association AIDES et l’agence de communication TBWA/Paris lancent une nouvelle campagne de sensibilisation sur le Sida, particulièrement à l’attention du public jeune, afin de rappeler l’importance de la protection. A travers un film intitulé «Clever Dick» (pénis intelligent), AIDES met en scène un jeune homme qui réalise de drôles de choses… avec son pénis.

Plutôt que d’opter pour un discours moralisateur, le film permet, explique l’agence TBWA, de «parler de protection de manière décalée, en diffusant un message ludique compris de tous: un pénis qui se protège est un pénis intelligent».

L’ensemble de la population est concerné par le VIH, la moyenne d’âge étant de 41 ans (38 ans pour les femmes, 43 ans pour les hommes) et dix pour cent des nouvelles contaminations concernant les 15 à 24 ans (deux jeunes chaque jour en France). 71% de cette tranche d’âge n’a jamais fait de test de dépistage, selon quelques données publiées à l’occasion du dernier Sidaction.

En France, 6700 personnes ont découvert leur séropositivité en 2009, la majorité s’étant contaminée des années auparavant, selon les chiffres de l’Institut de veille sanitaire (InVs). Le nombre de découvertes est en légère augmentation par rapport à 2008 (6400 cas), alors qu'une tendance à la baisse était observée depuis 2004.

Le Sidaction 2011, qui se tenait le week-end dernier trente ans tout juste après la découverte des premiers cas de déficience immunitaire aux Etats-Unis (historique 1981-2001 ici), a recueilli 5,3M€ de promesses de dons. Il est possible de donner jusqu’au 11 avril, en appelant le 110, ou en tapant DON au 33000 (SMS non surtaxé), ou —méthode traditionnelle, mais qui fonctionne toujours— en écrivant à: Sidaction - 228 rue du Faubourg Montmartre, 75010 Paris, et évidemment en allant sur le site Internet du Sidaction.

Les impressionnistes à l'Hôtel de Ville

Monet, Vuillard, Degas, Caillebotte,… seront à l’Hôtel de Ville du 12 avril au 23 juillet pour une évocation exceptionnelle de la vie de la capitale et de ses habitants au tournant des dix-neuvième et vingtième siècles, avec le soutien du Musée d'Orsay et une entrée libre. Chaque jour, le dernier accès à "Paris au temps des impressionnistes. Les chefs d'œuvre du Musée d'Orsay à l'Hôtel de Ville" se fera à 18h30.

En 1879, on refuse à Edouard Manet un décor pour l’Hôtel de Ville, nouvellement reconstruit. Quelque cent trente ans plus tard, voilà une sorte de revanche, à l’occasion des travaux de rénovation du Musée d’Orsay, qui prête à la Ville de Paris une soixantaine de toiles et autant de dessins (pour beaucoup jamais présentés au public, précise la Ville de Paris), ainsi que des documents d’architecture et des maquettes présentant la nouvelle identité architecturale du Paris de Napoléon III. 

Les impressionnistes vont se passionner pour la ville et la vie de Paris, soulignant sa modernité, comme Monet avec La gare Saint-Lazare. D’autres iront plus loin l’explorer, comme Vuillard avec Le métropolitain, la station Villiers. Et quelques-uns peindront par petites touches sa vie quotidienne, tel Degas, avec ses Femmes à la terrasse d’un café (ci-dessus).

L'exposition s’annonce conçue comme un dialogue avec l’architecture de la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, où elle sera abritée, qui permet l’installation d’oeuvres monumentales.

Pour les enfants, un livret-jeu à compléter au cours de l’expo (et à emporter à la maison) est disponible également. Un logo est prévu, signalant les œuvres destinées au jeune public.

Ill. : Edgar Degas, Femmes à la terrasse d’un café, ©RMN (Musée d’Orsay) - Hervé Lewandowski

"Paris au temps des impressionnistes. Les chefs d'œuvre du Musée d'Orsay à l'Hôtel de Ville"

Du 12 avril au 23 juillet 2011, Hôtel de Ville (ou jusqu’au 30 juillet selon le site du Musée d’Orsay)
Entrée salle Saint-Jean, 5 rue de Lobau, 75004 Paris, exposition gratuite
Tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h, dernier accès à 18h30

Réservations et informations pour les visites de groupe scolaires ou personnes handicapées  auprès des hôtesses au 01 42 76 51 53.

Le catalogue de l'exposition (Collectif, relié, 35€, 192 pages, 240 × 280 mm) est édité chez Skira Flammarion

La bibliothèque Louise Michel vue d'Allemagne

Le blogue allemand Bibliothekarisch.de, qui traite de l’actualité des bibliothèques et du métier de bibliothécaire, a longuement évoqué (ici, en allemand), le 1er avril, l’inauguration la veille de la bibliothèque Louise Michel, dans le 20e arrondissement de Paris.

Le blogue, comparant Paris à Berlin en matière de récents équipements culturels, rappelle les ouvertures des “deux Marguerite” (la médiathèque Marguerite Yourcenar, dans le 15e, et la médiathèque Marguerite Duras dans le 20e) et, faisant référence à cet article du Bulletin des Bibliothèques de France, met l’accent sur le maillage des bibliothèques dans le 20e , «arrondissement multiculturel aux 190000 habitants», qui a désormais «six bibliothèques et centres multimédias».

Six sur cinquante-huit dans tout Paris, rapporté à la population, ce qui fait un établissement pour 31600 habitants contre une moyenne parisienne de un pour 37900.

Mais le blogue allemand spécialisé dans les bibliothèques ne prend pas en compte le projet du quartier Amandiers-Ménilmontant (CQAM), sur lequel le conseil de quartier n’a pour l’instant pas encore été consulté, et qui rencontre déjà, sur le terrain, des détracteurs. Pourtant, le sujet de la bibliothèque des Amandiers a même été abordé  lors du dernier conseil de quartier Télégraphe-Pelleport-Saint-Fargeau (TPSF), et des sondages de terrain auraient déjà été lancés.

Le quartier des Amandiers est classé CUCS (Politique de la Ville). Une subtilité qui aura échappé à Wolfgang Kaiser, auteur du sujet original en allemand, qui s'est notamment servi de 7 ici que ça se passe, Actualitté et Le Parisien en matière de médias. Le blogue indique pourtant que l’arrondissement est caractérisé par l’inégalité sociale et la marginalisation.

Fabien Abitbol, photo Anne Thomès (Ville de Paris)

Un descriptif de la bibliothèque Louise Michel est à lire sur le site de la Ville de Paris. Les détails techniques sont là.

Repris sur Hallo France, Hallo Deutschland! le 5 avril

Repris sur Maville.com - Paris, le 8 avril