…et trois kilos de cocaïne gare
d’Austerlitz
Deux saisies douanières, l’une
de khat(43 kilos), l’autre de cocaïne (trois kilos), effectuées ces derniers jours dans deux gares
parisiennes ont fait l’objet de deux enquêtes de la brigade des stupéfiants de
la police judiciaire de Paris. Les suspects, deux Somaliens et une Brésilienne,
ont été déférés hier jeudi au parquet de Paris, indique une dépêche AFP citant
une source policière. Les saisies de khat se sont multipliées en France ces dernières années, indique la douane. Dans certains pays, son économie prend le pas sur celle du café.
Les
deux ressortissants somaliens arrivaient en gare du Nord (10e arrondissement de Paris) en provenance de Rotterdam
(Pays-Bas), où ils auraient fait l’acquisition des quarante-trois kilos de khat
avec lesquels les douaniers les ont contrôlés. La France classe le khat comme
produit stupéfiant, contrairement aux Pays-Bas.
Ce communiqué des douanes, daté de février 2006, fait état d’une augmentation des
saisies depuis 2004. Sous le titre Le trafic de feuilles de khat en plein essor en
France, Le Monde relevait en août 2006 que les saisies, de « quelques
dizaines de kilogrammes » dans les années 90, étaient passées à 123kgs en
2001, 252kgs en 2003, et 818kgs en 2005. Selon la douane,
l’ensemble des saisies françaises de 2005 était de 835kg. Mais le cap de la
tonne a été passé dès l’année suivante avec 4,05 tonnes, 3,09 tonnes en 2007 et
3,28 tonnes en 2008 (+6,2%). La progression des saisies douanières nationales de khat est
plus… stupéfiante que celle de cocaïne (2,626 tonnes en 2005, 3,27 tonnes en
2006, 4,2 tonnes en 2007, 4,46 tonnes en 2008).
Sur
Paris même, qui ne possède au sens strict qu’une frontière, la gare du Nord — les contrôles entre Paris et Zürich se faisant généralement à l’intérieur des
trains — les saisies sont bien entendues plus modestes qu’ailleurs, et notamment
à Roissy. 52kgs ont été saisis en 2006, trente en 2007 et 51 en 2008, selon la
douane. La saisie de la gare du Nord, si elle n’est pas si importante au plan
nationale, l’est donc pour Paris, puisqu’elle représente 80% de 2008, ou 130%
de 2007. Néanmoins, le bureau de communication des douanes à Paris se refuse à
indiquer s’il s’agit ou pas de la première de l’année, précisant que les
statistiques sont annuelles et que la primeur en revient au ministre de
tutelle.
La saisie de trois kilos de
cocaïne, elle, a eu lieu en gare d’Austerlitz (13e arrondissement), où une Brésilienne a été interpellée.
La drogue était dissimulée dans des agendas et albums-photo. La femme, en
provenance de Madrid, a précisé qu'elle pensait qu'il s'agissait de
« cadeaux » pour la famille de son ami qui l'a « abusée »,
mais aurait reconnu avoir perçu 6 000 € pour les transporter.
Hasard du calendrier, une autre saisie de khat a eu lieu cette semaine, entre la Suisse et l’Italie. Dans cette affaire étaient impliqués quatre hommes d’origine somalienne : trois domiciliés en
Italie et un en Finlande.
Considérée comme plus rentable que celle du café par l’ONG Oxfam, la culture du khat (également appelé « thé d’Abyssinie » ou « salade djiboutienne ») permet à certains agriculteurs africains (Corne de l'Afrique, surtout) de
s’en sortir financièrement, à 9 $ le kilo au prix exportation d’Ethiopie, par
exemple. Un pays qui, en 2003 avait atteint par cette plante 13 % de ses
ressources (58 MUSD) par la seule exportation de ce produit, par surcroît plus
facile à cultiver que le café… Si la Corne de l'Afrique est connue pour ses zones de conflits, elle fait aussi partie des zones de biodiversité, les 34 hotspots.
Ayant un effet comparable à l’amphétamine, le khat contient de la norpseudoéphédrine (stimulant du système nerveux central) et, phénomène assez rare, il en avait été question lors du Tour de France 2005 ! Assez rapidement, un démenti concernant Lance Armstrong avait été effectué par le porte-parole de
l’Union cycliste internationale (UCI).
Selon
le docteur Dan Véléa, psychiatre et addictologue au centre médical Marmottan de
Paris et responsable du secteur toxicomanie à la Fédération française de psychiatrie, le khat « provoque une
certaine euphorie qui engendre une activité mentale intense », dans un premier
temps. Puis une grande excitation sexuelle, une grande lassitude, une perte
d'appétit et des symptômes dépressifs (lire ici).
Fabien Abitbol, photo douanes (archives avril 2007)
è Le khat, fléau ou bienfait ? (Horizons, trimestriel du Fonds national suisse de la recherche scientifique, FNS, juin 2009, pages 6 à 9)
è Ali-Sabieh, une destination prisée (La Nation, Djibouti, 13 août 2009)
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