Le Syndicat de la magistrature (SM) a accusé ce dimanche 15 avril le ministère de l'Intérieur d'avoir avisé la presse de l'interpellation de deux personnes dans le cadre de l’enquête sur la série de meurtres dans l'Essonne avant même d’en prévenir les magistrats de l’instruction. Cette violation du secret de l’instruction se serait accompagnée d’éléments factuels susceptibles de mettre l’enquête «en péril».
Dans le cadre des quatre meurtres perpétrés dans le département de l’Essonne depuis novembre 2011, pour lesquels un homme est en prison, alors même que les meurtres ont continué avec la même arme et sur le même mode opératoire, deux interpellations ont eu lieu hier samedi.
Un homme a été interpellé à Draveil, dans l’Essonne, un autre à Paris. Les deux ont été placés en garde à vue à la PJ de Versailles, chargée de l’enquête, et leur garde à vue a été prolongée dimanche après-midi.
Mais le ministère de l’Intérieur a considéré l’un d’eux (celui interpellé dans l’Essonne) comme «un suspect très sérieux». D’autres fuites ont eu lieu, sur son origine, et même son nom. Ce qui, par exemple, a permis à une radio de retrouver son “meilleur ami”. Ou à une agence de publier ce dimanche à 19h une dépêche annonçant des perquisitions en cours.
«J'accuse la place Beauvau qui, parce qu'elle veut tirer prématurément les bénéfices, à quelques jours d'une élection, d'une enquête qui porte sur des faits très graves et angoissants pour la population, un, de violer le secret de l'instruction, deux, de mettre en péril les investigations», a déclaré Matthieu Bonduelle, président du SM.
Le syndicaliste, qui estime cette fuite «extrêmement grave», la rapproche de la récente traque de Mohamed Merah, à Toulouse, où «Claude Guéant était manifestement le directeur des opérations judiciaires».
Considérant que dans l’affaire des interpellations dans les milieux islamistes «le chef de l'Etat avait annoncé en personne le résultat des perquisitions, alors qu'on était dans une information judiciaire menée par deux juges d'instruction antiterroristes», Matthieu Bonduelle attend «que le ministre de la Justice rappelle chacun à ses devoirs».
F. A.
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