Ménilmontant, mais oui madame...

Distributeur de presse, Laurent s'est tué au travail

Laurent Pinquier, le libraire et marchand de journaux du 61 rue de Ménilmontant, n’a pas ouvert lundi dernier 31 janvier. Et il n’ouvrira plus sa boutique: il s’est donné la mort durant le week-end. Il avait eu cinquante-et-un ans en novembre 2010. Je l’ai vu pour la dernière fois vendredi dernier, le 28, et quand j’y repense, me dis que je n’ai pas su le comprendre…

Originaire du Cantal, Laurent avait ouvert ce commerce voici une quinzaine d’années avec son beau-frère. Bien que n‘étant pas du tout du métier (il avait été chauffeur routier dans une précédente vie), il connaissait presque tous les titres de presse qu’il vendait, connaissait les difficultés de la presse, bref: il faisait son métier de marchand de journaux avec passion. Mais il n'était pas “kiosquier”, et réfutait ce terme, faisant par ailleurs papeterie et librairie. Sa vitrine parisienne et locale attirait toujours l'œil.

Sa passion, je ne la lui ai vraiment découverte que vers 2006, dix ans après l'avoir fréquenté occasionnellement. C'est à cette période qu'a fermé la Librairie Fargues, rue Sorbier, où j’avais mes habitudes. Robert Fargues, lui, venait des métiers de l’imprimerie… et subséquemment son œil sur les médias était différent. Les deux hommes se connaisaient un peu, et c'est par Robert que j'avais appris (en 2003 je crois) que Laurent avait perdu son père. Bien que n'étant pas un client régulier, j'étais allé lui présenter mes condoléances à sa réouverture, en bon voisinage, les échoppes comme la sienne se faisant rares…

Habitué à Robert au quotidien, je n’allais en effet chez Laurent qu’en dépannage, lorsque Robert prenait des vacances, ou lorsqu’il n’avait pas à me vendre le produit de papeterie que je cherchais.

Robert et Laurent avaient ceci en commun de vendre des livres, de la presse et de la papeterie. Même les deux points de vente du boulevard de Ménilmontant (dont le fabuleux Libre Ere, sur le trottoir du 11e) viennent de cesser la distribution de presse.

Croulant sous les charges et les soucis personnels, Robert Fargues mit, les larmes aux yeux, la clef sous la porte. Son échoppe est désormais un restaurant italien aux prix hors de propos dans le quartier.

Dès sa fermeture, je reportais l’ensemble de mes achats chez Laurent Pinquier. Certes, il était un peu plus loin, mais tout compte fait j’avais tant l’habitude de passer devant, entre la nouvelle adresse de ma coiffeuse et ma pharmacie, que je m’y retrouvais.

Laurent semblait plutôt content d’avoir un client comme moi. Oh, non, je ne suis pas un «gros» client: mes finances ne me le permettent pas. Mais je suis un client compulsif. Et à ce titre j’ai toujours préféré payer «mes consommations» à l’avance, en espèces ou en carte bleue. Une aubaine pour un commerçant dont la marge bénéficiaire est si faible et les charges -élevées- sont régulières ! Ainsi, de temps en temps, je lui laissais trente euros, qu’il reportait sur son cahier-clients, et d’où il débitait mes achats. Certaines semaines, je ne dépensais que 1,40€ (juste un hebdo télé, étant abonné au Canard enchaîné), d’autres semaines quinze à vingt euros.

En décembre 2010, je n’ai  carrément rien dépensé, et pour cause: la grève de la distribution (photo prise dans son magasin) a duré jusqu’au 23 décembre au soir. Trois semaines. Trois longues semaines durant lesquelles —comme la plupart des marchands de journaux et kiosquiers— il n’était pas livré, mais devait payer ses charges. Le soir, dans son échoppe, les discussions allaient bon train. Lui se plaignait, à juste titre. Certains clients, venus de l’autre bout de Paris (de retour du travail), lui disaient avoir vu tel ou tel titre dans le métro, donc dans les boutiques Relay, dont l’actionnaire principal est l’actionnaire majoritaire du distributeur de presse sur Paris et la petite couronne. De quoi être en colère!

Le 24 décembre, voulant m’offrir un petit cadeau de Noël original, pas trop cher et solidaire, je décidai de m’acheter des journaux… dont j’avais été frustré durant trois semaines. Chez Laurent, le rideau était baissé. J’appris par la suite qu’il était parti en Normandie chez sa compagne passer Noël. Son dernier Noël.

A son retour, je lui parlai de l’augmentation du prix du Monde (photo de son magasin). Dire qu’il était “un peu” en colère relèverait de l’euphémisme. A chaque grève du quotidien du soir, il râlait contre les imprimeurs, qu’il considérait comme des «privilégiés», et du coup m’expliquait par A+B qu’ils coulaient leur outil de travail.

Laurent avait beau n’être pas originaire de la presse, de l’imprimerie ou de l’édition, il connaissait le papier. Mieux: il l’aimait. Du reste, il n’avait même pas de connexion Internet et souvent des clients l’informaient de telle ou telle chose que les fournisseurs de presse ne lui avaient pas (ou pas encore) dite.

Il bichonnait ses clients. Je me souviens des revues de presse qu’il préparait pour une voisine, militante acharnée du Réseau éducation sans frontières (RESF) qui le matin n’avait «plus qu’à» passer les yeux fermés chez lui prendre sa sélection avant de regagner à pieds son bureau dans la rue Oberkampf toute proche.

Jeudi, sur le rideau baissé du 61 rue de Ménilmontant, outre les bouquets de fleurs laissés par des clients et par des commerçants voisins, des petits mots d’enfants pleuraient son départ. Parmi les fleurs, on pouvait aussi voir un bouquet du seul commerce du genre aux alentours: celui de la rue des Maronites, célèbre pour ses ramettes de papier A4 encore moins chères qu'au Darty du boulevard de Ménilmontant.

Lundi 31 janvier, dans l’après-midi, j’ai remarqué que le rideau était baissé. Je ne me suis pas particulièrement inquiété, bien qu’il soit déjà environ 17 heures (c’était après avoir fait cette photo à 16h44). Sur le trottoir d’en face, en revanche, au bistro tenu par Iddir, on s’inquiétait : le livreur du Monde avait déposé les journaux et Laurent n’était toujours pas venu les chercher. Iddir, pourtant, avait dit au livreur que Laurent n’avait pas ouvert le matin, que ce n’était pas normal, etc… Puis Iddir a prévenu un serrurier, qui n’a rien voulu (rien pu légalement) faire sans la présence au moins des pompiers. A la boutique, rien d’autre qu’un mot d’adieu, dont Antoine, le neveu de Laurent, m’a dit hier soir qu’il n’était pas très détaillé. Puis le domicile de Laurent, aux Envierges. Rien non plus.

Ce n’est que mardi que le corps de Laurent a été retrouvé dans la cave de son domicile du 20e arrondissement.

Samedi, en fermant son magasin, Laurent est allé comme souvent au Bar de l’Avenir, sur le trottoir d’en face. Il en est parti vers 21h30, explique Iddir. Il disait qu'il voulait ensuite aller au cinéma (au Gambetta, avenue Belgrand) le soir même et y retourner le dimanche.

Le dimanche, seul jour habituel de fermeture, Laurent avait pour habitude d’aller au même endroit —à deux pas de son domicile— acheter deux journaux. Cette semaine, il ne l’a pas fait.

Les obsèques de Laurent Pinquier auront lieu le mercredi 9 février à 10 heures au crématorium du Père-Lachaise. Rendez-vous est donné à partir de 9h30 à la chapelle du crématorium. Des affichettes devraient être apposée en ce sens sur divers commerces, notamment aux bars La Pétanque (rue Etienne-Dolet) et de L’Avenir (rue de Ménilmontant).

A sa compagne Annie, à son neveu Antoine, mes plus sincères condoléances. Laurent nous manquera, nous manque déjà.

Fabien Abitbol

En complément: Obsèques de Laurent mercredi

400 jours: le comité de soutien de Hervé et Stéphane à l’Assemblée

«J'ai reçu ce matin, avec les représentants de tous les groupes, des membres de leur comité de soutien. Je crois me faire l'interprète de la représentation nationale unanime en exprimant notre solidarité avec leurs famille et leurs proches», a déclaré mercredi 2 février Bernard Accoyer au sujet des deux journalistes de France3 otages en Afghanistan, en ouvrant la séance de questions au gouvernement.

Le président de l’Assemblée nationale et des représentants des différents groupes politiques avaient reçu à l’Hôtel de Lassay des membres du comité de soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, enlevés fin décembre 2009 alors qu’ils travaillaient pour le magazine Pièces à convictions.

«A cette occasion, mes pensées vont naturellement vers tous nos compatriotes retenus en otage à l'étranger», a ajouté M. Accoyer, en rappelant que «cela fait aujourd'hui 400 jours qu'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, journalistes à France 3 et leurs accompagnateurs, ont été enlevés en Afghanistan».

A 14h00, une heure avant le début de la séance de questions au gouvernement, des collègues et amis de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière s’étaient rassemblés devant l'Assemblée nationale pour marquer les 400 jours de détention des deux journalistes de France 3 otages en Afghanistan (photo).

Né le 5 février 1963, Hervé Ghesquière passera selon toute vraisemblance samedi son quarante-huitième anniversaire en détention en Afghanistan avec ses compagnons d’infortune.

Vendredi dernier, à Paris, les portraits géants des deux journalistes étaient installés place de la République. Hervé et Stéphane avaient aussi reçu le soutien du Fipa samedi à Biarritz.

F. A., photo: Romuald Rat/France3

Le blogue du comité de soutien

Hervé et Stéphane sur le site de France3

Transports : un fort «sentiment d’insécurité»

Une enquête réalisée du 11 au 15 janvier par l’Ifop pour France-Soir, auprès de 980 Franciliens majeurs représentatifs de la population, indique que le «sentiment d’insécurité» dans les transports en commun a progressé de 24% en treize ans, l’année 1997 étant pour l’Ifop la date de référence d’une étude similaire.

Cette étude de l’Ifop pour France-Soir révèle que 60% des Franciliens interrogés déclarent se sentir souvent (15%) ou parfois (45%) en insécurité dans les transports en commun, un chiffre en forte hausse par rapport à 1997 (36% à l’époque). A l’inverse, 36% des personnes interrogées ne se sentent que rarement ou jamais en insécurité dans les transports en commun d’Ile-de-France. Dans le détail, les femmes (66%), les jeunes de moins de 35 ans (65%) et les habitants de la Grande couronne (63%) sont ceux qui ressentent l’insécurité le plus fréquemment.
En dehors des agressions physiques, les injures et les insultes contribuent principalement à créer du «sentiment d’insécurité» dans les transports (52%, +5 points par rapport à 1997), devant les vols (50%, +11 points) et les menaces verbales (38%, -1 point).

«La hausse sensible du sentiment d’insécurité dans la transports constatée par rapport à 1997 (+24 points) s’explique donc assez fortement par la multiplication des vols, notamment de téléphones, largement médiatisée ces derniers mois», explique l’Ifop.

Dans l’ordre décroissant, les lieux où le sentiment d’insécurité est le plus fort restent les quartiers sensibles (66%) et les transports en commun (58%). Viennent ensuite les domiciles ou quartiers de résidence (21%), les centres commerciaux (13%) et les lieux proches du travail (6%). Les personnes questionnées pouvant donner plusieurs réponses, les chiffres sont assez élevés —mais comparables à ceux de fin 97— et supérieurs à 100 au total.

La même enquête Ifop avait été réalisée en 1997 sur l’ensemble des départements d’Ile-de-France pour le compte du Parisien, rappelle France-Soir ce matin, en décryptant les quinze pages de résultats que l’ifop lui a fournis le 24 janvier dernier. En lisant attentivement les résultats détaillés sur le site de l’Ifop (par exemple le folio N°4), on constate que les personnes interrogées en novembre 1997 avaient au moins quinze ans, contre dix-huit ans en janvier 2011.

F. A., photo d’archives

A lire sur France-Soir du 31 janvier : Transport: Injures, insultes, ça suffit ! par Dominique de Montvalon

France 24 cesse de couvrir le Congrès du FN

«FRANCE 24 a décidé de ne plus couvrir le Congrès de Tours après l'agression de l'un de ses journalistes, samedi soir, par le service d'ordre du parti d'extrême-droite», avertit le site Internet de la chaîne dans un bandeau URGENT en page d’accueil visible à 12h00, heure de Paris. Minute et Rivarol n'ont pas eu d'accréditation. M6 s'est vu refuser l'entrée.

Interrogé sur la chaîne d’informations en continu du Groupe Canal iTélé, Mickaël Szames, journaliste à France 24, a indiqué ce dimanche avoir été frappé par des membres du service d'ordre du Front national (FN) samedi soir pour s'être trouvé à la soirée de gala du parti, soirée fermée à la presse.

Alain Vizier, directeur de la communication du FN, conteste cette version, et indique que le journaliste a simplement été «mis dehors» parce qu'il «n'avait pas à se trouver là».

Mickaël Szames a dit avoir pu pénétrer sans problème dans l'enceinte du Palais des Congrès de Tours, où le FN tient ce week-end son XIVe congrès (et où se déroulait la soirée), et discuter avec Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen. C'est après avoir pris des photos avec son téléphone portable qu'il aurait été «empoigné» par des membres du services d'ordre, qui l’auraient «violenté», avec des «clés au bras», «insulté», «pris [sa] carte de presse» et «violemment jeté dehors».

Les forces  de l'ordre ont déclaré ne rien pouvoir faire face au service d'ordre du FN «qui règne en maître ici», selon une dépêche publiée sur le site de la chaîne internationale.

Le journaliste de France24 a indiqué avoir porté plainte dans la nuit. Le FN a menacé de porter plainte contre le journaliste et la chaîne qui rapportait les faits.

Le site Internet programme-tv.net, qui relayait ce matin cette histoire, indiquait aussi que Azzedine Ahmed-Chaouch, de M6, s'était vu interdire l'entrée au Congrès, malgré son accréditation… sans doute du fait qu'il avait publié un ouvrage sur Jean-Marie Le Pen.

Par ailleurs, les hebdomadaires Minute et Rivarol étaient aussi interdits d'entrée (lire ici). Le site Internet de Minute publie, sous le titre «L'oukaze contre Minute», une brève espérant qu'on «cessera de présenter le journal comme “proche du FN” (humour)».

France 24 juge l’agression dont a été victime son représentant à Tours suffisamment sérieuse pour publier également un urgent sur le même sujet dans sa version anglaise (cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Néanmoins, la page en arabe annonçait ce midi à la même heure une autre information: la condamnation à mort d’un Egyptien musulman pour une attaque meurtrière contre des Egyptiens coptes (cliquer sur l'image pour l'agrandir).

F. A., ill.: captures d'écran sites de France 24. Merci à @unemarocaine pour la traduction

Ouattara et Delon au Grand Journal

Comme annoncé hier par Baudelaire Mieu (lire ici), Alassane Ouattara passera ce soir au Grand Journal de Canal +, à partir de 19h05.

C’est sur son compte twitter de campagne électorale que l’on a pu lire ce jeudi midi que «le Président Alassane Ouattara» serait ce soir l’invité de Michel Denisot.

L’ancien président de LB Châteauroux est rentré de Côte d’Ivoire, où il s’est entretenu avec Laurent Gbagbo, le président élu en octobre 2000. La discussion, d’une durée de 21 minutes, est à visionner sur Ménilmontant Solidarités.

En Côte d'Ivoire, où des Casques bleus ont été victimes d'une embuscade, la situation semble encore pour le moins tendue, et le secrétaire général de l’ONU a adressé un avertissement à Laurent Gbagbo. Ce dernier a annoncé mercredi un couvre-feu de trois nuits dans deux quartiers d'Abidjan, et –toujours par son compte twitter-  indique à la France «qu’on tire sur des jeunes en Tunisie».

A Paris, en deuxième partie d’émission, après Les Guignols, Michel Denisot recevra Alain Delon (et sa fille Anouchka) pour Une Journée ordinaire, qui démarre le 21 janvier aux Bouffes Parisiens.

F. A., ill.: copie d'écran du compte twitter de campagne de Alassane Ouattara

Le statut du parquet doit changer

A l'occasion de l'audience solennelle de rentrée de la Cour d'appel de Paris, mardi 11 janvier, le premier président Jacques Degrandi et le procureur général François Falletti se sont tous deux prononcés pour une réforme des conditions de nomination des magistrats du parquet. Vendredi dernier, le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, à l'occasion de sa dernière rentrée avant la retraite, avait —cerise sur le gâteau— sermonné ceux qui «dénigrent» les décisions des magistrats…

MM. Degrandi et Falletti sont tous deux en poste depuis le premier semestre 2010. Bien que nommé en janvier, François Falletti a pris ses fonctions en mars 2010 sur fond de grogne sociale, et avait à l'époque déploré la présentation «souvent caricaturale» de l'action des magistrats du parquet taxés de soumission au pouvoir politique. Sa nomination avait posé un problème d'ordre juridique. Jacques Degrandi s'est pour sa part  installé en mai 2010.
A l'audience solennelle de mardi, le procureur général François Falletti a défendu «le rattachement du ministère public à l'autorité judiciaire», ajoutant: «Sans doute faut-il à présent compléter l'édifice, et en venir à un avis conforme pour la nomination des magistrats du parquet, à l'instar de ce qui se passe pour les magistrats du siège».

En conformité avec le droit européen

Pour sa part, le premier président Jacques Degrandi a prôné «la nécessité de prévenir la scission du corps judiciaire, vers laquelle nous engage la cour européenne» [des droits de l'Homme]. En novembre dernier, un arrêt de la CEDH avait estimé que le parquet n'est pas une autorité judiciaire indépendante.
Pour M. Degrandi, «Le développement de l'espace judiciaire européen doit en conséquence (…) nous conduire à revoir sans délai le statut du ministère public, en subordonnant la nomination des procureurs généraux et des procureurs de la République à l'avis conforme du Conseil Supérieur de la Magistrature». Un avis conforme qui aurait valeur de contrainte, alors que présentement les nominations ne font l'objet que d'un avis dit “simple” que la Chancellerie n'est pas tenue de suivre.
Selon Jacques Degrandi, «les mises en causes excessives des décisions juridictionnelles conduiraient à alimenter la défiance envers la justice et ceux qui la rendent».

Service: Nadal
Comme pour répondre aux propos tenus vendredi dernier par le procureur général près la Cour de cassation, M. Degrandi a averti: «Il nous faut prendre garde à l'affaiblissement de l'indépendance du juge résultant d'une désacralisation excessive de la décision de justice».
Vendredi, lors de la rentrée solennelle de la Cour de cassation, M. Jean-Louis Nadal, en poste depuis octobre 2004 et sur le point de prendre sa retraite, avait fustigé «une forme de mépris pour la justice» affiché par ceux qui «dénigrent» les décisions des magistrats. Une allusion directe au ministre de l'Intérieur, dont les propos avaient été jugés très sévèrement par le Syndicat de la Magistrature.
Dans un discours de sept feuillets (à lire ici sans retenue), Jean-Louis Nadal avait annoncé la réforme inéluctable du parquet.
Fabien Abitbol

Laurent Gbagbo invité de Canal+ lundi, ou l'inverse

Michel Denisot, animateur du Grand Journal sur Canal+, se rendra dimanche en Côte d’Ivoire à l’invitation de Laurent Gbagbo, indique le site de Télé 2 semaines. Cette navette intervient une semaine après la reprise quasi-normale des programmes…

L’émission doit être diffusée lundi soir à 19h en clair. «Le journaliste présentateur du Grand Journal de Canal+ a accepté l'invitation de Laurent Gbagbo à venir l'interroger dans son palais présidentiel», précise Télé 2 semaines. On comprend ainsi mieux qui invite qui.

Après avoir instauré un couvre-feu, dont il avait annoncé la prolongation sur Twitter, le président élu en octobre 2000 pour cinq ans a obtenu du conseil constitutionnel l’invalidation des résultats dans les régions du nord du pays. Il s'est alors maintenu au pouvoir avec 51% des voix, alors que le résultat des urnes donnait son rival Alassane Ouattara vainqueur par 54%, selon le président de la commission électorale. Depuis, le pays est doté de deux présidents, l’un élu et reconnu par diverses instances internationales, l’autre restant au palais présidentiel.

Le 27 décembre, après que Alassane Ouattara a décidé de relever de leurs fonctions 25 ambassadeurs, dont celui en poste à Paris, des partisans à lui ont pris l’ambassade durant quelques heures. Depuis, la police française empêche le travail des fonctionnaires et les déplacements des usagers.

A Strasbourg, des manifestants pro-Gbagbo ont demandé samedi la reconnaissance de leur candidat par la communauté internationale.

Du 2 au 31 décembre, le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA, instance ivoirienne de régulation des médias audiovisuels) avait interdit les télévisions internationales, dont RFI et la BBC, pour les radios, et TF1, France 2, Euronews, LCI et I-Télé, en matière de télévisions. Selon ce qu’indiquait L’Expression du 29 décembre, France 24, Africa 24 et TV5 n’étaient pas visées par l’autorisation d’émettre intervenue en fin de mois.

Il était cependant possible ce week-end de regarder France24 en Côte d’ivoire par le biais d’un autre satellite que celui de Canal (voir ici l’offre pour l’Afrique subsaharienne).

La navette (avec un “n”) de Michel Denisot une semaine après le retour de l’autorisation d’émettre prêterait à sourire, en d’autres circonstances. «Sentant sa chute très proche, Laurent Gbagbo a décidé de communiquer à outrance pour se présenter comme un martyr aux yeux de la communauté internationale», écrivait L’Expression le 29 décembre 2010 au sujet de la reprise des programmes. Reste à voir si Laurent Gbagbo aura à cœur de s'exprimer sur la disparition de notre voisin le journaliste Guy-André Kieffer pour lequel son épouse et plusieurs autres personnes jugées ”indésirables”  en Europe sont régulièrement cités (dossier ici). Lundi, nous serons sans nouvelles de GAK depuis 2460 jours.

Fabien Abitbol, illustration: le logo d'une nouvelle émission, lancée par le groupe Canal fin 2010 sur l'Afrique

BD : L’Immanquable arrive

Les Dossiers de la Bande dessinée [dBD, Frédéric Bosser] lancent le 21 janvier en kiosques L’Immanquable, un nouveau mensuel dédié à la prépublication de planches de BD en exclusivité, annonce l’agence Sofab.

Il ne devrait pas y avoir de critiques ni d’analyses dans L’Immanquable, mais un maximum de lecture en avant-première. Les bandes dessinées devraient y être publiées en intégralité, sur deux à quatre numéros selon leur pagination.

L’équipe annonce dans chaque numéro:

• une interview de six à huit pages, où un auteur invité livre ses souvenirs de ses premiers pas dans le métier, présente son dernier album et ses projets;
• l’interview d’une personnalité extérieure au monde de la bande dessinée pour un «examen de passage»;
• l’annonce des albums indispensables à paraître;
• en fonction de l’actualité, la visite d’un atelier d’artiste.

L’IMMANQUABLE : Premier numéro le 21 janvier 2011
Périodicité : mensuel (11 sorties par an) - Prix : 6,5 €
Pagination : 144 pages - Diffusion : France, Belgique, Suisse

Brice Hortefeux grand gagnant du Prix Scorbut 2010

L’association Scorbut a décerné ses prix 2010, et le grand gagnant est Brice Hortefeux, qui remporte la Golden Carotte pour l’ensemble de son œuvre (cliquer ici puis sur l’illustration pour la voir en grand format).

Créée en mai 1998 et soutenue par Manu Chao, Scorbut, regroupe des caricaturistes comme Cabu, Delambre, Kerleroux, Pétillon ou Wozniak et publie chaque semaine des dessins d’actualité.

Le premier prix Scorbut (Golden Carotte) a été décerné au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux pour l'ensemble de son œuvre, notamment pour «avoir voulu bouter les Roms et les routes inclinées hors de Gaule», tout en instituant «les fichiers d'“empreintes génitales”» et en étant «le ministre de l’Intérieur le plus condamné».

La Carotte d'argent revient à Eric Woerth pour «avoir brillé sur tous les fronts», dont «la réforme des retraites, l'affaire Bettencourt, l'hippodrome de Compiègne».

C’est Jérôme Kerviel qui gagne la Carotte de bronze pour «avoir porté la culotte la plus chère de l'histoire de la finance».

The carotte ou “carotte par définition“, revient à François-Marie Banier, «lequel s'est fait carotter la moitié du milliard qu'il avait réussi à soutirer à Liliane Bettencourt».

Jean-Louis Borloo, a obtenu “le jus de carotte” pour avoir dû «se contenter d'un radis (bio) après avoir vu miroiter de très près la carotte de Matignon».

La Carotte médiatique revient aux mineurs chiliens.

«Les grands vainqueurs du Prix Scorbut 2010 sont invités à venir retirer leurs carottes lors de l’inauguration de l’exposition Scorbut organisée à partir du 8 mars par la galerie L’Oeil ouvert, 74, rue François Miron 75004 Paris - métro Saint Paul», précise le site Internet de l’association.

Faux vœux de Sarkozy : censure à géométrie variable

Une vidéo montée par le Parti communiste français (PCF) et montant des faux vœux présidentiels a été retirée de la plateforme Dailymotion, a indiqué ce mardi 28 décembre le PCF. Elle est pour l’instant visible entre autres sur Youtube (ci-dessous, durée 3 min. 27).

Soupçonné de «censure» par le PCF, le site de partage Dailymotion, qui doit retransmettre en direct les vrais vœux du président Sarkozy le 31 décembre au soir, a expliqué qu'il s'agissait d'une question de droits. Un argument un peu étrange, car en décembre 2008 Dailymotion avait hébergé les faux vœux présidentiels, cette fois du PUM (Parti unique de la majorité). Or ces vœux sont toujours en ligne deux ans et  deux jours plus tard sur Sortir de la crise.

La censure de Dailymotion n’est donc a priori qu’à l’endroit du message véhiculé par la vidéo du PCF. Message pourtant à l’esprit plutôt potache, qui rend Nicolas Sarkozy «conscient de (son) incompétence» et lui fait promettre qu’il ne dira plus «casse-toi pauv’con».

«Je pense à vous, sans papiers et Roms, obligés de vous cacher de la police, je pense à vous smicards précaires, chômeurs, je pense aussi à vous, journalistes, dont je connais bien le quotidien pour vous mettre sous écoute tout au long de l'année», déclare aussi la voix imitée du président, qui présente des «excuses» et promet la retraite à 60 ans, le Smic à 1600€ nets.

En octobre 2009, le FSI (Fonds stratégique d’investissement) est entré au capital de Dailymotion (communiqué à télécharger ici). Le FSI est détenu à 51% par la Caisse des dépôts et à 49% par l’Etat.

Mise à jour le 29/12 à 10h30:

La vidéo a finalement été mise en ligne sur Dailymotion le 28 au soir.

Un commentaire fait remarquer que les vœux  présidentiels ne sont pas en direct. Il est vrai que cette tradition s'est perdue.