A en croire le site du FBI, le criminel n°456 n’était pas recherché pour les attentats du 11 septembre 2001 contre les deux tours du World Trade Center (WTC). Cela n'empêche pas les médias (et l'Elysée) de les lui attribuer…
«Usama Bin Laden is wanted in connection with the August 7, 1998, bombings of the United States Embassies in Dar es Salaam, Tanzania, and Nairobi, Kenya. These attacks killed over 200 people. In addition, Bin Laden is a suspect in other terrorist attacks throughout the world», indique la fiche de recherche de celui annoncé pour mort par le président Obama la nuit dernière.
Aucun mot sur une quelconque ville américaine. Pas un mot sur les milliers de morts du World Trade Center des attentats du 11 septembre 2001 ni sur les six morts de l'attentat du 26 février 1993, au même endroit.
Pourtant, parmi les principaux attentats attribués à Al-Qaïda, les médias donnent ceux du 26 février 1993 et ceux du 11 septembre 2001, tous deux perpétrés en territoire américain, à New York, tous deux contre le WTC.
L’Elysée aussi considère Oussama ben Laden comme le «principal responsable des attentats du 11 septembre 2001» dans le communiqué diffusé ce matin et dit que «Pour ces victimes, justice est faite». La présidence française reprend ainsi les mots de la Maison-Blanche.
C’est non seulement aller à l’encontre des dires de la police américaine, a priori la plus concernée par ce qui se passe sur le sol américain, mais c’est aussi faire montre d’une étrange conception de la notion de la justice, le jour où s’ouvrent en France le troisième procès de Yvan Colonna et le deuxième de Dominique de Villepin.
Notons au passage, pour l’anecdote que, à la veille de la Fête nationale de 2006, les médias américains avaient annoncé la dissolution de la cellule de la CIA chargée de traquer Oussama ben Laden. Créée en 2000, cette unité comptait dit-on une centaine d’hommes (officiellement deux douzaines).
Depuis son siège lyonnais, Interpol félicite les forces spéciales américaines, mais appelle à «une vigilance accrue» car la mort annoncée de ben Laden ne signifie aucunement l’arrêt des attaques terroristes dans le monde.
«Je demande donc au réseau international des Bureaux centraux nationaux d'INTERPOL et aux services répressifs dans chacun de nos 188 pays membres d'être en alerte maximale en cas d'actes de représailles d'Al-Qaïda», souligne le chef d'Interpol.
Des tests ADN sont en cours, signale une dépêche Reuters, pour identifier la dépouille annoncée par le président Obama comme étant celle de l’ennemi public n°1 du «Bien contre le Mal», comme disait son prédécesseur George W. Bush.
Demain mardi, à l’occasion d’un déplacement à l’aéroport d’Orly, le président Sarkozy devrait s’exprimer sur la lutte contre le terrorisme.
Pour le ministre de la Défense Gérard Longuet, interrogé ce matin sur RTL, la mort de ben Laden peut jouer «positivement» sur le sort de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, les deux journalistes français retenus en Afghanistan depuis fin décembre 2009, pour qui une expo de dessins d’enfants a été lancée le 28 avril au Press Club de France (PDF à télécharger ici).
Fabien Abitbol, ill.: capture d’écran du site du FBI, avec les dix personnes les plus recherchées au monde, et le détail de la fiche de ben Laden - Cliquer pour agrandir
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